A savoir avant « les municipales » …

Votes blancs : éclairons les lanternes – Existe ou pas ?

Le débat n’est pas nouveau mais il a pris du poids avec « crise des Gilets jaunes » et la défiance vis-à-vis des politiques : la reconnaissance du vote blanc.

Le 7 mai 2017, lors du second tour de la présidentielle, trois millions de Français ont voté blanc et un million a rendu un bulletin nul. Douze millions d’électeurs inscrits (1) se sont abstenus (25,44 %,), soit plus que le nombre de voix recueilli par Marine Le Pen (un peu plus de 10 millions). Le vote blanc progresse élection après élection. La question d’une reconnaissance autre que symbolique se pose.

Que dit la loi actuelle ?

La loi du 12 février 2014 visant reconnaître le vote blanc aux élections a conduit à ce que les bulletins blancs et nuls ne soient plus mélangés : ils, sont comptabilisés de façon séparée. Ils n’entrent pas en compte dans les suffrages, exprimés mais les résultats des scrutins les mentionnent.

Ce qui changerait

Présidentielle

Emmanuel Macron a été élu avec 66 % des suffrages. Avec la prise en compte du vote blanc, son score serait tombé à 60 % et celui de Marine Le Pen à 31 %. Cela reste très haut.

En revanche, en 2012, François Hollande aurait été élu avec 48,63 % des voix en prenant en compte les blancs et les nuls (la distinction entre les deux n’existait pas à l’époque) et Jacques Chirac aurait gagné en 1995 avec 49,5 % des voix.

Législatives

Cela dit, la loi stipule que dans ces scrutins majoritaires uninominaux, au second tour le candidat arrivé en tête est élu. Il est possible qu’un débat sur la légitimité des élus à moins de 50 % des voix soit ouvert. Car si la reconnaissance du vote blanc ne consiste qu’à le comptabiliser dans les suffrages exprimés, cela ne changera pas grand-chose. En revanche, s’il s’agit d’ouvrir la possibilité d’invalider une élection ou d’empêcher une majorité absolue, c’est le système électoral qu’il conviendra de modifier.

D’après un article de Nathalie MURET, Dauphiné Libéré. 04/03/2019.

(1) Le Centre d’études de la vie politique (Cevipof) estime à 14% le seuil d’abstention incompressible en France.

Les votes blancs avantagent les grands partis.

Qui seraient les principaux perdants si les bulletins blancs étaient intégrés dans le calcul du vote ? La réponse ne résiste pas à l’analyse mathématique, financière et politique : les petits partis, les petits candidats seront les plus lésés.

Explications en trois points.

1. Les calculs

Les seuils pour le maintien ou des fusions au second tour sont calculés soit sur les suffrages exprimés (municipales, régionales), soit sur les inscrits (départementales législatives). Dans le premier cas, plus il y aura de bulletins blancs, plus le score pour rester en lice ou fusionner devra être élevé.

  • Actuellement, une liste qui obtient 11 % des exprimés à une élection municipale, par exemple, peut rester au second tour. Avec 11 % de bulletins blancs, elle passe sous la barre des 10 % et se voit éliminée.
  • Dans le second cas, celui du calcul sur les inscrits ne change rien. C’est le niveau d’abstention qui, restera déterminant.
  • En revanche, si les votants (exprimés + blancs) deviennent le critère au lieu des. inscrits, les chances de voir des triangulaires augmenteront.

2. L’argent

Financièrement, sauf pour les Européennes (3 %), les remboursements (présidentielles, législatives, régionales, départementales, municipales) sont déclenchés d’un seuil (% des suffrages exprimés -Notez que pour les municipales il dépend aussi du nombre d’électeurs dans la commune). La prise en compte du bulletin blanc relèvera également ce seuil.

Déjà pas évidentes, ainsi l’obtention de prêts et les levées de fonds pour, les « petits candidats »; vont devenir encore plus compliquées.

3. Les comportements politiques

Le ressort du vote blanc est avant tout protestataire: S’il est comptabilisé, le bulletin blanc deviendra l’objet du vote sanction, le bon recours pour les électeurs qui votent par exemple contre une majorité sortante sans forcément adhérer à un autre candidat, un autre parti

Le vote blanc augmente ce qu’on appelle « la prime » au sortant en captant les votes sanction par rapport aux adversaires, grands ou petits, et recentre le choix de l’électeur sur l’adhésion au candidat et l’utilité du suffrage exprimé.


Lexique

Vote nul: considéré comme un rejet de l’offre politique. C’est un bulletin déchiré ou annoté ou non réglementaire (format différent, autre couleur, etc.). Il n’est pas pris en compte car il contrevient au code électoral.

Vote blanc: considéré comme une insatisfaction face au choix des candidats, il prend la forme d’une enveloppe vide ou d’un bulletin vierge, du même format qu’un bulletin officiel.

Suffrages exprimés : c’est, nombre de suffrages enregistrés pour une liste ou pour un candidat car ils ne sont ni blancs ni nuls.

Participation électorale : c’est le nombre d’électeurs qui ont choisi de voter. La participation est un pourcentage entre le nombre de votants et le nombre de personnes inscrit sur les listes.

Abstention : ne participer d’aucune manière.

4 réflexions sur “A savoir avant « les municipales » …

  1. bernarddominik 06/03/2020 / 11:59

    Compter les votes blancs c’est facile, en tenir compte plus difficile. Je pense qu’à partir du moment où il y a plus de votes blancs que de votes pour l’élu l’élection doit être refaite.

    • Libres jugements 06/03/2020 / 13:29

      au plan moral tu as parfaitement raison Bernard.
      En appliquant la loi telle qu’elle est actuellement écrite, voté blanc n’empêche pas l’élection.
      Pourtant lorsque le nombre de bulletins blancs dépasse les 50 % c’est bien que le candidat et sa liste est refusée par la majorité des électeurs. On voit bien par conséquent l’ «intérêt» que Le dispositif de comptage des voix selon la formulation actuelle … il pourrait sinon s’apparenter à une forme de référendum pour ou contre La liste présentée.
      Cordialement
      Michel

  2. tatchou92 06/03/2020 / 22:31

    Un vrai casse tête…
    L’élection présidentielle au suffrage universel, telle qu’elle se déroule actuellement me semble faussée au 2ème tour, puisque seuls les 2 candidats arrivés en tête peuvent se maintenir, même si les suivants réalisent des scores honorables.
    On a vu ainsi Jacques Chirac être élu avec une très large majorité, face à Jean Marie LE PEN et les votes blancs et nuls exploser en 2017.
    Si on persiste à ne pas vouloir reconnaître le vote blanc, il faudrait à mon sens permettre aux candidats ayant réalisé entre 15 et 20% (fourchette à déterminer), à se maintenir.
    Cela pourrait redonner une énergie républicaine et peut être créer des surprises.
    Les électeurs ainsi ne se sentiraient pas floués, voteraient peut être un peu plus, et qui sait…

  3. jjbey 06/03/2020 / 23:35

    Blanc n’est pas un programme et derrière n’y a t il pas des tas de gens qui ne s’engagent pas tout simplement qui se figent en spectateurs comptant les points, incapables de prendre des responsabilités de faire publiquement des propositions pour que ce monde change. Le plus souvent, au premier tour, là où on peut choisir, des ignares politiquement parlant qui se contentent de la Tv ou de la radio, voire d’un tabloïd pour se faire une opinion.

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