Sonnet de l’oiseau
Pour une sieste … un peu de rêverie onirique …
Madame, je vous donne un oiseau pour étrenne Duquel on ne saurait estimer la valeur. S'il vous vient quelque ennui, maladie ou douleur, Il vous rendra soudain à votre aise et bien saine. Il n'est mal d'estomac, colique ou migraine Qu'il ne puisse guérir, mais sur tout il a l'heur Que contre l'accident de la pâle couleur Il porte avec que soi la drogue souveraine. Une dame le vit dans ma main, l'autre jour Qui me dit que c'était un perroquet d'amour, Et dès lors m'en offrit bon nombre de mon noie. Des autres perroquets il diffère pourtant Car eux fuient la cage, et lui, il l'aime tant Qu'il n'y est jamais mis qu'il n'en pleure de joie.
Véritable coqueluche des salons mondains sous Louis XIV, Isaac de Benserade est aujourd’hui un grand oublié des anthologies de poésie. Son style de poésie nous en apprend énormément sur les goûts de son siècle, surtout avec ce sonnet sur un perroquet particulièrement coquin.