Les vieux ont-ils été privés de réa ?

Une circulaire du ministère de la Santé aurait-elle conduit à une aggravation du bilan de l’épidémie pour les patients les plus âgés ?

C’est la question que, du bout des lèvres, se posent certains professionnels.

Daté du 19 mars, le document suggérait de limiter fortement l’admission en réanimation des personnes les plus fragiles. Motivé par le souci de nombreux médecins d’éviter l’acharnement thérapeutique et les souffrances inutiles comme par la crainte de manquer de lits pour les malades plus jeunes, ce conseil semble avoir été appliqué de manière un peu trop systématique…

Un « tableau de bord » de l’Assistance publique de Paris nourrit les soupçons. Le 21 mars (juste après la sortie de la circulaire), 19 % des patients placés en réanimation étaient âgés de plus de 75 ans. Le 5 avril, au plus fort de l’épidémie, ils n’étaient plus que 7 % !

Samu, le retour

Pour les plus de 80 ans, l’évolution est plus frappante encore : en quinze jours, le taux est passé de 9 à 2 % ! Dans le même temps, l’épidémie a explosé dans ces tranches d’âge élevées : les octogénaires représentent plus de la moitié du total des décès…

Même constat dans le Grand Est : la proportion de personnes âgées mises en réa est restée bien plus faible dans le Haut-Rhin, l’un des départements les plus touchés, où les places en hôpital étaient rares, que dans les Ardennes, où les services d’urgence n’ont pas été débordés.

Avec la décrue de l’épidémie, les consignes ont pourtant évolué. « Depuis quelques jours, le Samu vient plus souvent chercher des malades dans les Ehpad », souligne un administrateur de l’Assistance publique.

La brutalité du confinement dans ces établissements, privés comme publics, a elle aussi aggravé les choses. « Le personnel, débordé par la situation, ne pouvait plus vérifier si les patients s’alimentaient correctement dans leur chambre, et certains sont morts de déshydratation », s’émeut un élu parisien.

Cette situation a été observée particulièrement dans les Ehpad privés, qui, en moyenne, fonctionnent avec 20 % de personnel en moins que les établissements publics.

Qu’on se rassure : les actionnaires, eux, sont bien soignés…


Article signé des initiales H. L – le Canard enchaîné. 22/04/2020


8 réflexions sur “Les vieux ont-ils été privés de réa ?

  1. bernarddominik 22/04/2020 / 22h07

    Le nombre de décès en EHPAD du covid19 parle de lui même : plus de 7000. Ces personnes n’ont pas été admises en réanimation, au nom de l’acharnement thérapeutique. C’est amoral, et peut être scandaleux. En fait on a laissé ces personnes mourir sans soin, puisque seuls les hôpitaux peuvent intuber et mettre des respirateurs. L’état a autorisé tardivement les soins palliatifs en EHPAD, donc pire on a laissé ces personnes souffrir avant de les laisser mourir. Il y a eu probablement des cas où effectivement la personne était en limite de vie et que l’intuber aurait été une souffrance inutile, mais vu le nombre de décès ce ne peut être un cas général. On voit très bien que Macron et Philippe ont décidé dès le départ l’abandon des personnes âgées, car c’est très tardivement que les décès dus au covid19 ont été comptabilisés dans les EHPAD. Ils ont appliqué la logique comptable qui les caractérise : le retraité émarge au débit. Il est donc une charge. Et diminuer les charges est dans leur logique. C’est probablement un crime contre l’humanité, qui devra être jugé.

  2. jjbey 22/04/2020 / 22h30

    Les vieux coûtent cher c’est bien connu mais ils rapportent beaucoup dans les EPAHD privés. Pour gagner plus le personnel est réduit et du coup les anciens sont moins bien soignés et meurent plus. On tue la poule aux œufs d’or……..

  3. marie 23/04/2020 / 15h53

    Bonjour, je suis horrifiée, ce n’est pas possible, mais dans quel monde vivons-nous, dans ces conditions si on ne veut pas de nous « les Anciens » on n’a qu’à nous euthanasier!!
    Plus de retraite à payer;
    je suis en colère et surtout très triste
    Amitiés
    MTH

    • Libres jugements 23/04/2020 / 17h39

      Et oui que veux-tu Marie, nous coûtons trop cher à la société, bien évidemment en oubliant de dire que nous remplissons les caisses de l’économie avec nos achats, nos TVA acquittée et pour certains un peu d’impôts sur les retraites, la CSG, des impôts locaux,… enfin rien d’intéressant quoi.
      Fort désolé d’être souvent le rabat-joie, mais vois-tu à chaque fois qu’il y a une information quelconque distillée par le gouvernement je ne peux m’empêcher d’essayer de voir ce que cache les propos qui au départ semblent de bonne foi …

