À première vue, on pourrait croire qu’il n’y a plus guère de tabous au cinéma. Même les films « mainstream » peuvent comporter des scènes de pénétrations non simulées (et si elles déclenchent parfois un léger parfum de scandale, il est vite transformé en argument de promo).
Mais ce qui serait extrêmement mal perçu, c’est l’ambiguïté sexuelle à l’égard d’adolescents, et pire, évidemment, d’enfants. Ça, c’est la transgression ultime.
L’histoire du cinéma est pourtant jalonnée de chefs-d’œuvre dont on se dit qu’ils ne pourraient plus être réalisés aujourd’hui : le spectre d’une mise au ban refroidirait vite l’enthousiasme des financeurs et des distributeurs.
Le cas le plus emblématique est le film de Kubrick Lolita (1962), inspiré du roman éponyme de Nabokov, qui relate l’histoire torride et passionnelle entre un homme mûr et l’une de celles qu’il appelle «nymphettes ». Il y a d’autres films moins connus, mais tout aussi transgressifs.
Ainsi, la scène culte des Galettes de Pont-Aven, de Joël Séria (1975), déclencherait de nos jours des levées de boucliers. On y voit Jean-Pierre Marielle s’extasier tendrement devant une jeune fille : « Ô Marie, je t’en supplie, fais-moi voir ton minou […] Tu es vierge? […] T’es une enfant, c’est fou […] Ô mon petit lapin, je bande, je bande, allonge-toi… [. ..] Ah ! nom de Dieu de bordel de merde, ah ! je suis content, mon ange… »
Dans Beau-père, de Bertrand Blier (1981), une fille de 14 ans s’acharne à séduire le compagnon de sa mère décédée (Patrick Dewaere), qui, après quelques vagues résistances – « Je ne suis pas encore assez vieux pour être intéressé par les petites filles » -, finit par succomber aux charmes de l’adolescente.
On peut encore citer Pink Flamingos, de John Waters (1972), dans lequel l’actrice Divine gratifie d’une fellation incestueuse (et non simulée, cela se voit très bien) un jeune homme qui joue le rôle de son fils.
Il serait dommage de ne pas citer La Comédie de Dieu, de Joào César Monteiro (1995), où un quinquagénaire collectionne les poils pubiens de jeunes filles, qu’il classe dans son album baptisé Le Livre des pensées. Et cette liste est loin d’être exhaustive.
Que les choses soient claires : la pédophilie est interdite, et elle ne doit faire l’objet d’aucune tolérance. Il est vrai que ces films ont été réalisés à une époque où la société fermait davantage les yeux sur les relations sexuelles entre adultes et mineurs. Sauf que là, on parle de fictions, et non de réalité.
Les meurtres sont tout aussi illégaux et immoraux que la pédophilie, et pourtant les films de gangsters ou de serial killers sont admis. Les ligues de défense de l’enfant ont un argument massue : la représentation de pulsions pédophiles faciliterait le passage à l’acte des détraqués.
Déjà, il faudrait prouver que le visionnage de Lolita pousse les spectateurs masculins à draguer à la sortie des écoles. Ce n’est pas parce qu’on voit un film de gangsters ou d’horreur qu’on va se mettre à braquer une banque ou à acheter une tronçonneuse pour découper des jeunes filles en morceaux.
Soit on considère que la fiction favorise le passage à l’acte, et alors il faut vite interdire les films policiers, soit on estime que le spectateur est suffisamment adulte pour faire la part des choses, et il n’y a pas de raison d’être paniqué par les créations qui flirtent avec la pédophilie.
Cependant, il arrive que la caution artistique cache de vrais comportements pervers. Ce fut le cas pour David Hamilton, dont les photographies érotiques de jeunes filles ont longtemps été publiées sans déclencher de scandale, jusqu’à ce que l’animatrice Flavie Flament l’accuse de l’avoir violée lorsqu’elle était mineure (révélation dont on peut supposer qu’elle n’est pas étrangère au suicide du photographe, en 2016).
Mais il serait malhonnête d’utiliser cet argument pour discréditer tous les artistes : que je sache, ni Blier pi Kubrick ni Marielle n’ont été soupçonnés de pédophilie, dans la réalité.
Certains pourraient se réjouir de l’actuelle frilosité des artistes sur ces thèmes (frilosité justifiée, vu le nombre de procès, pétitions, ou plaintes qui ne tardent pas à pleuvoir).
Personnellement, je préfère vivre dans une société où les pédophiles sont sévèrement punis, les artistes libres de créer des œuvres comme Lolita ou Les Galettes de Pont-Aven, et les citoyens considérés comme des gens responsables.
