Un clown so British, téléguidé.

Les Européens ne mesurent pas bien les conséquences du Brexit, résultat des législatives du 12 décembre 2019 qui a mis en selle, Boris Johnson.

Celui que les médias (en général) ont surnommé « Bojo le clown » est devenu premier ministre. Dans la foulée la chambre des communes a ratifié le 31 janvier 2020, le traité de retrait de l’union européenne [négociée ???] par Johnson.

C’est à Johnson, ce politicien imprévisible, connu pour ses frasques et ses écarts de langage, que revient maintenant au 31 décembre 2020, la tâche de sortir de l’union.

Dessin de Kiro – Le Canard enchainé

Les commentateurs ont noté la transformation de « Bojo le clown » par le magicien et nouveau conseiller ; Dominic Cummings, l’artisan (dans l’ombre) stratège de la campagne de Boris Johnson pour amener au Brexit.

Aujourd’hui « Cummings semble diriger le pays à la place de Boris Johnson » s’indigne Dominique Grieve l’un des ex-conservateurs et de poursuivre « nous avons déjà eu des chefs de gouvernement qui était très proche de leurs conseillers, mais jamais des personnes qui semblent autant contrôler le travail des ministres ».

Et Tim Bale, professeur de sciences politiques à l’université Queen Mary de Londres, dit de Cummings qu’ « il se comporte comme un vice-premier ministre. C’est comme si le Royaume-Uni était gouverné par quelqu’un qui n’a pas été élu ».

De Dominic Cummings, l’ensemble des médias disent , qu’il serait un Léonard de Vinci moderne, un autodidacte foutraque qui avale des données à la vitesse d’un algorithme glouton.

Cummings est le représentant d’une nouvelle génération de stratège politique qui combine les pouvoirs de la littérature et de l’algorithme et sont capables de synchroniser les images romanesques et les mathématiques théoriques.

Le projet de Cummings vise à systématiser dans la décision politique l’usage du « data mining » (l’exploration des données) et de tout ce que l’on place sous le signe de l’intelligence artificielle.

Derrière ce projet d’auto gouvernance des algorithmes, il y a l’utopie d’une disparition de l’État et d’une dépolitisation radicale de la société.

Les modèles de prédiction algorithmique capable de s’autoréguler et de se corriger par des mécanismes de rétroaction se substituerait à la délibération démocratique.

Pour être simple Dominic Cummings , entend mettre en place ce que la philosophe du droit Antoinette Rouvroy appelle : « la gouvermentalité algorithmique », soit « l’hypothèse d’un gouvernement du monde social fondé sur le traitement algorithmique (automatique) des données plutôt que sur la politique, le droit des normes sociales dans une multitude de secteurs d’activité et de gouvernement »


Ce type de gouvernance a été utilisé lors du scandale dénoncé sous le nom « Cambridge Analytica ». Un scandale permis-lié ou orchestré par Facebook qui a fait gagner la première campagne du Brexit.

Mais ce type de gouvernance n’a-t-il pas déjà été utilisé dans d’autres élections, dans d’autres états ?


Article écrit d’après le Christian Salmon : « La tyrannie des bouffons ». Édition : Les Liens qui Libèrent (L.L.L.). 220 pages, 16 €.

4 réflexions sur “Un clown so British, téléguidé.

  1. bernarddominik 25/11/2020 / 13h19

    Cummings a été viré. Mais il faut arrêter de donner un pouvoir magique aux algorithmes, un algorithme c’est un programme, c’est à dire une suite de tests et d’actions qui en découlent dont le but est un résultat décisionnel ou non. Ce peut-être une aide à la décision, mais un algorithme ne prendra jamais en compte ce qui ne se mesure pas. On voit tout les jours les limites des algorithmes avec la météo, ici, en basse Provence, météo France se trompe une fois sur deux. La majorité des algorithmes sont non décisionnels, ils guident des machines-outils, une imprimante, la gravure d’un DVD, un appareil photo.. les algorithmes décisionnels interviennent sur les marchés financiers, et comme ils sont prévisibles, cela entraîne de temps en temps un crack boursier. Boris Johnson n’a pas d’état d’âme, il est ni pour ni contre le Brexit, il veut le pouvoir. Et personne n’est en mesure de prévoir les conséquences du Brexit car l’UE est autant indécise que Bojo, aucun pays de l’UE n’ayant les mêmes intérêts. D’ailleurs l’UE va continuer à faire payer à ses membres les retraites et les salaires de ses fonctionnaires anglais, qui sont de plus les plus nombreux.

    • Libres jugements 25/11/2020 / 14h38

      Bernard, le livre dont je cite des passages, ne fait que mettre en lumière un certain nombre de pratiques qui existent : l’utilisation des algorithmes de plus en plus souvent pour diverses raisons plus ou moins obscures les trois quarts du temps du temps.
      La mise en lumière de Cambridge Analytica ce scandale assez peu divulgué dans les médias est un des exemples concrets et nul ne peut prétendre au complotisme dans ce cas avéré.
      On voudra bien noter la façon dont les informations nous sont fournies par les médias faits de graphiques plus ou moins obscur, de pourcentage sans donner d’équivalence matérielle ni de permettre aux uns et aux autres de vérifier l’exactitude des annonces est un désastre particulier envers la clarté de la démocratie… si on peut encore prétendre être dans une démocratie.
      Loin de moi l’idée d’être pessimiste, juste de regarder la réalité en face.
      Très amicalement
      Michel

  2. tatchou92 25/11/2020 / 15h07

    Merci les Amis, cette histoire de Brexit plante à l’UE et à la République d’Irlande, une sacrée épine dans le pied.. à quelques semaines de l’échéance. On voit également par ailleurs ce qui se passe, lorsque 2 pays des 27 refusent d’adopter le plan d’aide de L’UE.. Bon courage aux Résidents Français de GB, dont de très nombreux étudiants..

  3. jjbey 25/11/2020 / 19h02

    Un algorithme n’est qu’une suite d’instructions écrites par un informaticien pour gérer l’information, la transformer au travers d’un programme qui ne sera jamais qu’une création humaine donc soumise à l’alea. S’abriter derrière les défaillances de l’informatique en accusant l’outil revient au même comportement que celui qui consiste à accuser le marteau d’avoir été maladroit en s’abatant sur son doigt.

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