La saga d’un destin – 5

Face au miroir de l’histoire …

Le sac d’ Anne-Aymone

« Quand j’ai envie de regarder ce que sont la dignité et la qualité françaises, il me suffit de regarder Anne-Aymone ». Une phrase lâchée par Giscard en novembre 1979, en réponse à une question sur l’affaire des diamants, elle a valu à son épouse le surnom « canardesque » de « Madame DQ » pour « dignité » et « qualité »

En juin 1980, Anne-Aymone accompagne son époux au sommet du G7, à Venise.

Pendant que Valéry est en réunion, la première dame pousse la porte d’une maroquinerie de luxe. D’un ton sans réplique, elle demande aux vendeurs le remboursement d’un sac à main qui, argue-t-elle, ne lui convient pas. Et qu’importe si cet article lui a été offert par le président italien à titre de cadeau protocolaire !

Ébahis par cette démarche d’une dignité et d’une qualité exquises, les vendeurs finissent par proposer un échange.

Las ! rien, dans la boutique, ne convient à Anne-Aymone. Faute de mieux, elle repartira avec un avoir de la valeur du sac.

Mis au parfum, « Le Canard » racontera, peu après, l’affaire à ses lecteurs et rachètera le sac à main comme pièce à conviction.


Vive la race limousine !

Voici comment l’Ex Président VGE, en 2017, parlait d’Édouard Balladur dans « Giscard, de vous, à moi », un documentaire à sa gloire, rediffusé le 6 décembre sur France 5 : « Qui pouvait être le meilleur président entre Balladur et Chirac (en 1995), c’était assez difficile à évaluer. Balladur était d’origine orientale; enfin, du Moyen-Orient, avec une culture complexe, souvent des propositions assez originales dont on approuvait les unes, désapprouvait les autres, donc, ça avait un côté incertain. Je me suis dit, Chirac, c’est la France du centre, le Limousin, il nous dirigera à peu près en accord avec la culture, les habitudes, le mode de vie français. C’est donc à cause de son origine limousine et de son imprégnation de la culture française que j’ai voté pour Chirac. »

L’« incertain » Balladur, né à Izmir, en Turquie, dans une famille d’origine arménienne, et naturalisé français à 3 ans, n’était donc pas assez français pour Giscard. Au contraire du Parisien Chirac, qui, en 1981, l’avait trahi avec un talent certain.

Giscard, en 1991, avait parlé de « risque d’invasion » à propos de l’immigration, et proposé de substituer le « droit du sang » au droit du sol dans les critères d’accession à la nationalité française. Le pauvre Balladur aurait ainsi été carrément privé du droit de se présenter à la présidentielle.


Giscard et les enterrements, c’est d’un mortel…

Le Président qui se flattait de s’inviter chez les Français (et avait reçu les éboueurs à l’Elysée) ne s’est pas donné la peine de se rendre aux obsèques de son ministre du Travail, Robert Boulin, découvert mort le 30 octobre 1979 dans un étang de Rambouillet. VGE, ce jour-là, était pris par une partie de chasse sur ses terres d’ Authon…

Trois ans plus tôt, le même n’avait pas non plus trouvé le temps de s’incliner devant la dépouille du député Jean de Broglie, figure importante du parti présidentiel, ex-ministre et affairiste, abattu de trois balles pour des motifs jamais élucidés.

En 1971, alors ministre des Finances, Giscard avait également séché la cérémonie funéraire d’une autre figure historique de la Giscardie, le député-maire de Metz Raymond Mondon. Ce jour-là, Giscard avait, sur son agenda, une chasse à l’éléphant et à l’éland de Derby chez son cher « parent » Bokassa…


« La Chasse » et Giscard

Le récit de la scène a fait rigoler des générations de diplomates français en poste en Roumanie : en 1971, VGE, alors ministre des finances, est convié par le dictateur Ceausescu à chasser l’ours dans les Carpates.

Pour être bien certain que leurs invités soient satisfaits de son tableau de chasse, les autorités ont eu une riche idée.

Un ours de belle taille a été choisi dans le zoo du pays. L’animal a été embarqué dans la soute de l’avion qui emmène Giscard de Bucarest à Brasov.

Le lendemain, l’ours, encore sonné par le voyage, est, à l’insu de Giscard, relâché dans la nature.

Il n’a pas le temps d’aller loin dans la neige. Il est aussitôt dégommé par Valéry fine gâchette qui ne se doute pas un instant de la supercherie.

Chasseur sur les cinq continents, qualifié de « viandard » par les gardes-chasse, Giscard joue surtout le but fusil en Afrique.

Particulièrement chez son bon ami Bokassa, mais aussi au Sénégal, au Rwanda et en Guinée.

D’après le décompte d’expert l’ami des bêtes aurait ainsi dégommé une bonne cinquantaine d’éléphants (presque) sans défense…


Article non signé. Le Canard enchaîné. 09/12/2020

3 réflexions sur “La saga d’un destin – 5

  1. bernarddominik 20/12/2020 / 19h35

    Giscard une honte pour la France

  2. bernarddominik 21/12/2020 / 10h42

    Il y a t il un président honnête ? Miterrand avec les écoutes illégales, l’affaire des irlandais de Vincennes n’est pas clair lui non plus. Il manque un cour suprême capable de destituer un président qui a lourdement fauté, il manque un vrai conseil constitutionnel capable de dire non aux dérives royalistes du pouvoir, il y a plein de lois corporatistes contraire à. L’égalité devant la loi et les impôts

  3. jjbey 21/12/2020 / 18h19

    Un système malhonnête dirigé par des gens honnêtes? Je doute fort de l’honnêteté des gens qui, en connaissance de cause, vont prendre la responsabilité de se mettre aux manettes sans volonté de réformer la machine. Légalité et honnêteté ? joli thème du bac, le débat est ouvert mais des millions d’abstentionnistes ont donné leur point de vue sur ce sujet……………….

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