Avec l’institut IPSOS, deux laboratoires d’idées, l’un français, la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), l’autre américain, l’International Republican Institute (IRI), ont mené une enquête dans 42 pays, interrogeant 36.395 personnes, en 33 langues, sur l’actualité politique.
Il y a une évidente lucidité des sondés sur le fonctionnement du monde. Quand on leur demande « Qui décide ? », ils répondent : les riches, les puissances transnationales comme les grandes entreprises, les marchés financiers. 6 % seulement pensent que c’est le peuple qui détient le pouvoir.
En même temps, et sans surprise, on y retrouve une défiance généralisée à l’égard de l’État et des institutions. Un doute croissant tend à s’exprimer à l’égard de la démocratie. Comme si le régime démocratique apparaissait inadapté au nouveau monde, celui des défis climatiques ou terroristes, des crises financières, des mouvements migratoires. On est sceptique à l’égard des femmes et des hommes politiques, on en appelle aux experts, aux hommes forts. Il y a dans l’air une demande d’autoritarisme. Les institutions d’ordre, l’armée, la police, sont appréciées.
Plus grave, l’enquête montre que ces sentiments sont forts dans la jeunesse. « Les nouvelles générations prennent leurs distances à l’égard des principes et des valeurs de la démocratie », estime Dominique Reynié de Fondapol. Anne Muxel du CEVIPOF (Centre d’étude de la vie politique française), spécialiste de la jeunesse, ajoute qu’il existe chez les jeunes « la tentation radicale d’un recours à la force et au leadership autoritaire ».
Nous nuancerons cependant ce tableau noir en faisant remarquer que si les citoyens se disent globalement déçus, ils restent attachés au principe démocratique ; ils continuent d’attendre beaucoup d’une intervention citoyenne, et ils plaident pour une coopération européenne (et internationale) pour « affronter la globalisation ».
Ajoutons que les jeunes ont plus confiance que leurs aînés dans les syndicats et dans les associations, et que les deux secteurs qui inspirent le plus confiance aux jeunes et aux autres, bien au dessus des média, des religions, de la police et de l’armée, ce sont l’école et la santé (hôpital et professions médicales).
Gérard Streiff. Cause commune n° 13. Source https://www.causecommune-larevue.fr/la_democratie_a_moins_la_cote
Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), a édité : « DÉMOCRATIES SOUS TENSION »
Pour les passionnés d’études sur la démocratie nous vous conseillons de vous procurer les deux volumes consacrés à son exercice dans différents pays du monde. MC
L’idée démocratique a bouleversé le monde. Elle fonde un ordre politique dont la grandeur est d’assujettir l’exercice du pouvoir au consentement des gouvernés. Depuis l’antique et glorieuse cité athénienne, l’idée a cheminé, par la terre et par la mer. Le Bill of Rights anglais de 1689, la Constitution américaine de 1787 et la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ont marqué avec éclat l’avènement de la liberté politique dans le monde. Elle s’est répandue en Europe au XIXe siècle, accompagnant l’éclosion des nations dans la puissance émancipatrice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Au XXe siècle, elle a triomphé des tyrannies modernes, renversant les régimes fasciste, nazi et leurs alliés, puis l’a emporté sur le communisme, au terme d’une guerre froide qu’est venu clore l’effondrement de l’URSS.
Cependant, l’entrée dans le XXIe siècle a vu l’horizon s’assombrir. Il ne s’agit plus seulement de conforter le processus démocratique là où il est encore fragile mais de protéger, voire de défendre, des démocraties installées. Triomphe paradoxal de l’Occident, la globalisation déstabilise les démocraties tout en offrant des opportunités inédites de développement et d’affirmation à des puissances qui n’ont pas toutes l’intention de s’engager sur le chemin de la liberté. Pour la première fois depuis son avènement, la démocratie a perdu l’assurance d’inspirer le monde.
C’est dans ce contexte, inédit et trouble, que nous avons voulu associer nos deux institutions : d’un côté, la Fondation pour l’innovation politique, un think tank français attaché à la défense des valeurs de liberté, de progrès et aux idéaux de l’Union européenne ; de l’autre, l’International Republican Institute, un think tank américain qui promeut la démocratie dans le monde. Les résultats de cette étude internationale, effectuée dans quarante-deux démocraties, sont présentés ici sous le titre Démocraties sous tension.
Ce coffret comprend deux volumes : le premier volume est consacré aux thèmes et aux enjeux, tels que la confiance dans les institutions, l’adhésion au modèle de la démocratie représentative, le soutien à l’avortement ou à la peine de mort, le déclin des valeurs démocratiques au sein des nouvelles générations, etc. ; le second volume est dédié aux quarante-deux pays de l’enquête avec, pour chacun d’eux, une fiche synthétique sur l’état de l’opinion nationale. Afin de classer chaque pays par rapport à tous les autres, nous proposons au lecteur un « indice de culture démocratique ».
Il importe de préciser que l’intégralité des données de l’enquête seront mises à la disposition du public, dès le 6 juin 2019, dans les trente-trois langues utilisées, en open data, sur les sites respectifs des trois think tanks. Enfin, nous ne voulons pas terminer sans adresser nos plus vifs remerciements aux équipes des think tanks, aux auteurs, à toutes les personnes, nombreuses, qui ont permis la réalisation de ce travail par leur compétence et leur dévouement. Nous espérons contribuer ainsi à mieux connaître le jugement que les opinions publiques portent sur leur système démocratique en particulier et sur la démocratie en général. Nous espérons aussi nourrir les échanges et favoriser les chantiers communs, entre les sociétés civiles du monde démocratique, notamment des deux côtés de l’Atlantique.
Eventuellement – Lien pour commander cet étude http://www.fondapol.org/etude/commandez-des-a-present-le-coffret-democraties-sous-tension/
La démocratie pour faire perdurer un système qui écrase les petits normal qu’elle perde des plumes. Le communisme en soi n’est pas un système oppressif, certains qui s’en prévalaient ont oublié le mot liberté ………….. et c’est beaucoup.