Ci-dessous un débat entre deux économistes. Chaque lectrice lecteurs peut avoir et il serait anormal qu’il en fut différemment, une autre analyse de la propriété. Tous les articles postés sur ce blog n’ont pas la prétention d’exprimer la vérité absolue, mais simplement d’aider à réfléchir. MC
En suivant le fil rouge de la question de la propriété, les deux débatteurs n’ont pas tardé à opposer leurs approches. Thomas Piketty, ancien soutien de Benoît Hamon en 2017, professeur à l’École d’économie de Paris et chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), a tenté de faire valoir l’approche historique et statistique développée dans ses deux grands ouvrages au succès retentissant, le Capital au XXIe siècle et Capital et idéologie. Son credo, l’absence d’horizon, provoquée par l’effondrement des régimes communistes soviétiques, nous conduit au creusement des inégalités.
En réponse, Frédéric Lordon, directeur de recherches au CNRS, figure de Nuit debout et économiste hétérodoxe, a opposé son approche philosophique, invitant à retourner à Marx et à sa lecture du capital comme rapport social et non seulement comme propriété matérielle.
Thomas Piketty, plus rond dans son discours, a invité à ne pas se tromper d’ennemi. Il a proposé de repenser la propriété à partir de la cogestion et d’un socialisme participatif, en fonction de la taille des entreprises, rappelant qu’une des causes premières de l’échec soviétique aura été le refus de toute propriété, y compris à petite échelle. Refusant la subversion de l’intérieur, Frédéric Lordon a opposé sa dénonciation de l’actionnariat salarié, « arnaque de premier ordre, machine à briser l’unité politique », en réaffirmant son refus de tout compromis, la CFDT et le PS étant à ce titre « promis au ridicule historique ».
Toujours vifs et marqués, les échanges ont encore roulé sur les questions de la prise de pouvoir, du rapport aux élections et du poids des traités européens. Après plus de deux heures, la salle chauffée à blanc dans toutes ses tendances aura pu s’adresser directement aux deux duellistes. Une intervenante a résumé au mieux ce rapprochement difficile entre le penseur modéré et technique des inégalités et l’un des philosophes actuels de la révolution, pour qui il est grand temps de ne plus « préférer notre merdouille commune au risque de faire le grand pas ». Après avoir comparé cette rencontre au clash entre les deux rappeurs Booba et Rohff, ce qui n’a pas manqué d’amuser l’assistance, elle a élargi encore les débats en citant la figure de Thomas Paine et le salaire à vie.
À la conclusion des débats, Thomas Piketty est reparti sur la question des retraites en appelant à sortir de l’idéologie contributive qui oublie les inégalités d’espérance de vie, en faisant valoir les projets alternatifs des insoumis et de la CGT. Pour Lordon, les capitalistes ne se laisseront pas faire, sauf révolution.
Nicolas Mathey – Source
La propriété est une garantie constitutionnelle, mais est elle un droit de l’homme?
Pour Rousseau la propriété est un vol.
L’URSS possédait les terres les plus fertiles d’Europe, et pourtant elle était incapable de nourrir sa population. Et je peux croire que c’est l’absence de propriété privée.
C’est vrai que le rêve de millions de personnes c’est d’avoir sa maison et son jardin. Et ce rêve est un moteur de l’ambition et, grâce à l’endettement, un moyen de pression considérable.
La propriété, comme beaucoup de choses, a son côté pile et face. Mais c’est d’abord l’abus qui doit être régulé.
La Chine achète des millions d’hectares en Afrique, condamnant des africains à la famine.
La loi du plus fort le lui permet, et pourtant c’est pour une juste cause: nourrir les chinois dont le pays est surpeuplé.
Donc si je suis le raisonnement de ta dernière phrase Bernard, et bien sûr en grossissant le trait, accaparer des terres d’un pays et les exploiter le sol ou sous-sol par des états étrangers (ou des entreprises étrangères), quitte a déplacé les autochtones ou à les réduire à un esclavage moderne, afin de nourrir une nation, une entreprise accapareuse, serait permis au nom de la nécessité de nourrir un peuple ?
