Encore une analyse-et conséquences de la pandémie.

Nous redisons une nouvelle fois que : pour avoir une bonne visibilité des événements il faut connaître toutes les théories, toutes les analyses. Nous pensons ainsi que c’est après avoir emmagasiné toutes les données possibles que l’on peut élaborer un avis personnel. MC

On les appelait les « semeuses de peste », ces sorcières que l’on brûlait allégrement, accompagnées de juifs et de lépreux, lors de la grande peste noire qui démarra en France en 1348. Aujourd’hui, seul le président chinois Xi Jinping se risque à invoquer le démon pour désigner le coronavirus. Mais comme au Moyen Age, chacun cherche son coupable parmi ses convictions.

Pour Donald Trump, ce sont évidemment les Chinois, pour d’autres la pollution, le capitalisme, le totalitarisme, la mondialisation libérale… Cette dernière fait un bon suspect. En encourageant la circulation des hommes, des biens et des idées, elle a préparé le terrain à la propagation massive du virus.

D’ailleurs, elle est partie de Chine, berceau et premier bénéficiaire de la mondialisation de ce début de siècle. Ce n’est pourtant pas nouveau non plus. Déjà au XIVe siècle, la peste avait pris le chemin de la Route de la soie dans les bagages des marchands génois. Bien avant notre civilisation capitaliste et globalisée.

Gagner en souveraineté

En revanche, comme la peste du Moyen Age avait activé la chute de l’empire romain d’Orient, les grandes épidémies, comme les guerres, accélèrent le déclin des ordres anciens les plus fragiles. Le coronavirus est en train de faire vaciller le mythe déjà chancelant de la mondialisation heureuse.

L’acrimonie progressive des Etats-Unis contre la Chine, avec son cortège de rétorsions, de taxes douanières et d’interdits, avait déjà commencé à affaiblir l’empire chinois, coupable de vouloir supplanter l’Amérique et détruire sa prospérité.

A cela s’ajoutent les peurs technologiques et environnementales dans les pays développés. L’heure du repli nationaliste a sonné. C’était d’ailleurs le thème de campagne de Donald Trump.

Ce combat américain a soulevé un vent d’inquiétude en Occident sur le thème de la souveraineté menacée par la perte de ses capacités industrielles. Du côté des entreprises, la guerre commerciale a fait s’élever des barrières et naître des inquiétudes. Celles-ci étaient les grandes gagnantes de la mondialisation, avec la mise en concurrence de tous les employés et usines dans le monde.

Elles découvrent l’autre face de la pièce : une dépendance dangereuse. Place à la diversité et à la proximité. Au principe d’efficacité qui faisait rechercher la moins chère des solutions s’est substitué un principe de sûreté quand arrive l’imprévu.

L’Etat n’est-il pas dans la même situation quand il s’aperçoit un peu tard que neuf dixièmes des masques de protection sont produits en Chine ?

Alors on invoque, comme l’a fait le président de la République jeudi 19 mars, ou son ministre de l’économie dans la foulée, la nécessité de changer de modèle. Ce sera l’un des chantiers de l’après-crise, assure Bruno Le Maire, en évoquant la réorganisation des chaînes de valeur pour «gagner en indépendance et en souveraineté ».

La pandémie nous fera-t-elle basculer dans ce monde plus étroit et autosuffisant?

Si la reprise est rapide, le vent de la réalité effacera ces bonnes intentions écrites sur le sable. Si elle s’éternise…


Philippe Escande. Le Monde. Titre original : « le mythe de la mondialisation heureuse ». 25/03/2020


2 réflexions sur “Encore une analyse-et conséquences de la pandémie.

  1. Sigmund Van Roll 27/03/2020 / 0h37

    Michel, comme tu as lu mon dernier article, tu dois savoir que je me trouve dans une colère monstre par rapport à la vidéo que j’ai diffusé sur WordPress.com car j’ai le profond sentiment que l’équipe au pouvoir actuel s’amuse à faire des pas de trois pour refluer en pas de deux.

    Pour moi il est vraiment évident que nos gouvernants ont totalement incapables de gérer cette crise à force de tergiverser à longueur de journée.

    • Libres jugements 27/03/2020 / 10h06

      Oui Sigmund, je pense comme toi, ce gouvernement montre des lacunes organisationnelles et de prise en compte d’abord du respect de la valeur humaine.
      Pour autant il faut se remémorer les commanditaires du roitelet lors de l’élection présidentielle, ces payeurs entendaient et entendent toujours récupérer largement leur mise financière.
      Au décompte final d’abord sanitaire à la fin de cette épidémie, n’en doutons pas ça ne seront pas les perdants et d’autre part il serait bien étonnant de constater combien de capitaines d’industrie seraient décédés contaminés par le virus, d’un autre côté tout sera fait pour préserver les banques, grands groupes et certaines PMI mais ça se fera sur le dos des salariés et des contribuables.
      Pour éviter cet état de fait sans doute faudrait-il (au moins temporairement) revendiquer des nationalisations d’un certain nombre d’établissements financiers et de grands groupes. ui je sais c’est en désaccord avec les traités européens mais franchement où sont les traités européens dans cette crise où tout est chacun pour sa gueule.

      Oui, l’ami… nous sommes certainement plusieurs centaines de milliers à nous poser la question, reste à traduire cela, seul les urnes peuvent obliger à changer les directives et directions de ces pays.
      Amicalement
      Michel

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