      En toute amitié
      Michel

  4. Simonu 05/05/2020 / 10h40

    Bonjour,
    Je suis peut-être hors sujet mais on peut rajouter que le ruissellement vient plus de nous, anciens, que des premiers de cordée. Nous aidons les enfants, les petits enfants, achetons dans les commerces de proximité, donnons à plus nécessiteux lorsque nous nous séparons d’appareils au lieu de les mettre à la casse… Le premier de cordée avec les cadeaux fiscaux s’achètera un p’tit bateau confortable plutôt que de faire ruisseler son argent, du moins dans une certaine mesure. C’est simpliste mais c’est la réalité, en nous bridant, toute une chaîne sera rouillée. Les grands penseurs qui veulent sauver le pays en étouffant ses habitants, cogitent sans jamais penser aux effets pervers engendrés par leur réflexions… Le Covid est venu compliquer les choses, j’imagine que la suite va peser encore plus lourd… Peut-être une chiquenaude pour qu’on parte plus vite ?
    Du fond de ma campagne où je suis heureux, je vous souhaite une bonne journée.

    • Libres jugements 05/05/2020 / 12h37

      Bonjour à vous et merci pour ce commentaire.
      Pour être un de ceux qui sont décrits comme s’avançant vers l’âge moyen fatidique celui qui emmène vers dernières ténèbres. Après avoir essaimé une progéniture ; je confirme votre/ta vision.
      Oui comme toi/vous, ça me hérisse les sous-entendus du locataire provisoire (très provisoire je l’espère) du marsupial élyséen de laisser croire que nous sommes inutiles et bouffons les prestations mises de côté pour les ouvriers … Ces ouvriers-salariés qu’il considère comme les sous employés humains qui pour le moment sont encore un peu utiles mais qu’il faut vite remplacer par des robots afin que les actionnaires puissent ajouter de la valeur aux acquis leur permettant d’être marquis, barons ou roitelets à leur pays.
      je ne suis ni révolutionnaire, ni anarchiste, j’affirme par compte que nous avons, nous les anciens qui avons œuvré pour la plupart, au redressement de la France à l’issue de la guerre de 40-45, contribué largement au redressement économique et qu’il est parfaitement juste que nous recevions une retraite que d’ailleurs nous avons largement contribué à mettre en place et à maintenir.
      Il faut juste remarquer qu’au cours des 30 glorieuses, les entrepreneurs se contentaient à l’issue des bilans, d’un bénéfice n’excédant pas les 5%, alors qu’aujourd’hui les actionnaires réclament entre 15 et 20% de rentabilité sur leur contribution financière afin de récupérer le maximum de dividendes.
      Pour revenir au sujet que tu/vous évoque–évoquiez, il y a qu’un moyen de changer l’état d’esprit, c’est de changer de société pour qu’elle soit plus égalitaire, équitable en tous points, c’est de convaincre les abstentionnistes qu’il ne sert à rien de maugréer dans son coin, qu’il faut par contre voter pour le candidat et un programme qui organisera une nouvelle constitution notamment.
      Cordialement

      Michel

  5. raannemari 08/05/2020 / 18h17

    C’est aussi nos choix de vie qui font que nos tout-petits sont déposés dans des crèches dès le tout début de leur vie, et les vieux parqués dans ces couloirs de la mort que sont les maisons de retraite.

    • Libres jugements 08/05/2020 / 18h55

      bonjour oui je comprends bien dans le sens où vous le dîtes.
      La question qui se pose est : Qui est en mesure dans une famille à ce qu’une seule personne assure le financement d’une part et d’autre part combien y a-t-il 2 lieux d’habitation capable de recevoir à la fois parents et grands-parents ?
      Peut-être faut-il dire hélas mais nous sommes plus au temps où une famille se composait des grands-parents jusqu’à leur décès, des parents, des enfants jusqu’à leur émancipation et leur départ du cocon familial pour aller à leur tour et établir. La nécessité d’avoir deux salaires pour vivre à peu près décemment est évidente de nos jours.
      Dans mon enfance j’ai connu les mouroirs ou les indigents dormaient dans des grandes salles 20 ou 30 lits s’alignaient avec juste à côté une armoire pour quelques effets personnels, pour avoir eut l’obligation (maladie dégénérescente) de mettre notre mère dans un de ses EHPAD, je n’en tire aucune satisfaction, juste une nécessité, ce genre d’endroit n’est pas glorieux, mais il y a des forces majeures qui font qu’ils sont nécessaires.
      Cordialement
      Michel

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