Ah l’habillement

Nous vivons une époque de fausses pudeurs où alors les « problèmes » ne sont pas posés de « bonnes manières ».

Qui sont les fautifs, les parents délaissant l’éducation de leurs progénitures disent certains … la vulgarisation d’une libération sexuelle diffusée par les réseaux sociaux, l’audiovisuelle, les Journaux TV, le cinéma, le langage ordurier des jeunes, les publicités (de plus en plus érotiques), l’accès facile à la pornographie, #Mee-too ; en un mot la société de plus en plus permissive, sans retenue … MC

Vêtements « trop courts », sous-vêtements « trop apparents »… Le corps des femmes, en 2020, reste l’objet de toutes les attentions et, surtout, de toutes les injonctions.

Lundi 14 septembre, Estelle Alquier reçoit un appel du collège Jean-Claude Sescousse à Saint-Vincent-de-Tyrosse, dans les Landes. On la prévient d’un incident avec sa fille Juliette, 13 ans, élève de quatrième. « Elle s’est fait remonter les bretelles car sa tenue n’est pas correcte. »

Quasi littéralement : Juliette avait enfilé un haut rose pastel dont elle avait accordé la couleur des bretelles à celle de son soutien-gorge, visibles donc, mais discrètes. En bas, elle porte un jean taille haute qui cache son nombril.

Après les cours, la mère mesure au mètre ruban l’étendue du problème : « Une bande de 3 centimètres de peau était apparente entre le haut et le jean. » C’est trop, même par plus de 35 degrés. Et les bretelles du débardeur ne sont pas assez larges. Voilà Juliette collée pour non-respect du règlement intérieur.

L’adolescente n’est pas du genre rebelle, à en croire sa mère. Mais elle avait décidé ce matin-là, comme des centaines d’autres collégiennes et lycéennes en France, de délibérément vêtir des tenues désapprouvées par leur établissement.

Une opération de revendication de leur liberté de s’habiller comme elles l’entendent, largement relayée sur les réseaux TikTok et Instagram sous le nom #lundi14septembre.

Quatre jours plus tôt, des lycéennes de Boulogne-sur-Mer avaient été réprimandées parce qu’elles ne portaient pas de soutien-gorge ou que l’on voyait leur nombril. Loin de se laisser démonter, elles reviennent en décolleté, crop top (un haut court) ou minijupe, avec des pancartes « La tenue ne justifie pas le viol » et « Éduquez vos fils ».

Le retentissement est national et instantané : jeunes filles du public comme du privé partagent les remarques déclenchées par leurs vêtements durant leur scolarité. Et décident de braver des règlements qu’elles jugent ineptes.

« Pour la première fois, une génération de jeunes filles a les outils pour penser leur corps sexué tout en aspirant à le vivre tel qu’il est ».  Camille Froidevaux-Metterie, philosophe

« Vulgaire », « provocant », « indécent », ces qualificatifs utilisés par l’encadrement des établissements reviennent en boucle dans les témoignages des élèves. « C’est terrible de n’avoir aucune prise sur le regard que portent les adultes sur vos enfants, déplore Estelle Alquier. On leur met en tête qu’elles sont des objets sexuels. »

Le soir même, elle écrit une longue lettre au directeur du collège de sa fille, relayée par Mediapart. « À leur entrée en sixième, quand elles ne sont encore que des enfants, votre établissement et beaucoup d’autres exigent qu’elles cachent certaines parties de leur corps, sous-entendant qu’elles sont susceptibles d’exciter la gent masculine. […] Ces règles visent plus à stigmatiser la jeune gent féminine qu’à la protéger. »

 […]

Certains responsables scolaires défendent de surcroît que ces « tenues correctes exigées » préparent filles comme garçons aux normes de la vie professionnelle.

« C’est hypocrite, répond Camille Froidevaux-Metterie. Les interdits des filles sont bien plus nombreux que ceux des garçons. Et lorsqu’on leur proscrit casquette ou jogging, on ne leur reproche pas de déranger les filles, on leur fait abandonner les codes des milieux populaires. » L’intellectuelle inscrit cette séquence dans une longue histoire d’injonction à la dissimulation du corps des femmes : « Dans les années 1960, ce sont les jambes qui se libèrent avec le pantalon, mais aussi la minijupe qui les dévoile et qui choque. Il y a quinze ans, c’était le string dépassant des jeans. Peu importe la partie concernée, on fait porter aux femmes la responsabilité de la sexualisation de leur corps. »


[…] Romain Jeanticou. Télérama. Titre original de. « Tenues des lycéennes et des collégiennes : et si on laissait les filles tranquilles ? » Source (Extrait)


5 réflexions sur “Ah l’habillement

  1. christinenovalarue 19/10/2020 / 16h41

    Cachez ce sein que je ne saurais voir…

    • Libres jugements 20/10/2020 / 11h38

      Etonnante réflexion Christine votre part … je ne sais dans quel sens prendre votre commentaire …
      En toute amitié
      Michel

  2. bernarddominik 19/10/2020 / 16h48

    Penser que les règles vestimentaires d’un collège ont pour but de stigmatiser la gent féminine montre que la mère auteur de cette lettre devrait aller voir un psychologue car elle souffre visiblement du délire de la persécution. Je suis partisan de l’uniforme à l’école, ça règle 2 problèmes : la pression sur les marques et la question de la décense. Même si on autorisait les filles à aller à l’école en string il y en aurait toujours pour trouver que ce serait mieux à poil. Cette question sur la décense vestimentaire est oiseuse car personne ne la place au même niveau, elle n’a donc aucune réponse. Dans cette situation le collège est en droit de fixer les limites comme il veut. Ce n’est pas aider ces jeunettes que leur faire croire qu’elles vivent dans un monde sans limites. Mettre en relation tenue et viol n’est pas sans danger, même si le but est justement le contraire.

  3. jjbey 19/10/2020 / 18h27

    La liberté ne se divise pas et le goût (même mauvais à l’appréciation de chacun) ne peut interdire une tenue vestimentaire ou le port de coiffures diverses et variées. Les filles sont victimes de cette dictature plus que les garçons et il leur reste à mesurer l’impact de leur tenue sur le comportement des autres. Pour autant, le regard des autres ne saurait conduire au manque de respect dû à chaque humain.

  4. fanfan la rêveuse 20/10/2020 / 7h35

    Bonjour Michel,
    Cet article me fait rugir !
    Comment une mère peut-elle penser ainsi…
    L’école est un lieu de grande diversité. Si nous partons de ce principe alors pourquoi interdit-on le voile aux jeunes filles musulmanes ? Je vais certainement choquer en prenant cet exemple, mais enfin est-ce pire que de voir une partie du corps d’une jeune fille ?
    Le respect de la laïcité ! Avoir un langage et une tenue correct est primordial ! L’école n’est pas un espace de détente, de vacances… Parents que faites vous ? L’éducation est votre travail…Comment osez-vous réagir contre les professeurs, les directeurs ? Comment voulez-vous alors que vos jeunes respectent les adultes et les règles ?

    Il y a 60 ans l’éducation était trop rigide, mais de nos jours elle est bien trop laxiste…Enfin ceci n’engage que moi.

    Bonne journée Michel

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