Oui je sais bien et j’ai prévenu dès le départ que j’avais grossi le trait mais …
Pour le reste, sur la notion de propriété : que vaut-il mieux payer un loyer et des charges pour un logement tout au long de sa vie sans en être acquéreur, sans pouvoir faire les travaux ne serait-ce que de réparation usuelle, toute sa vie se retrouvant à la merci des desiderata de propriétaire d’un côté et de l’autre s’endetter en nourrissant pendant vingt ou trente ans un système bancaire pour qu’à l’épuration de la dette, souvent au moment de la retraite, au moment où on acquit le plein droit de la propriété, il faut alors que très souvent les revenus ont largement baissé, encore aménager voir réaménager le bien… Je n’ai encore pas la solution d’autant qu’au décès des propriétaires, les enfants souvent dilapident ou s’écharpent les trois quarts du temps, détruisant la propriété chèrement acquise par leurs parents. Pessimiste même pas simple réalité.
Cordialement
Michel
Combien de milliards d’années depuis la naissance de cette terre? Alors quelle signification peut avoir un titre de propriété qui fait d’un individu le possesseur d’un brin de cette terre? 40, 50 ans; souvent moins, des années de peines pour une jouissance passagère alors que le mise à disposition des richesses de la terre à l’ensemble de l’humanité permettrait de conjuguer le mot bonheur par le plus grand nombre.
Nous ne sommes plus malheureusement dans les 30 glorieuses !
Globalement, les gens vivaient et travaillaient au pays, çà a changé, (Jean Ferrat l’a pointé) et chanté). C’est vrai aussi qu’alors le Crédit Foncier n’assommait pas les emprunteurs, comme les banques aujourd’hui, et qu’il n’y avait pas non plus de spéculation foncière, qui repousse aujourd’hui les salariés loin des centres ville, et je ne parle pas que de la région parisienne, (Il faut alors un ou 2 véhicules, pour aller au boulot).. si les transports en commun ne sont pas appropriés. Mais les montants des loyers sont aussi dissuasifs, exemple sur mon palier, petite copro sympa de 20 ans construite par la société d’économie mixte de la ville, de nombreux accédants partis, mais loueurs : 1.000€ un studio meublé, 1.200 € un 2 pièces vides et place de parking, 1.500 €pour un 3 pièces. Aussi, vois-je les locataires se succéder.. Ne sont pas tous cadres supérieurs.. sont vite asphyxiés..
Par ailleurs il faut patienter longtemps pour espérer se loger dans le parc social, et remplir les critères d’accessibilité… même avec la part de l’employeur. Comment se constituer un apport personnel dans ces conditions ? Nos parents achetaient certes pour se loger, avoir un jardin, le cultiver, manger les fruits et légumes, mais aussi pour transmettre.
Aujourd’hui, les questions de logement, de sécurité du travail, de niveau des salaires, et de l’inégalité salariale scandaleuse entre hommes/femmes, du chômage des jeunes et des quinquas, le niveau des retraites et ce qu’on nous concocte sont toutes plus que préoccupantes et devraient ensemble se trouver au centre de tous les débats.
Je ne fais qu’évoquer la question de la santé…
Désolée pour la longueur du texte.
La propriété est le premier facteur d’inégalité, et pour moi, qui n’ai eu ni héritage, ni aide de ma famille, mon premier but a été d’avoir ma maison et mon jardin. C’est injuste par rapport à ceux qui ne pourront jamais. Mais quand on regarde les pays où la propriété a été supprimée on découvre que les conditions de vie y sont déplorables, sauf les hauts fonctionnaires, la nomenclatura, qui a des dacha. Pour répondre à Michel sur les achats de terre par la Chine, je ne dis pas que j’approuve, mais c’est très révélateur de l’ambiguïté des bonnes intentions et de la propriété : nourrir les chinois ne justifie pas d’affamer les africains.