Un merci radin, ou honteux ?

Nous sommes conscients que les thèmes de certains articles se répètent.

C’est absolument vrai. Mais dans le même temps nous notons que certaines personnes pensent que le personnel médical n’a fait que son travail durant cette épidémie … c’est aussi vrai, car ils ont une conscience énorme de leurs devoirs et un enorme dévouement à prodiguer les soins necessaires, reste qu’il faut absolument les soutenir dans leur combat afin que soit maintenu un service public de qualité qui lui par contre a fait défaut par la volonté de plusieurs gouvernements successifs souhaitant offrir les services sanitaires, aux établissements privés. MC


Ils recevront le 14 Juillet [2020] l’hommage de la nation.

Pour eux sera publiée une promotion unique de l’ordre national du Mérite et de la Légion d’honneur, et exhumée une médaille d’honneur de l’engagement face aux épidémies datant de 1885.

« Devrons-nous accepter ce statut de derniers héros des temps modernes comme solde de tout compte?» s’alarme François Salachas, le neurologue de la Salpêtrière qui avait interpellé Emmanuel Macron fin février au nom du Collectif inter-hôpitaux (CIH).

Le président, devant les caméras, promettait un rendez-vous.

 Si valorisants soient les symboles de gratitude, ce sont des moyens, pas des médailles, que demandent depuis des années les personnels de l’hôpital public.

Des embauches d’infirmiers et d’aides-soignants, avec des salaires permettant de vivre décemment dans nos grandes villes, des remplacements de congés maternité, l’arrêt des fermetures de lits, une gouvernance mieux partagée entre administration et corps médical. Le langage entrepreneurial (« taux d’occupation des lits », « indices de performance », « durées moyennes de séjour»…) qui s’était tu pendant deux mois, fait son retour.

  • Les primes accordées ne sont toujours pas versées.
  • Les étudiants réquisitionnés, pas payés.
  • Surtout, les engagements du président à rencontrer le CIH, et sa promesse d’investir massivement dans l’hôpital public, répétée le 15 mai à Paris, manquent de précision et de calendrier concret.

Alors que la reprise de l’économie compte sur un hôpital capable de contenir de futurs pics épidémiques, et éviter de nouveaux confinements, François Salachas avertit: «On a fait face à l’urgence, on ne pourra pas le faire une deuxième fois. » Une menace? Un aveu, plutôt. Et un énième appel au secours.


Juliette Bénabent. Télérama. 20/05/2020


6 réflexions sur “Un merci radin, ou honteux ?

  1. fanfan la rêveuse 22/05/2020 / 8h20

    « On a fait face à l’urgence, on ne pourra pas le faire une deuxième fois. » Une menace? Un aveu, plutôt. Et un énième appel au secours. »

    Chaque être a ses limites.
    Ce n’est pas des médailles et des primes qu’ils souhaitent mais des possibilités de bien faire leur travail. Que cet argent soit (médailles et primes) investi afin de leur venir en aide dans leur travail de chaque jour. Ce sera déjà ça !!

  2. Nemo Auditur 22/05/2020 / 10h40

    Bientôt les vacances… le président jouerait-il la montre ?

