Sur les relations entre le président de la République et le premier ministre, les bisbilles s’accumulent.
- désaccord sur le calendrier du vote du plan de déconfinement.
- lundi la prise de parole présidentielle à Poissy (débordant largement de son objet initial) au moment même où le chef du gouvernement planchait devant le Sénat.
- La manière de minorer la menace d’« écroulement » que l’hôte de Matignon avait brandie avec gravité à l’Assemblée.
Dans les trois cas, évacuons la thèse du hasard.
- « Amateur », mais pas débutant le président.
- Le désaccord sur le vote à l’Assemblée ? Le démenti élyséen n’est intervenu qu’une fois la rumeur bien répandue, et par le même biais…
- La prise de parole simultanée ? C’est une règle de base de la communication politique : multiplier les expressions au même moment, c’est les banaliser. « Je n’ai pas ces grands mots », rétorqué par Macron au mot « écroulement » ?
Difficile de prétendre que le chef de l’État ne s’est pas rendu compte qu’il corrigeait son premier ministre. Celui-ci avait dit de manière particulièrement appuyée qu’il ne choisissait pas ce mot « par hasard ». Et, autre classique de la communication politique, dire « je n’ai pas ces mots » ou « je ne le dirai pas comme ça », est la manière la plus courante de prendre ses distances avec une formulation que l’on juge maladroite, regrettable ou inappropriée.
Dans l’entretien de Poissy, il y a de surcroît un effet répétition. « On ne dira jamais : vous devez aller travailler », a promis le président conciliant après que le premier ministre exigeant a rappelé que la vie économique devait reprendre « impérativement ».
Une série de frottements ne fait pas un désaccord de fond. Et encore moins ne conduit à un divorce.
Tant que la crise n’est pas suffisamment réglée, un changement de premier ministre ne ferait qu’ajouter à la confusion ; et desservirait le président plus qu’il ne lui redonnerait de l’oxygène. Comme souvent, le psychologique l’emporte sur le politique. Et le psychologique, c’est la propension d’Emmanuel Macron à s’exprimer constamment et tous azimuts. La « parole rare » n’est définitivement pas sa tasse de thé. Ce à quoi s’ajoute un penchant à considérer que lui seul peut répondre aux questions et régler les situations. […]
Guillaume Tabard. Le Figaro. Titre original : « Écarts de langage au sommet de l’État ». Source (extrait)
pendant que l’on parle de changement de premier ministre on ne parle pas d’autre chose et plus particulièrement des conditions de reprise du travail avec ce slogan « travailler plus pour gagner moins » selon le chœur du patronat……