Toujours dangereux d’ouvrir une écluse …

Alerte salée sur les fraudes au chômage partiel !

C’est une missive angoissée de 4 pages qu’un agent de l’inspection du travail en­voyée, le 7 septembre 2020, à ses collègues et à sa direction.

Objet de son inquiétude : le robinet largement ouvert par l’Etat aux demandes d’indemnisation pour le chômage partiel accordé à nombre de sociétés, sans exigence de preuves ni vérifications !

Certaines boîtes, en effet, utilisent de faux numéros de Siret, de fausses adresses, ne paient pas de cotisations sociales, voire n’existent pas…

Fantômes indemnisés

En annexe, l’auteur, détaché à l’unité régionale d’appui et de contrôle du travail illégal, joint un tableau de 61 fraudeurs repérés en seulement quinze jours qui ont réussi à détourner près de 2,65 millions d’euros.

Le choix de ces entreprises lui a été inspiré, explique-t-il, après qu’il ait « contrôlé (…) cette société qui a perçu 147.776,69 euros d’activité partielle et dont l’argent est parti en Pologne depuis un compte ouvert sans justificatif de domicile ».

L’inspecteur a cependant réussi à bloquer le paiement pour cinq sociétés demandant des « montants à cinq chiffres » grâce à des contacts à l’URSSAF lui confirmant qu’il s’agissait de fraudeurs.

Car, paradoxe, nos contrôleurs d’élite n’ont pas accès aux déclarations sociales nominatives et doivent compter sur la bonne volonté de leurs collègues de l’URSSAF !

Et l’inspecteur de citer des bavures de son service.

Ainsi ce « mail de blocage » envoyé dans le but de stopper 80.000 euros de paiements pour des sociétés sans salariés et, hélas, « oublié dans la boîte mail » de collègues… ce qui a permis la distribution de l’argent !

Le blues du lanceur d’alertes

Autres extravagances relevées : « Comment expliquer que l’on verse 44.772 euros le 19 août 2020 à une société radiée du greffe le 6 mai 2019 [et] qu’une société immatriculée avec un Kbis le 22 avril 2020 obtienne 362.820,80 euros d’activité partielle pour les mois d’avril à juin 2020 ? »

Conclusion amère : après « 200 blocages (…), je ressens juste une énorme déprime qui refuse de partir. J’alerte la hiérarchie depuis deux semaines » …

Or l’indemnisation, elle, ne faiblit pas. Sur le seul 2 septembre 2020, « il y a eu 393 demandes d’indemnisation ; 96 ont été bloquées pour fraude ou suspicion de fraude, [qui] représentent 1.154 .000 euros ». C’est le tonneau des Danaïdes…

Secrétaire national de la CGT du ministère du Travail, exerçant en Seine-Saint-Denis, Simon Picou, qui figure parmi les destinataires du message confirme au « Canard » « Des demandes chiffrées d’indemnisation de l’activité partielle sont déposées sans K bis de société ou sans la moindre pièce d’identité des dirigeant ou des salariés… »

… Avec de bonnes chances d’être acceptées ! ….


David Fontaine. Le Canard Enchaîné. 16/09/2020


Juste un avis personnel de l’administrateur … n’engageant que …

Bien évidemment il ne saurait y avoir d’égalité de valeur morale et de traitement, Mesdames Messieurs, vous qui hurlés constamment contre ces malandrins de faux chômeurs de pole emploi et ces entreprises ...

Reste un point important concernant le nombre constamment en diminution d’inspecteurs du travail ou détachés de la finance, d’une part, chargé de visiter les entreprises ou leurs dirigeant, et d’autre part, l’ administration se chargeant de déplacer, muter les inspecteurs « trop zélés » à son goût (ou plus directement au goût des responsables dirigeants d’entreprises … rappelons-nous d’un cas récent) . MC

2 réflexions sur “Toujours dangereux d’ouvrir une écluse …

  1. Sigmund Van Roll 16/09/2020 / 22h03

    La république bananière se met en place de manière des plus inquiétantes et chaque jour qui passe

  2. jjbey 17/09/2020 / 8h16

    Sans être tatillon, un minimum devrait être exigé avant de régler des sommes folles à des gens qui n’ont qu’à tendre la sébile pour recevoir notre argent.
    Les malandrins ne risquent pas grand chose, ils sont loin une fois découverts.
    Les chômeurs sont bien plus contrôlés …

Les commentaires sont fermés.