StopCovid – No Pistage : Faux !

L’arme fatale contre la pandémie ! Secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O l’a répété lors de ses interventions à l’Assemblée nationale, les 26 et 27 mai : StopCovid, cette application pour smartphone permettant de prévenir ses contacts (ceux, du moins, ayant également chargé l’appli) en cas de contamination, est un outil « indispensable » à la réussite du déconfinement.

Google est bien incorporé dans l’application et « permet le traçage »

Les spécialistes du numérique appellent ça une chatière : un interstice par lequel un intrus peut entrer pour voler des données. En étudiant l’application StopCovid, des bidouilleurs informatiques y ont découvert un programme de sécurité fabriqué par Google !

Ce système, « Captcha », qui permet de s’assurer que l’utilisateur de l’appli est bien un être humain, récupère au passage l’adresse IP (numéro d’identification) du téléphone. « Cela signifie que, potentiellement, Google connaît l’identité de tous les portables qui utilisent StopCovid », explique Arthur Messaud, de La Quadrature du Net, association de défense des libertés sur Internet.

Interrogé par « Le Canard », un porte-parole du secrétariat d’Etat chargé du Numérique confirme la présence du Captcha de Google, qui est le « seul à fournir ça ». Et d’ajouter sans rire : « Nous avions prévu de développer un service de Captcha souverain qui sera[it] utilisé dès sa disponibilité dans l’application StopCovid. »

Quand on pense que ce système était présenté comme « made in France » et que Cédric O déclarait à son sujet : « La santé, c’est l’affaire des Etats, pas des entreprises américaines »…


Et puis d’abord ce logiciel StopCovid est-il indispensable ?

Certains élus, mauvais coucheurs, dénoncent au contraire l’inutilité de ce service s’il n’était pas installé par au moins 60 % de la population. Réponse cinglante de Cédric O, toujours à l’Assemblée : « Ils auront mal lu les études d’Oxford et de l’Impérial Collège. Les études disent que la diffusion auprès de 56 % de la population, sans autre geste barrière, suffirait à elle seule à juguler l’épidémie. Et aussi que, dès son activation, l’appli sauve des vies. » Mazette, voilà donc un outil miracle !

Mais c’est peut-être Cédric O qui a lu un peu vite l’étude du Big Data Institute de l’université d’Oxford, menée par le professeur Christophe Fraser. Dans la toute première version de leur article, mise en ligne le 16 mars 2020, ses chercheurs avançaient en effet que « le contact tracing traditionnel ne permet[tait] pas de contrôler l’épidémie ».

Virus contrariant

Certes, ajoutaient-ils, « une application téléphonique » capable de rendre « instantanée » la détection de cas contacts pourrait éteindre la crise sanitaire. Mais, à l’époque, les modélisations d’Oxford s’appuyaient sur un taux de reproduction du coronavirus de 3 (si chaque malade porteur du virus en contaminait trois autres, donc). Le 8 mai 2020, dans une version réactualisée de leur étude, les mêmes chercheurs ont expliqué qu’au cas où d’autres moyens (gestes barrières, confinement, etc.) permettaient de « maintenir ce taux inférieur à 1, ce système de contact tracing ne [serait] pas nécessaire ». Or, le 28 mai, Olivier Véran a annoncé que le taux effectif du virus dans l’Hexagone (le fameux RO) était retombé à 0,77. Autrement dit, à en croire les chercheurs d’Oxford si chers à Cédric O, StopCovid ne sert pour le moment à rien…


Article signé des initiales O.B.-K. – Le Canard enchaîné. 03/06/2020


Bien évidemment les questions qu’il faut se poser sont : qui récupère les informations recueillies par ce traçage (car n’en doutons pas ils serviront à de multiples usages). La France, les États-Unis, les laboratoires, un ou des services publics, les statistiques, voire les entreprises… MC

7 réflexions sur “StopCovid – No Pistage : Faux !

