Virus et cachotteries

Quelqu’un a dit un jour plus le mensonge est gros mieux ça marche !

Mais en matière de virus mortel il ne s’agit pas de raconter l’histoire à sa manière, de faire une chose et dire une autre, tout en délaissant une 3eme pourtant absolument évidente, le tout raconté chacun à sa manière, étayé par des pseudos experts en rien du tout, dans les médias à longueur de journée. MC

Cachotteries

Le gouvernement est au moins rassurant sur un point : de l’épidémie de coronavirus il ne cachera rien.

« La transparence est une obligation », a psalmodié Edouard Philippe, jeudi 27 février, devant les chefs de parti reçus à Matignon pour une réunion sur l’épidémie. « Je vous ai promis depuis les premiers jours la plus grande transparence sur la situation », a répété le ministre Olivier Véran, vendredi 28, lors d’une conférence de presse organisée à Crépy-en-Valois. Las ! la transparence s’est légèrement emberlificotée dans les barbelés de la base aérienne de Creil, qui abrite la peu causante Direction du renseignement militaire (DRM).

Des militaires de cette base ont en effet assuré le rapatriement de Français et d’Européens vivant à Wuhan. De quoi alimenter tous les fantasmes : nos militaires ont-ils rapporté des germes de coronavirus avant de les saupoudrer dans tout le département de l’Oise ? Samedi 29 février au soir, lors d’un point presse, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a balayé cette hypothèse : « La piste d’un vol de retour de Wuhan contaminant doit être abandonnée ; ce vol n’avait à bord aucun passager positif ; les équipes à bord avaient été protégées et surveillées pendant quatorze jours. »

L’oublié des tests

Circulez ! Sauf que l’armée de l’air s’en vante elle-même sur son site Internet : trois rotations ont été effectuées vers Wuhan, le 31 janvier, le 2 février, puis le 9 février. Or le vol du 2 février comprenait un passager belge qui, comme l’a annoncé le ministère belge de la Santé le 4 février, s’est avéré positif.

Au « Canard », le 3 mars, le cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly, s’est (enfin) fendue d’une explication moins sibylline : « Seul le vol du 31 janvier comprenait des militaires de l’escadron de Creil. Les deux autres vols ont été opérés par des aéronefs civils depuis Istres. » En clair, « aucun militaire de Creil » ne se trouvait dans le vol du 2 février qui baladait un passager contaminé. Et ce conseiller de Parly de reconnaître : « Il y a eu une shitstorm (« tempête de merde ») médiatique (sic !), on aurait dû communiquer plus clairement et plus tôt. » Shit alors !

Cette épidémie de transparence n’explique toutefois pas ce mystère : le 29 février, « 10 personnels civils et militaires » de la base de Creil étaient contaminés, selon la Direction de la santé. Parmi eux, celui qui a été présenté comme chauffeur, et qui est en réalité « contrôleur de prestation ». Pris en charge le 16 février à l’hôpital de Compiègne, il n’a été testé au co­ronavirus que le 25 février ! Pourquoi avoir attendu neuf jours, malgré son boulot sur cette base ?

Parce que, jusqu’au 23 février, le ministère de la Santé recommandait de tester les personnes revenant de zones à risque ou ayant été en contact avec des malades, et pas les autres ! Résultat ? Le patient, faute de place, a d’abord été hospitalisé en diabétologie, avant de passer en pneumologie puis en réanimation, exposant au passage 117 soignants, sans compter les autres malades. Tant que les gaffes ne virent pas à l’épidémie…


Plein les masques

Elle tourne au gag, cette histoire !

Malgré les affirmations d’Olivier Véran indiquant qu’un stock de 15 millions de masques était disponible, aucun n’était arrivé dans les cabinets libéraux à la date du vendredi 28 février 2020 (pas même dans l’Oise, où l’épidémie a fait un bond). « On a pleuré pendant quarante-huit heures auprès de l’ARS (agence régionale de santé) pour en recevoir, explique Xavier Lambertyn, le toubib coordonnant les maisons médicales du département. On a dû menacer de fermer tous les cabinets ! » pour qu’un employé de la préfecture finisse par les livrer.

Face à la pénurie, la fauche à commencé… dans les hôpitaux !

A l’hôpital Bichat, « quatre cartons, soit 2.000 masques » FFP2 et chirurgicaux ont été piqués, confirme la direction de l’APHP au « Canard ». Et au moins trois autres hostos parisiens ont subi des vols.

Même razzia au CHU de Nice, où le chef du service de pneumologie a poussé un coup de gueule (« Nice-Matin », 28/2) : « Il n’y a plus aucun masque au bloc opératoire », car des visiteurs les barbotent « dans les penderies situées devant les chambres d’isolement de patients [fragiles]. »


Isabelle Barré. Le Canard enchaîné. 04/03/2020


2 réflexions sur “Virus et cachotteries

  1. bernarddominik 07/03/2020 / 8h39

    Habitués à mentir nos hauts fonctionnaires et nos ministres ont bien de la peine à changer leurs habitudes. C’est bien pour ça que plus personne ne les croit. Et changer sera bien difficile. Comment avouer que c’est Sarkozy qui a fait arrêter le stockage des masques FFP2, et que le petit stock qui restait a été envoyé en Chine ?

  2. jjbey 07/03/2020 / 23h23

    Mensonge par omission ou pas le virus s’en fout et ceux qui veulent jouer avec la vérité mettent la population en danger……………

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