… Les pudeurs de la gauche avec « l’affaire » Mila
On a enfin l’explication à l’inhabituel accès de retenue d’une grande partie de la gauche « progressiste » et de certaines associations féministes dans l’affaire Mila.
Rappelons qu’il a fallu attendre de longs jours avant que ces militante) s ou responsables politiques, d’ordinaire prompts à s’enflammer à la moindre étincelle, daignent s’exprimer du bout des lèvres sur les menaces de mort et de viol dont a été victime Mila après avoir osé dire ce qu’elle pensait des religions en général et de l’islam en particulier.
La raison de ce silence, elle aussi venue très tardivement : ne pas faire écho à la récupération de l’extrême droite.
On en rirait presque tant l’argument est grotesque. C’est certain, l’extrême droite a « récupéré » rapidement l’affaire Mais elle n’a pas eu à se baisser beaucoup pour la ramasser. On ne récupère que ce que les autres ont laissé tomber.
Une partie des tenants de cette « gauche » (on est malheureusement bien obligés de la nommer ainsi) ont abandonné ses valeurs historiques au profit d’une bouillie décoloniale mal digérée et d’un tapinage identitaire indigne (et méprisant pour les personnes qu’ils prétendent défendre).
Ils font ainsi le jeu politique de fanatiques religieux qui prônent une organisation sociale rétrograde s’appuyant sur une idéologie totalitaire. Et, drapés dans leur pureté de néo-bigots, ils rejettent dans le camp de l’« islamophobie » infamante la gauche laïque et universaliste qui, elle, n’a pas renoncé à se battre vraiment contre le racisme et pour l’égalité des droits, l’émancipation et la liberté de conscience. Qui, elle, n’abandonne pas le terrain à l’extrême droite.
Dans Libération (8 février), Caroline De Haas ironisait finement sur l’extrême droite qui ne défend la cause des femmes que « lorsque ça sert son agenda raciste ». C’est incontestable. De même qu’elle ne parle de laïcité que quand il s’agit de l’islam.
Mais le meilleur moyen de faire taire l’extrême droite sur les droits des femmes, de toutes les femmes, même les blasphématrices, c’est de parler avant elle, pour dire ce qu’elle ne dira pas.
Gérard Biard. Charlie hebdo. 19/02/2020
Réponse suite à un commentaire demandant plus de choix rédactionnel …
Tribune libre « Affaire Mila ». La gauche ne peut plus rester silencieuse
Publié lundi, 10 février 2020 ‐ L’Humanité
C’est tout de même surprenant, ce silence des militants qui s’affichent pourtant antiracistes devant la situation qui est faite à la jeune lycéenne privée de scolarité et gravement menacée après pour avoir critiqué l’islam (en France, en 2020…).
Surprenant, car tous ces phénomènes de menaces et d’insultes qui se produisent dès qu’on touche à l’islam participent clairement au rejet des musulmans en France. Cela traduit, aux yeux de beaucoup de Français, une religion qui n’est pas comme les autres. Si vraiment on voulait alors défendre les musulmans sincèrement, faire que l’islam, comme fait religieux soit pleinement accepté, comme les autres religions en France, la première des choses à faire, ce serait de prendre la défense de cette adolescente, sans aucune ambiguïté, condamner les menaces et appeler les « fidèles » à accepter que toutes les religions puissent être critiquées et blasphémées, y compris la leur…
Et rappeler que ce n’est pas si grave, puisqu’il ne s’agit que de croyances renvoyant à la liberté individuelle de croire ou de ne pas croire, et que, après tout, quand on a la foi, on devrait rester au-dessus de tout cela. Cela montrerait que l’islam est une religion comme les autres, qui peut même avoir sa caricature grossière en une de Charlie, comme c’est déjà le cas depuis des décennies pour les autres religions. Même un imam pourrait défendre cette ligne, et ce serait la chose la plus intelligente à faire, si vraiment ce qui est recherché est la normalisation de la place de l’islam en France. J’ajouterai que les musulmans, dans leur grande majorité, sont assez intelligents pour comprendre que c’est dans leur intérêt, ils peuvent l’entendre bien mieux d’ailleurs que certains militants qui prétendent les défendre.
Pourtant, il n’en est rien. C’est même le contraire. Un des représentants du Conseil français du culte musulman a même affirmé qu’ « elle l’avait cherché ». Et ne parlons même pas du Comité contre l’islamophobie en France (Ccif), complètement muet à ce sujet. Pourtant, on a là un cas avéré qui va renforcer l’islamophobie en France pour les raisons expliquées plus haut. Le Ccif est plus préoccupé par la défense du foulard islamique vendu chez Decathlon ou d’autres choses de ce genre… Je ne suis pas surpris. De toute façon, je reste convaincu de l’insincérité de la démarche du Ccif et de tous ceux qui gravitent autour. Quand on est capable de faire scander lors de la manifestation contre l’islamophobie du 10 novembre 2019 à une foule « Allah Akbar ! » en pleine rue, sachant que ce sera filmé et repris partout sur Internet, on ne lutte décidément pas contre l’islamophobie, on cherche à créer des tensions et à diviser (entre autres). Et le RN n’a d ailleurs même plus besoin de faire campagne avec ce genre d’individus irresponsables.
La gauche, en restant silencieuse face à la situation qui est faite à cette jeune fille, en faisant du « oui mais », pire, en sous-entendant que ses propos étaient dirigés vers les musulmans en tant que personnes, contribue à faire de l’islam une religion à part dans la tête de beaucoup de gens, avec un statut spécial, et participe en retour à son rejet.
Mila doit être soutenue, je soutiens Mila.
Sans faire de pub l’Huma en a parlé et donné le point de vue des communistes….