  1. bernarddominik 09/06/2020 / 13h36

    Je suis informaticien, et ce qui, à mon sens prouve que stopcovid est un outil de fichage, c’est que le ministère a conçu une application connectée (donc adresse IP connue par le serveur) et une base de données centrale où sont enregistrés les malades, mais eux seuls? Rien n’interdit à l’application de regarder messages, Contacts, sites consultés, et pour les plus imprudents comptes bancaires et achats. Avec un aussi faible taux de malades, le fonctionnement du bluetooth peu sur, et pas toujours activé, le déchargement rapide de la batterie suite à un usage intensif du bluetooth et du réseau,il faut être très ignorant pour l’installer sur son smartphone. Ils auraient pu concevoir une application qui ne fasse que du bluetooth, sans base centrale, avec juste un agent installé par le médecin en cas de maladie, ils ont choisi la grosse cavalerie. Ça veut tout dire.

    • Libres jugements 09/06/2020 / 13h46

      Merci Bernard pour ces précisions et ton commentaire.
      Amitiés
      Michel

  2. tatchou92 09/06/2020 / 14h20

    C’est affectivement très surprenant et très interrogateur de découvrir sur son smartphone, grâce à des amis facebookers, que l’installation de l’application est faite et demande à être validée. J’ai personnellement désactivé, tout comme bluetooth. Par ailleurs, la prévention sanitaire me semble très ciblée, de nombreux usagers, dont les personnes âgées, n’ayant q’un simple tel portable en poche, contrairement aux jeunes… alors qu’on s’accorde à dire avec raison, qu’il s’agit d’une population à risques…

  3. fanfan la rêveuse 10/06/2020 / 8h11

    Voici comment procéder :

    L’option de traçage covid19 a été téléchargé sur chaque téléphone de manière automatique.
    Même si vous ne télécharger pas l’application, le traçage est opérationnel tant que vous ne désactivez pas la fonction…
    Sur androïde :
    – paramètre du téléphone
    – Google (dans l’onglet ouvert vous pouvez voir la mention « notification d’exposition au covid19 » qui indique que le téléphone à télécharger le traceur. Ne surtout pas appuyer dessus !)
    – trois points de suspension (en haut à droite de l’écran)
    – utilisation et diagnostic
    – désactivez la fonction pour empêcher le traçage.

    A chacun de voir midi à sa porte !

    • tatchou92 10/06/2020 / 15h30

      Merci Fanfan la rêveuse,
      Ce qui me choque, c’est justement l’automaticité de la démarche… et le manque d’information des opérateurs envers les abonnés que nous sommes. J’aimerais connaître la position de la CNIL sur cette question qui n’est pas anodine.
      Bien cordialement, bonne journée.

  4. jjbey 10/06/2020 / 23h15

    Il ne manquerait plus que ça.
    Demander son avis à un utilisateur de Smartphone pour charger un programme espion.
    Au pays de la LIBERTE on est libre de le faire sans vous le dire et tout le monde y a droit c’est l’égalité vous mes direz où est la fraternité?
    On vous le fait gratuitement, c’est pas fraternel ça?

  5. bernarddominik 17/06/2020 / 10h20

    Entendu ce matin sur France Info un informaticien a décompilé le code de stopcovid.
    Et il envoie beaucoup plus de données qu’indiqué par le gouvernement, infos qui n’ont aucun rapport avec le covid19.

    Et pourtant quechoisir et la CNIL ont prétendu avoir vérifié l’application.

    Cela révèle la légèreté des contrôles de la CNIL (ce qui confirme ma propre expérience de la CNIL qui n’a pas les moyens en personnel compétent pour vérifier le coding et les fichiers) et montre le peu de sérieux de quechoisir dans ses tests (expérimenté par de nombreuses personnes).
    Stopcovid c’est du flicage, et accessoirement un outil de prévention

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