Ça ne rendra pas leur argent aux évadés fiscaux qui se sont fait choper, mais ça leur arrachera peut-être un sourire …
… au pic de l’épidémie de Covid-19, un « cluster » s’est invité au 8e étage de la Direction centrale de la police judiciaire, à Nanterre (Hauts-de-Seine) (celui de la, brigade nationale de répression de la délinquance fiscale (BNRDF)).
Ses limiers, qui donnent généralement des sueurs froides aux célébrités (Cahuzac, Wildenstein) et aux multinationales (Google, McDonald’s), ont été pris à leur tour d’une poussée de fièvre. Plus d’une dizaine d’agents (sur les 46 que compte l’unité d’élite) ont été touchés et mis en quatorzaine, ce qui a donné lieu à une guéguerre des polices.
La brigade, qui dépend du fameux office anticorruption, est en effet codirigée par des agents de Bercy et des poulets de l’Intérieur. Les premiers reprochent aux seconds d’avoir, au début de l’épidémie, joué les cow-boys en continuant de mener des opérations sur le terrain, et d’avoir attendu le 17 mars pour commencer à prendre des mesures. Les seconds rétorquent que la PJ avait donné l’ordre de maintenir au moins 20 % d’officiers en place pour d’éventuelles urgences. Un vrai choc des cultures !
La potion du Dr Cahuzac
Tony Sartini, l’ex-commissaire qui dirigeait la brigade jusqu’en avril (il est parti, depuis, en mission pour l’ONU), confirme que l’émoi est resté mesuré : « On était le mini-cluster de Nanterre, c’est vrai. Mais nous sommes des policiers, il fallait maintenir une équipe de permanents, on l’a fait sur la base du volontariat et en mesurant les risques. »
La joie des évadés fiscaux s’arrête là : les 80 % d’agents mis en télétravail ont continué d’éplucher leurs dossiers et, à en croire un collègue de Sartini, ils n’ont fait preuve d’« aucun relâchement sur les fraudeurs fiscaux ».
Si, à l’avenir, des symptômes réapparaissent chez certains, qu’ils n’hésitent pas, cette fois, à faire appel au bon docteur Cahuzac. Il se fera un plaisir de venir les soigner !
Christophe Nobili. Le Canard enchaîné. 03/06/2020