Répression … un mot qui ne devrait pas exister !

La fin de Hongkong libre. La fin de l’opposition en Biélorussie. La fin de la contestation en Russie. De plus en plus, nous regarderons les démocrates comme des espèces en voie d’extinction, et nous sommes aussi impuissants devant la répression qui les frappe à Moscou ou à Minsk que devant la disparition des derniers rhinocéros blancs.

La démocratie, qui était l’idée maîtresse au début du XXe siècle, déclinerait-elle sous nos yeux? Et surtout, quelles actions les grandes démocraties peuvent-elles opposer aux régimes autoritaires qui recourent à la violence sans état d’âme?

Car la violence, c’est difficile à l’admettre, possède le pouvoir maléfique de créer des situations politiques inédites.

  • Une guerre, et la face du monde s’en trouve bouleversée.
  • Une révolution, et un pays change de régime et d’époque.
  • Un attentat, et la liberté d’expression se retrouve muselée.
  • En voyant les démocrates du monde entier se faire arrêter, tabasser, torturer, on se dit que leur courage est celui du condamné à mort devant l’échafaud.

L’écrasement des manifestants de ta place Tian’anmen en 1989, ces forces progressistes qui avaient cru que le régime chinois de l’époque se réformerait, fut un modèle pour toutes tes répressions de ta planète.

En 2020, à l’heure des téléphones portables et des tablettes, une bonne répression à l’ancienne, au lait cru et moulée à la louche, ça marche encore très bien. Ce qui ne l’empêche pas de se moderniser. Elle tire profit des réseaux sociaux pour surveiller les opposants, instrumentalise les médias pour fabriquer une illusion de normalité, à coups de reportages bidon.

La répression semble invincible.

Quand elle est déclenchée, telle une bombe atomique larguée par un bombardier, plus rien ne peut l’arrêter. Il existe pourtant un moment difficile à identifier, où la répression atteint son point de non-retour, celui où elle devient impuissante et ne parvient plus à contrôler qui que ce soit.

En 1989, le dictateur roumain Ceausescu fut balayé en quelques jours, lorsque la foule réunie sous son balcon eut l’audace inimaginable de le siffler. La foule est terrifiante quand elle commence à se mouvoir lentement, tel un Léviathan indestructible, pour devenir incontrôlable, sauf si on lui tire dessus à coups de canon, comme à Caracas en 1989, pendant le Caracazo, où les chars réprimèrent les bidonvilles, comme le furent les faubourgs de Paris au bon vieux temps de la Commune.

La répression n’est pas très inventive. Elle tape, cogne, tire, tue, matraque, torture, exécute, élimine les humains récalcitrants, estropie tes récidivistes et enferme les mauvaises têtes dans les prisons et les stades.

Hassan II envoyait ses opposants dans ta terrible prison de Tazmamart, surnommée l’Alcatraz marocain, où les prisonniers étaient abandonnés pendant des années dans des cellules minuscules qui les empêchaient de se tenir debout.

L’un d’entre eux s’appelait Abraham Serfaty. Il avait passé dix-sept ans dans les geôles du roi marocain qui, pendant ce temps-là, répondait aux questions inoffensives des journalistes lèche-cul de la télévision française.

En 1991, il fut libéré. Un jour, alors que je me baladais dans le quartier de Montparnasse, je croisai ce visage que j’avais vu dans les journaux. C’était lui. Il marchait dans les rues de Paris, à nouveau libre. C’était à peine croyable d’avoir en face de moi un être vivant qui avait passé dix-sept ans de sa vie enfermé dans une cage.

  • On peut donc survivre à l’enfermement?
  • On peut donc retrouver le goût de la vie après tant de tortures et de mauvais traitements?
  • La liberté peut être piétinée, enfermée, empoisonnée, elle ne disparaît jamais. Elle passe devant vous dans la rue sous les traits d’un inconnu qui, dans son pays d’origine, est un héros. Elle s’assoit à côté de vous au bistrot pour la première fois après dix-sept ans d’emprisonnement. Elle vous dit bonjour et vous demande une cigarette. Et sans vous en rendre compte, après l’avoir croisée, c’est désormais à vous qu’il reviendra de la transmettre à d’autres.

Riss – Charlie hebdo 26/08/2020


2 réflexions sur “Répression … un mot qui ne devrait pas exister !

  1. laurent domergue 30/08/2020 / 7h20

    Pour avoir tenté de protéger un camarade handicapé sur un rond point d’un poids lourd agressif en me suspendant à sa calandre , une nuit de garde à vue et 3 mois après 1500 euros de facture ( amende et avocate ) , nous les Prolos on n’a plus les moyens de nos revendications et je suis loin d’être le plus à plaindre …!!!

  2. jjbey 30/08/2020 / 22h56

    Une de nos armes est le bulletin de vote alors il faut convaincre ceux qui le boudent de l’utiliser …………….

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