O. Véran interrogé …

Êtes vous sûr que le déconfinement aura bien lieu le 11 mai ?

  • OLIVIER VÉRAN. Nous avons un objectif : qu’au 11 mai, il y ait suffisamment peu de malades par jour à tester, tracer et isoler pour réussir le déconfinement. Si le confinement est bien respecté jusqu’au bout, le couvercle aura été mis sur la casserole de l’épidémie, et nous pourrons déconfiner progressivement dans les meilleures conditions.
    • Dans le cas contraire, et si le nombre de nouveaux malades devait être trop élevé, la date de lever du confinement pourrait être remise en question et sera appréciée selon les départements.

Donc, si les indicateurs à venir ne sont pas bons, on fait machine arrière ?

  • Les dernières modélisations des scientifiques laissent penser que le confinement pourra être progressivement levé comme prévu le 11 mai. Mais j’alerte en rappelant que tout le scénario construit dépend du respect, jusqu’au dernier moment, du confinement. Nous ne prendrons aucun risque avec la santé des Français.
    • On observe ces derniers jours un relâchement dans beaucoup de villes. Plus de voitures et de monde dans les rues… […]

Les Français vont-ils pouvoir partir en vacances cet été ?

  • Je n’ai malheureusement pas la réponse et je ne sais pas si les plages pourront être ouvertes. Mais il y a, hélas, peu de chance pour que le virus décide, lui, de partir en vacances. En l’absence de traitement et de vaccin, le comportement des Français va avoir un poids considérable.

Vous déconseillez de prendre un billet d’avion ?

  • En médecine, les patients auxquels on explique un traitement avec une part d’incertitude nous demandent souvent : vous, que feriez-vous si c’était l’un de vos proches ? A titre personnel, je ne m’engagerais pas sur l’achat d’un billet d’avion. Ne soyons pas trop pressés de faire des réservations.

Le Conseil scientifique plaidait pour une réouverture des écoles en septembre. Vous a-t-il désavoué ?

  • Non. Le Conseil scientifique était opposé à la réouverture des écoles « comme avant », ce qui n’a jamais été notre volonté. Nous sommes donc en accord. Les conditions de reprise des cours sont en train d’être travaillées avec les rectorats, les responsables d’établissements scolaires, les personnels, les élus locaux. Le retour en classe sera très encadré : enseignants masqués dans toutes les situations où les règles de distanciation ne peuvent (ou risquent de ne pas) être respectées, distance d’un mètre assuré entre les élèves… Si des cas de coronavirus sont confirmés, nous n’hésiterons pas à fermer des classes, voire des écoles entières. […]

Que dites-vous [aux parents] pour les convaincre ?

  • […] le retour à l’école se fera sur la base du volontariat. Après huit semaines, le confinement des plus jeunes est cependant difficile à porter, y compris pour les enfants eux-mêmes. Nous assurons leur sécurité. Je comprends la crainte mais nous appelons à la confiance. Si nous en proposons la réouverture, c’est que le travail qui aura été fait le permettra. La santé a toujours guidé toutes nos décisions.

On parle de deuxième vague. Comment s’assurer que le système va tenir, surtout si les autres malades reviennent à l’hôpital ?

  • Nous allons maintenir la restriction de l’activité programmée en chirurgie, afin d’être prêts en cas de résurgence de l’épidémie. Mais les opérations cancérologiques, et les autres, urgentes ou ambulatoires, en particulier pour les pathologies chroniques, qui ne nécessitent pas de place en réanimation ou de curares, seront maintenues.

Quid des cabinets médicaux, dentaires, etc ? Vont-ils pouvoir rouvrir ?

  • C’est l’objectif. Je vais d’ailleurs créer, pour l’ensemble des personnels libéraux, les conditions qui vont leur permettre de reprendre progressivement une activité la plus normale possible dès lors que les mesures barrière peuvent être respectées.

C’est-à-dire ? Ils vont enfin avoir des masques suffisants ?

