La solidarité est une option que l’on prend… ou pas !

Dixit Viggo Mortensen … Il est un de ces curieux personnage, polyglotte, cinéaste, musicien, poète, photographe, peintre… qu’il est possible de rencontrer dans la vie, qui plus est, une personne ouverte à dispenser tout azimut, l’esprit de solidarité, une option de vie rare dans ce monde individualiste.  Qui est Viggo Mortensen ? Interview.

  • A quoi ressemblait votre enfance?

Viggo Mortensen : C’était une enfance nomade puisque je suis né aux États-Unis, j’ai grandi en Argentine jusqu’à l’âge de 11 ans, puis mes parents se sont installés près de la frontière québécoise où j’ai commencé à apprendre le français. Il y a eu ensuite un départ pour la Nouvelle-Zélande, puis un retour au Danemark, pays d’origine de mon père. Cela a parfois provoqué un sentiment de déracinement, mais comme j’ai tendance à voir le côté positif des choses, je dirais que c’est une chance d’avoir pu créer des racines à différents endroits. Par ailleurs, j’ai développé une curiosité pour d’autres cultures et une faculté à apprendre les langues, ce qui me permet d’en parler sept aujourd’hui.

  • Quel rapport avez-vous à la famille?

Je suis très proche des miens. La famille symbolise un lien avec le passé. Même si la mémoire est quelque chose de subjectif, car on a tous des souvenirs différents d’un même événement, je partage avec mes frères, mon fils ou ma compagne une histoire commune.

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  • La solidarité familiale est-elle un devoir?

Non, c’est une envie. Une option que l’on décide de prendre… ou pas. […] Couper tout contact et toute communication avec un proche empêche d’avancer. En revanche, si l’on essaie de trouver un point de convergence, on peut développer pour lui une forme d’empathie et de compréhension. Il en va de même dans la société : participer au débat et s’exprimer en votant permet de se sentir moins seul.

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  • Quel rapport entretenez-vous avec le temps qui passe?

J’ai une vision fataliste de cela. Dès l’enfance, j’ai pris conscience que l’on mourrait tous comme les chats, les chevaux ou les vieux. Sachant que la vie est courte, j’ai toujours envie de bien utiliser le temps en accomplissant le plus de choses possible.

  • C’est réussi! Vous êtes cinéaste, musicien, poète, photographe, peintre… Y a-t-il un art qui vous résiste?

Non, car ils sont tous motivés par le désir, voire la nécessité, d’explorer et d’interpréter ce qui se passe autour de moi, mais aussi de communiquer sur ce que je ressens et pense. Cela va bien au-delà des arts majeurs: une conversation comme la nôtre est une activité artistique, car nous nous écoutons, nous réfléchissons à ce que l’autre dit et cela provoque des réactions.  

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  • Tous ceux qui croisent votre route sont séduits par votre gentillesse. Comment gardez-vous les pieds sur terre?

Je peux avoir des mauvais jours, mais en général j’aime aller vers les autres. De plus, mon intérêt pour les langues me permet de communiquer facilement. Or, quand on peut se le permettre, s’adresser dans la langue de son interlocuteur me paraît être une question de respect.


Interview (Extrait) de Clara Géliot – Ed version Fémina/Le Dauphiné Libéré. 01/11/2020