Macron : L’entretien du 14 juillet 2020.

Crise démocratique profonde 

Le chef de l’État estime : « Je pense que nous vivons une crise démocratique profonde. Nous ne pouvons pas avoir une abstention comme celle que nous avons eue lors des municipales sans nous poser de question. Il y a une espèce de fatalisme et de l’autre côté une colère. C’est à nous d’avoir un État bienveillant, de retrouver ce chemin. »

« Bâtir un pays différent d’ici dix ans »

« Le moment dans lequel nous sommes peut être une opportunité. J’ai un objectif à six mois : réduire les plans sociaux, faire que la rentrée se passe dans de bonnes conditions. J’ai un objectif à 18-24 mois, mais l’objectif nous devons l’avoir pour le pays à dix ans. La France doit être plus forte en apportant des réponses qu’elle n’a pas su apporter par temps calme. Je suis convaincu qu’on peut bâtir un pays différent d’ici dix ans. »

« Un modèle industriel, social et environnemental »

Outre la prime à la conversion et les aides aux rénovations de logements, Emmanuel Macron annonce sa volonté d’investir dans un plan de rénovation des écoles et EHPAD. « Nous pouvons faire des économies massives, avoir nos enfants et nos aînés qui vivent beaucoup mieux, explique-t-il. Il faut également aller vite et fort sur les zones où les émissions sont trop importantes. Il faut créer un modèle qui est industriel, social et environnemental. »

« La protection de l’environnement dans la Constitution »

Emmanuel Macron déclare être favorable à l’inscription de la protection de l’environnement dans la Constitution. Cela devra passer par un référendum, dont l’organisation dépend de l’Assemblée et du Sénat.

« La seule question sur laquelle il peut y avoir un référendum, compte tenu des demandes qui ont été faites par les citoyens est une réforme constitutionnelle, celle de l’article premier qui place l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et aussi le respect de la biodiversité dans notre texte constitutionnel. J’y suis favorable. Je pense que c’est une avancée majeure ». 

« Il y a énormément de propositions, 146 ont été faites par nos concitoyens, et je veux ici souligner l’innovation dont la France a été capable. Aucun pays au monde n’a procédé à une telle convention sur des sujets compliqués. Et moi, j’en ai acquis la conviction après la crise des gilets jaunes (…) : on ne veut pas choisir entre la fin du mois et la fin du monde : « on croit dans la cause écologique, mais simplement vous ne donnez pas de solutions ». Et c’est vrai que ça a souvent été le malentendu dans notre pays. On a, en quelque sorte, stigmatisé une partie de nos concitoyens ».

Pas d’augmentation d’impôts 

Emmanuel Macron exclut pour l’heure toute augmentation d’impôts. « Je pense qu’on ne résout pas une crise comme celle-ci en augmentant les impôts. Les gens ne consomment pas, le pays ne repart pas. »

« Il y a une trajectoire fiscale qui a été décidée, votée par la représentation nationale. C’est celle qui sera tenue. Elle correspond aux engagements que j’avais pris »

« Remettre la réforme des retraites sur la table »

Au sujet de la réforme des retraites, Emmanuel Macron assure : « Je ne m’obstine pas à le faire, là, tout de suite. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de l’abandonner complètement. Car cette réforme est juste, avec une meilleure prise en compte de l’activité de nombreux métiers, ce sont des avancées sociales. Je crois que cette réforme est juste, il faut la remettre sur la table. Il est évident que dans les années qui viennent, il faudra procéder à une réforme des retraites. »

«Je crois que cette réforme est juste. Il faut peut être lui donner un peu plus de temps, mieux la concerter. (…) La retraite, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Dire « on fait comme s’il n’y avait pas problème », c’est dire « je sacrifie le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ». C’est assez de dire « je prends le risque de ne pas pouvoir payer la retraite demain ». Donc, nous devons regarder notre système de retraite en face, comme l’ensemble de ce que nous sommes en train de faire. 

« Exonération de charges »

Pour les jeunes, il y aura également une exonération des charges pendant quelques années, jusqu’à 1,6 fois le SMIC, annonce le chef de l’État. « On va créer un accélérateur sur le service civique et permettre à des jeunes de compléter leur formation, avec un semestre ou une année en plus. »

« La formation et l’apprentissage »

« Nous allons mettre sur la table 30 milliards d’euros pour compléter les salaires ou pour des formations, déclare Emmanuel Macron. Il faut qu’on utilise cette période pour former, permettre aux salariés d’acquérir des compétences, sans être au chômage. » Quant à la jeunesse, en difficulté face à la crise, le chef de l’État explique : « On ne doit pas perdre la bataille de l’apprentissage, c’est une des grandes victoires des trois dernières années. Désormais, on accompagne les entreprises. Quand des entreprises préfèrent prendre des stagiaires plutôt que des contrats professionnels, c’est inadmissible. »

L’emploi

« Le secteur de la culture est toujours en crise, l’événementiel, les hôtels, cafés, restaurants, le bâtiment : beaucoup de secteurs ont été impactés par la crise », déclare Emmanuel Macron. « Nous allons avoir des plans sociaux, et nous allons avoir une augmentation du chômage. Il faut agir pour défendre les emplois existants, soutenir l’activité, soutenir les salariés. Le fameux quoiqu’il en coûte que j’ai prononcé était la première réponse au chômage. Il était légitime pour éviter une casse sociale et économique. »

