Intercom’ : l’« élection cachée » pourtant importante.

Compte tenu que les maires et conseillers des municipalités sont « dépouillés » d’un certain nombre de compétences ; compte tenu que ces compétences supplantant toutes décisions municipales, de plus se décidant en petit comité et d’une manière aussi peu démocratique que possible, il serait normal que les administrés que nous sommes puissent élire les conseillers intercommunaux et son président ; tant cette institution a le pouvoir de changer le management sociétal au niveau local.

Dans tous les cas ne nous le cachons pas les territoires municipaux n’existent plus que sur des cartes. L’ensemble des décisions (qui s’appelle maintenant « gestion des compétences ») sont prises par l’intercommunalité plus ou moins étendue d’ailleurs.

MC


Les élections municipales les plus longues de l’Histoire de la République ne sont pas tout à fait terminées. Certes, les Français ont élu ou réélu leurs maires le 15 mars et le 28 juin, mais il reste un « troisième tour » relativement méconnu : les élections intercommunales.

Pourtant, c’est dans cet échelon territorial, à mi-chemin entre la ville et le département, que se jouent une grande partie des compétences des élus locaux. Certaines promesses d’édiles ne pourraient être tenues qu’avec une majorité favorable à la communauté de communes : c’était tout l’enjeu pour la gauche et les écologistes à Lyon, Bordeaux ou bien sûr Marseille.

En s’occupant de développement économique, de la collecte des déchets, de l’aménagement de l’espace (zones d’aménagement concerté), de la mobilité, de l’équilibre social de l’habitat, des réserves foncières, de la politique de la ville… l’intercommunalité s’est donc rendue incontournable, administrativement et politiquement. Tour d’horizon des points chauds.

Hauts-de-Seine

Le maire « Les Républicains » de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) Patrick Ollier, en place depuis la création de la métropole du Grand Paris en 2016, a été réélu de justesse jeudi 9 juillet. La plus grande intercommunalité de France, qui regroupe 130 villes et sept millions d’habitants, concentre d’importantes compétences comme l’aménagement économique ou la lutte contre la pollution de l’air.

À l’origine, c’était le maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun, qui devait reprendre cet écrin de pouvoir, avec le soutien de la présidente de la région Valérie Pécresse et de Rachida Dati. Patrick Ollier, 75 ans, ne se représentait même pas. Mais, faute de majorité au premier tour, le Rueillois a fini par candidater « pour le rassemblement » et rafler les voix de la gauche et de l’UDI. Le camp Pécresse peste contre un « deal » entre Patrick Ollier et Anne Hidalgo, première vice-présidente de la métropole.

La maire de Paris, quant à elle, voyait en Vincent Jeanbrun un cheval de Troie de sa rivale Valérie Pécresse, opposante farouche au projet même de Grand Paris. « Depuis des années, elle essaye de dynamiter de l’intérieur comme de l’extérieur cette métropole », déplore-t-elle dans la presse. De plus, la vice-présidence devait échoir à Rachida Dati, en cas de victoire de Vincent Jeanbrun. Deux rivales frustrées : une double satisfaction pour l’édile socialiste.

Est

L’établissement public territorial (EPT) d’Est Ensemble est un enjeu de taille entre communistes et socialistes en Seine-Saint-Denis. L’intercommunalité, qui est une des douze composantes du Grand Paris, regroupe neuf communes du « 93 » – pour 400.000 habitants – dont Bagnolet, Bobigny et Montreuil.

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Pour Patrice Bessac maire de Montreuil, « les communistes étant arrivés en tête sur le territoire et 52 % des habitants vivant dans une ville communiste », c’est au PCF de prendre le leadership d’Est Ensemble. Le camp socialiste, lui, préfère compter le nombre de villes dirigées par le parti à la rose : quatre, contre trois pour le PCF. Un combat de calculatrices qui dissimule mal les rivalités entre les deux forces de gauche au sein du département. […]

 Aix-Marseille-Provence

Voilà qui ne fait pas les affaires du Printemps marseillais. L’union des gauches portée par la nouvelle maire de la cité phocéenne, Michèle Rubirola, avait déjà eu tout le mal du monde pour s’imposer au conseil municipal.

Sa rivale lors du scrutin, Martine Vassal, dauphine désignée de l’ex-maire Jean-Claude Gaudin, a été reconduite à la tête de Aix-Marseille-Métropole, avec une écrasante majorité de 145 voix sur 239. Son adversaire à gauche, le maire de Martigues Gaby Charroux, n’en a recueilli que 61.

Si Marseille intra-muros a basculé à gauche, les 92 communes qui composent sa métropole (pour 1,9 million d’habitants) penchent toujours majoritairement à droite. Or du côté du Vieux-Port, c’est bien l’intercommunalité qui regroupe les compétences stratégiques. C’est tout le paradoxe de la nouvelle organisation territoriale : Martine Vassal a beau avoir été battue au suffrage universel direct face à Michèle Rubirola, elle garde néanmoins la main sur le développement économique, l’habitat ou encore les transports. […]

Lyon

À Lyon, les Verts au moins sont tranquilles. Grégory Doucet (EELV) a conquis la ville, et son homologue Bruno Bernard a été élu à la tête de la métropole. Le camp de Gérard Collomb n’est officiellement plus aux commandes. À noter qu’à Lyon, cas unique, les conseillers métropolitains sont également élus au suffrage universel, dans le cadre d’un double scrutin avec les municipales.

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Bordeaux

À Bordeaux aussi, les écologistes qui ont pris la ville sont en position favorable pour prendre également la Métropole. La gauche y est désormais majoritaire et Pierre Hurmic, le nouvel édile bordelais, n’a jamais caché son ambition de se porter à la présidence.

Perpignan

Ce samedi, Louis Aliot sera fixé. Va-t-il confirmer sa victoire à la mairie de Perpignan en remportant également la présidence de Perpignan Méditerranée ? Il devra pour ce faire batailler avec Robert Villa, maire de Saint-Estève et héraut de LR. Louis Aliot a besoin de 45 voix sur 88, sachant que sa majorité perpignanaise ne dispose que de 31.

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Cyprien Caddeo. Titre original : « Intercommunalités : Une « élection cachée » avec des enjeux déterminants ». Source (Extrait)