  • Jusqu’ici, on déstockait 45 millions de masques par semaine à destination des professionnels de santé. A partir du 11 mai, ce sont 100 millions qui vont leur être distribués gratuitement. Certaines professions, qui ne peuvent travailler sans, comme les dentistes, auront des masques FFP2. Pour les médecins, pharmaciens et infirmiers, ça sera 3 à 4 masques chirurgicaux ou FFP2 par jour. Les autres professionnels (opticiens, orthoptistes, psychomotriciens) auront aussi des masques. Grâce à toutes les commandes passées ces dernières semaines, nous avons pu consolider un stock de 155 millions de masques.

La question de la pénurie, de l’acheminement des masques, est donc derrière nous ?

  • Je me garderais bien de certitudes en la matière, surtout que l’épidémie n’est pas passée.

Le 6 mars, vous déclariez : « J’insiste : l’usage des masques en population générale n’est pas recommandé et n’est pas utile. » Comment expliquez-vous ce revirement ?

  • Il n’y a aucun revirement, mais une évolution scientifique très forte. […]

Mais à partir du 1er avril, des avis ont changé. Pourquoi ?

  • Parce que la doctrine a évolué en fonction de l’expérience. Dès que nous avons eu un avis recommandant le port du masque, nous avons donc aussi évolué. […] Je suis arrivé le 17 février dans ce ministère… et qu’il n’y ait pas eu assez de masques dans le pays, ce n’est pas de mon fait.

Même avec des prix plafonnés, certaines familles n’auront pas les moyens de s’en procurer. Comment allez-vous faire ?

  • Il y a déjà une gratuité pour les plus précaires, avec cinq millions de masques grand public qui seront distribués chaque semaine à partir du 11 mai, par le biais des CCAS (Centres communaux d’action sociale) et des acteurs associatifs. Avec la loi de l’offre et la demande, le produit sera de moins en moins cher. […]

[…] après le coronavirus, le masque s’imposera-t-il dans notre quotidien ?

  • Peut-être en période d’épidémie grippale, s’il s’avérait efficace à l’usage, mais pas plus.

Vous parlez de brigades formées, capables de tracer l’entourage des malades… En dix jours, seront-elles prêtes ?

  • Plus de 3000 personnes formées de l’Assurance maladie seront chargées de tracer les contacts proches des cas positifs. Elles auront accès à un système d’information, actuellement en cours de finalisation. S’il y a des foyers groupés, les agences régionales de santé prendront le relais. […] Un article de loi, présenté ce samedi, va leur donner accès, à titre dérogatoire et uniquement aux fins de lutter contre le Covid-19, au fichier Amelipro de l’Assurance maladie. On a tout fait pour être prêt.

Et 700 000 tests par semaine, est-ce un objectif atteignable ?

  • Nous avons encouragé les labos à développer des tests, qu’on financera à 100 %. On les a aussi autorisés à multiplier les « drive tests ». Ils se sont engagés à monter en charge. Je leur ai moi-même passé des coups de téléphone afin de m’en assurer.

[…]

Mais à part ça, Madame la Marquise … tout va très bien, tout va très bien … chanson fort connue.


Olivier Beaumont, Florence Méréo et Elsa Mari.Le Parisien. Titre original : « Olivier Véran : « La date de levée du confinement pourrait être remise en question » ». Source (Extrait)


2 réflexions sur “O. Véran interrogé …

  1. bernarddominik 04/05/2020 / 20h12

    Je suis sidéré par la différence de discours entre un président paternaliste et sur de lui, et ses ministres au discours prudent, et pusillanime. Macron se positionne en prophète, et fait passer ses ministres pour des
    mauvais apôtres prompts à renier la parole divine. Tout est affaire de croyance. Aujourd’hui les maires demandent une loi pour les protéger des procès, et je vois arriver une amnistie générale garantissant l’impunité aux responsables de cette gestion pour le moins hasardeuse de la crise du covid19, une extension de l’irresponsabilité présidentielle. On a déjà vu ça.

    • jjbey 04/05/2020 / 22h21

      Responsable mais pas coupable…………………..

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