Alimenter la population.

Au cours de la dernière décennie, 800 millions de personnes supplémentaires se sont ajoutées à l’équation complexe de la sécurité alimentaire sur Terre.

D’ici à 2030, le rythme de cette progression démographique va se poursuivre sur la même base, la population mondiale passant de 7,8 à 8,6 milliards d’habitants, soit 10.000 bouches à pouvoir nourrir en plus chaque heure dont 90 % seront en Asie et en Afrique !

Si la géographie du peuplement repose donc sur ces deux grandes régions, un troisième « présente » une croissance plus soutenue encore : celui des seniors ! Au début des années 1990, les plus de 60 ans étaient déjà près de 500 millions ; ils sont deux fois plus nombreux en 2020. A la fin de cette décennie, ils formeront une communauté supérieure à 1,4 milliard de personnes. Un peu plus de 400 millions de nouveaux seniors vont débarquer sur la planète, là où l’Asie et l’Afrique compteront chacune 350 millions d’habitants en plus chacune. Ce continent des seniors dépassera 2 milliards d’habitants en 2050, soit 20 % de la population mondiale. A cet horizon, les Chinois de plus de 60 ans seront alors plus nombreux que tous les Européens réunis !

Le vieillissement de la population soulève plusieurs enjeux parmi lesquels celui de l’alimentation. Celle-ci va conditionner l’espérance de vie en bonne santé dans ce qui ne sera plus une fin mais une autre séquence longue de l’existence. Ces seniors vont réclamer des aliments sains, des compléments pour prévenir certaines carences dues à l’âge, des produits sur-mesure mais aussi de la diversité dans leurs assiettes pour se faire plaisir. La décennie devra fournir des solutions dédiées à cette population sur toute la chaîne agroalimentaire (production, transformation, restauration, distribution, établissements de santé).

Un marché stratégique. En matière de recherche-développement, les investissements vont exploser. Les professionnels de la santé et de l’alimentaire convergeront, à plus forte raison avec les découvertes sur le microbiote qui ouvrent un terrain immense de coopération scientifique, médical et agronomique. Le coût des produits du futur sera toutefois à surveiller : évitons que seule une minorité puisse accéder à des super-aliments, haut de gamme sur le plan nutritionnel et personnalisés en fonction du profil des individus. Enfin, si l’alimentation est centrale pour une longévité en bonne santé, pourquoi attendre le dernier tiers de son existence pour s’en soucier L’éducation à l’alimentation constitue l’une des meilleures assurances-vie à laquelle chacun peut souscrire. Cela interpelle aussi le rôle des pouvoirs publics vis-à-vis des cantines et des programmes scolaires.

Nourrir les seniors est un marché stratégique en devenir. Il est même déjà là sous nos yeux. Près de 40 % des Européens ont plus de 60 ans. Ce sont 17,5 millions de consommateurs en France. Des chiffres largement supérieurs aux segments pourtant plus médiatisés que sont le bio ou le véganisme. Les seniors consomment plus que la moyenne en France, générant 50 % des ventes de produits de grande distribution et dépensant 40 % de plus que les moins de 45 ans pour leur nourriture. Avons-nous conscience de ce marché dans les milieux agricoles ?

Pouvons-nous être leaders en France sur ces innovations alimentaires à apporter pour cette société du vieillissement, ici et ailleurs ?

Sébastien Abis – Article original paru dans « l’Opinion ». Article lu dans la lettre IRIS n°742. Titré « Alimentation : les appétits du « Vieux » continent ».


Source en lecture libre https://www.iris-france.org/143980-alimentation-les-appetits-du-vieux-continent/


4 réflexions sur “Alimenter la population.

  1. bernarddominik 08/02/2020 / 18h01

    Je crois surtout que les retraités ont le temps de faire la cuisine, et sont donc amenés à mieux choisir les ingrédients. Quant à l’augmentation de la population, c’est un problème grave car la terre a atteint ses limites, et on n’a pas une autre Amérique à découvrir, quant aux exo planètes pour accueillir des migrants, je crois que c’est une utopie.

  2. jjbey 08/02/2020 / 23h48

    Les surfaces cultivables ne sont, et de loin, pas toutes utilisées et la pénurie alimentaire ne peut venir que de catastrophes. Je suis en ce moment en plein désert et je peux prouver que là où l’homme a décidé de faire pousser quelque chose ça pousse. Pour avoir également connu les espaces désertiques cultivés en Lybie, je reste profondément optimiste sur ce sujet mais encore faut-il investir dans ce domaine qui n’est pas d’une rentabilité immédiate.

  3. fanfan la rêveuse 09/02/2020 / 7h16

    Pas de souci Michel, j’ai vu un reportage sur la solution qu’en à ce problème, la culture sur plusieurs étages, ceci est déjà en place.

    Je vous dépose des liens : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1057425/fermes-verticales-agriculture-urbaine-newark-new-york-fruits-legumes-autosuffisance-alimentaire-environnement-energie-eau

    https://youtu.be/Tp1zGmt7m9w

    L’Homme est ingénieux mais attention de ne pas être un apprentie sorcier…

Les commentaires sont fermés.