« Covid 19 et chloroquine »

Si Emmanuel Macron venait à être contaminé, il déclare qu’il « ne prendrait pas de chloroquine ». « Il n’y a pour l’heure pas de traitement, je m’en remettrai au médecin. Le professeur Raoult est un grand scientifique, il était normal qu’il participe au débat. Mais ce n’est pas au président de la République de trancher une question scientifique. Aujourd’hui, personne n’a prouvé que c’était le bon traitement. »

La rentrée des classes

« La rentrée des classes sera le plus normale possible », selon Emmanuel Macron. « Le ministre prépare une rentrée où les enseignants seront protégés, où on aura la bonne organisation. S’il y avait une accélération du virus pendant le mois d’août, nous repenserons cette rentrée. »

Un plan de relance de 100 milliards d’euros

Emmanuel Macron ambitionne d’éviter un « maximum de plan sociaux » en mobilisant 100 milliards d’euros dans toutes les thématiques abordées pendant l’entretien. « Ce que cette crise peut nous apporter, c’est au fond la possibilité d’une France plus forte en répondant à des problèmes qu’elle n’avait pas su traiter par temps calme », a-t-il déclaré ;

Deuxième vague

« Nous serons prêts » en cas de « recrudescence » de l’épidémie du coronavirus avec des « stocks et des approvisionnements sécurisés », a assuré le président Emmanuel Macron mardi lors de son entretien télévisé du 14 juillet. « Nous avons à la fois les stocks et les approvisionnements qui sont sécurisés et nous avons l’organisation au plus près du terrain, qui permettrait de faire face à une recrudescence, si elle était là », a insisté le chef de l’État. « Nous sommes en train de tout faire pour éviter une nouvelle vague et avoir une approche différenciée si elle arrivait : des masques, des tests et des isolations locales. »

Obligation du port du masque dans les lieux publics clos

Les masques, la distance et le gel, il faut continuer d’appliquer les gestes barrières. Emmanuel Macron déclare : « Je souhaite que les masques soient obligatoires dans les lieux publics clos dans les prochaines semaines. Nous allons nous mettre en situation de pouvoir les rendre totalement obligatoires. » Le chef de l’État envisage la date du 1er août.

En défense de Gérald Darmanin

« Il y a de cela plusieurs années. La présomption d’innocence, cette affaire a déjà fait l’objet de plusieurs enquêtes à plusieurs reprises. Il y a une procédure pour des raisons de forme, il ne m’appartient pas d’en juger. Je pense qu’aucune cause n’est défendue justement si l’on bafoue les principes fondamentaux de la République. » Le chef de l’État ajoute, au sujet du ministre de l’Intérieur : « J’ai eu une discussion avec lui, il a été blessé par ces attaques. Je sais que lui-même est sensible à cela pour pouvoir exercer ses fonctions. Je chéris cette cause de la lutte contre les violences, mais je chéris ce qui peut faire de notre démocratie une démocratie plus juste. »

Un gouvernement de « dépassement de la politique »

Le chef de l’État estime être « radicalement en désaccord » avec l’idée que le gouvernement est de droite. « Le gouvernement aujourd’hui constitué, explique-t-il, complété dans quelques jours par des secrétaires d’État, comporte des femmes et des hommes qui viennent de la droite comme de la gauche. Je revendique le dépassement politique, de prendre les meilleurs, ceux qui sont capables de mener à bien ce projet. »

Édouard Philippe

Évoquant le changement de Premier ministre, Emmanuel Macron a tenu à préciser : « Une page politique de la vie du pays se tourne. Un nouveau chemin, qui ne peut pas se faire avec la même équipe. À mes yeux, Édouard Philippe a tout fait sauf démériter. J’ai choisi de nommer un inconnu des Français, qui n’avait pas fait ma campagne. Pendant des années à mes côtés, il a agi avec beaucoup de courage. »

La défiance

Interrogé sur la défiance des Français à son égard, le chef de l’État déclare pouvoir « comprendre l’hostilité ». « Nous sommes dans un pays qui a ça dans ses tripes, explique-t-il. Le jeu des maladresses, des phrases sorties de leur contexte a fait que cette détestation a pu être alimentée. Mais la haine n’est pas acceptable en démocratie, la haine du discours et la violence des manifestations ne peuvent être acceptées. » Et d’ajouter que la France « au fond a peur » et regrette « une crise de confiance », tout en reconnaissant être l’objet « d’une détestation » alimentée parfois par ses propres « maladresses ». « Les gens se sont mis à détester ce président qui voudrait tout réformer pour que ce ne soit que les meilleurs qui puissent réussir (…) ça n’est pas mon projet, mais le jeu des maladresses, parfois des phrases sorties de leur contexte. »


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2 réflexions sur “Macron : L’entretien du 14 juillet 2020.

  1. Matatoune 15/07/2020 / 0h48

    Merci pour cette synthèse car je ne l’ai pas suivie …🎶 Paroles 🎶

  2. jjbey 15/07/2020 / 23h11

    Dommage que tout cela ne soit que la couverture de véritables décisions qui ne vont pas aller dans le sens des travailleurs. Pas d’ISF , maintien de la taxe d’habitation, rien sur la fraude fiscale ni sur les salaires pharaoniques de dirigeants d’entreprise, des dividendes somptuaires et de la faiblesse de l’investissement industriel……

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