  3. tatchou92 22/05/2020 / 16h50

    Le Docteur SALACHAS a raison, tout comme ses confrères plus médiatiques Patrick PELLOUS et Christophe PRUDHOMME, médecins urgentistes.
    Devant une crise d’une gravité et d’une importance exceptionnelle, la communauté soignante a fait le maximum avec peu de moyens, mais avec le concours des médecins et infirmiers retraités rappelés ou volontaires, étudiants en médecine et para-médicaux, y compris débutants novices, mais rapidement dans le bain et payés « au lance pierres », tant à l’hôpital, qu’à domicile (et on en parle peu) que dans les EHPAD.
    Cette communauté manifestait depuis des mois, pour réclamer des moyens pour l’hôpital, de meilleurs rémunérations et déroulements de carrière.
    Elle a ses Héros et Héroïnes, morts au combat, mais qui s’en souviendra dans quelque temps ?
    Serait-il envisageable pour elle, de faire encore des semaines de 50 ou 60 heures d’une telle intensité ? avec de tels problèmes ? avec aussi peu de moyens ? en transférant encore les patients à droite ou à gauche ? en accompagnant si peu et si mal les malheureuses victimes et leurs familles ?
    Ils ont fait savoir qu’ils ne voulaient ni de médailles, ni de dons de jours de congés offerts par les salariés, qui en ont besoin.., mais ils veulent être écoutés et entendus, mieux considérés, voir l’hôpital sortir du carcan dans lequel il a été enfermé par les réformes successives, les patients bien traités et accueillis comme avant, les femmes enceintes aussi, ne plus voir les enfants naître dans la voiture des parents ou dans l’ambulance.
    Enfin, un tel combat les a marqués, et laissera des traces.
    Il est possible aussi que les Héros et Héroïnes soient fatigués, et aient envie de tourner cette page, pour ne plus la revivre.
    Si on veut les garder, il faut que la commission qui va s’installer autour de Madame NOTAT les entende et que cessent les suppressions de postes, les fermetures de lits, notre santé n’est pas une marchandise, mais notre bien commun à défendre.

  4. jjbey 22/05/2020 / 16h54

    Une médaille déposée sur un buste méritant coute beaucoup moins cher qu’une augmentation de salaire et l’attribution de moyens pour effectuer correctement son travail. D’autant que pour certaines c’est le récipiendaire qui paie la breloque……….

  5. Pat 22/05/2020 / 19h37

    A fur et à mesure des crises, on se rend compte de l’importance de chacun des membres de la communauté entière. Aujourd’hui les soignants, demain les enseignants et puis les postiers oui les postiers ! et tant d’autres qui dans leur métier donnent le maximum. Moi je refuse de catégoriser ainsi la population car que dirais-je alors des militaires envoyés au Mali, des pompiers ou des pilotes de canadairs engagés dans des feux l’été… Oui les soignants ont été exemplaires et ne méritaient pas d’être envoyés au front sans armes mais ce n’est pas un plus grand salaire qui les rendra toujours plus exemplaires. Il leur faut les moyens d’exercer sans risques exagérés leur métier et la reconnaissance pour ceux qui la mérite.

  6. tatchou92 25/05/2020 / 23h43

    Vous avez raison Pat ! Chacun de nous est ou a été rémunéré pour exercer la profession qu’il avait, ou pas choisie.
    Il n’y a donc pas de raison objective pour féliciter l’un plutôt que l’autre, nous sommes ou étions tous utiles,je ne connais pas d’employeurs qui payent des salariés pour se tourner les pouces… C’est la France.
    Dans la pandémie que nous vivons, la majorité des citoyens a été confinée, et seules quelques catégories de salariés ont été réquisitionnées ou tenues de travailler, pour assurer l’intendance, l’hygiène (éboueurs), la sécurité (forces de police et militaires..) la poste en service réduit, comme les transports, j’en oublie certainement, et je présente mes excuses par avance, la communauté soignante avec focus sur les hospitaliers et les Ehpad, avec renfort des retraités, des étudiants, de la réserve sanitaire..
    Cette crise a révélé la misère des hôpitaux, de leurs personnels, l’impossibilité de répondre aux demandes locales, compte tenu du démantèlement du système.
    Chacun a en mémoire, les transferts de patients en train, en avion, outre Rhin notamment et les tristes bilans quotidiens, les pénuries de masques, de blouses et de matériel, mais aussi la solidarité spontanée autour des la communauté soignante qui prenait les nôtres en charge, dans des conditions difficiles. Stupeur dans nos rangs !!
    Chacun semble alors avoir compris que nous vivions une catastrophe et chacun a tremblé et tremble encore pour les siens, son devenir, celui de l’économie du pays, un cauchemar mondial.
    Le temps de la réflexion, de la réorganisation, de l’écoute des professionnels, des représentants de la population, des usagers est donc venu pour repenser, soigner et guérir notre système hospitalier, mais aussi notre économie, nos emplois dans tous les secteurs d’activité.

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