Antonio Fischetti. Charlie hebdo. 07/01/2000
Le tabou de tuer un autre être humain est plus puissant que celui de l’inceste, c’est pour ça que les gens ne tue pas aprés avoir vu un film de sérial killer. Le premier est du côté de la mort, et le second est du côté de la vie (reproduction biologique). Et quand tu dit pédophilie tu parle de qu’elle age? Que penserai tu d’un film oú un/une adulte essai de séduire une/un enfant de sept ans?
Bonjour à toi-vous,
Il ne me semble pas que nous ayons déjà eu l’occasion d’échanger des avis au sujet d’un texte posté sur ce blog, toutefois la fin de ton-votre commentaire m’interpellant directement je me permets d’y répondre.
j’ai eu beau lire et relire le texte portant sur « le cinéma d’Papa », je ne vois pas en quoi il fait l’apologie de la pédophilie.
Cet article indique « simplement » qu’un certain nombre de films, d’œuvres littéraires qui ont existé à travers les siècles, auraient du mal à être programmés, édités de nos jours ou une forme de censure qui ne dit pas son nom, qui se veut moralisatrice sans vraiment l’être, parlant de harcèlements, d’attouchements tactiles à tout bout de champ – qui, comme un fait du hasard, n’existe que dans certains milieux alors qu’il est autant hélas, cent fois hélas, pratiqués tout en bas de l’échelle populaire, (tout en oubliant le harcèlement morale).
À titre indicatif, ce texte appartient au signataire mentionné en pied de l’article.
Pourquoi j’ai choisi cet article et l’ai posté sur ce ce blog : parce que je pense et je ne voudrais pas apparaître comme affreux moraliste, censeur des dérives de la société, juste qu’il y a une vulgarisation nauséeuse dans l’étalement de l’hémoglobine, la banalisation filmique de la mort, l’acceptation de scènes de viols ou pornographiques dans les productions qu’elles soient cinématographiques ou dans les séries télévisuelles, ou même la diffusion d’images de guerre sans aucune précaution dans les JT.
Mais peut-être que je me trompe, si c’est le cas je te-vous remercie d’avance de me le faire remarquer.
Très amicalement
Michel
Conclusion: puisque on peut étaler l´hémoglobine, pourquoi ne pas pouvoir étaler quoi que ce soit (d´accord c´est moi qui le dit pas vous). Mais por moi au moin, tout les sujets de l´art ne sont pas égales. Personnellement je ne crois pas á la liberté sans frontière de l´Art, bien que j´adore l´Art et je crois qu´il doit avoir plus de droit que le restant des activitées humaines, mais pas tout les droits. Reste a savoir qui pose les limites.
PS: je VOUS ai interpellé parce que je me savais pas que c´était « à ne pas faire », je VOUS présente toutes mes excuses et je retiens la leçon 🙂
Re bonjour à vous,
Votre dernier commentaire « conclusions » me laisse dubitatif.
Je pense que la raison en est une incompréhension et sans doute en suis-je responsable n’ayant pas assez expliqué, voir trouvé les mots justes pour expliquer la mentalité régnante dans la société actuelle faite de reproches envers l’étalement des mœurs dissolues, dont certains devrait être fermement condamné.
Ils n’étaient jamais évoquée dans les médias, les actualités télévisées, les films, il y a cinquante ans. Y avait-il à cette époque autant de dérives morales aboutissant à des actions juridiques qu’actuellement?, à vrai dire vu de mes soixante-dix-neuf ans, je n’ai pas se souvenir. Pourtant les dérives étaient certainement aussi importantes qu’actuellement, mais n’étaient pas « montées en épingle » comme le sont actuellement, faisant l’objet (peut-être sans le vouloir) d’une vulgarisation des excès des diverses déviances. Sans doute citant mon âge, vous vous exclamerez : « je comprends, ce sont les propos d’un vieux croûtons ».
S’il vous arrive de prendre connaissance de mon parcours personnel (que j’ai souvent évoqué dans des commentaires), notamment culturel, vous accorderez avoir le souci de faire vivre la connaissance et l’art en particulier en essayant -mais vous m’accorderez que cela est très difficile- d’être le plus neutre possible.
Dans le même esprit, je suis pour le dialogue car il est toujours enrichissant de connaître d’autres positions vis-à-vis d’événements, ils contribuent à découvrir la source et sa compréhension et expansion dans la population.
En conclusion, j’espère pouvoir aussi souvent que possible, dialoguer, échanger, voir à s’expliquer amicalement ensemble sur ce blog ou si vous le souhaitez plus longuement, en dehors de ce blog.
Permettez-moi de rappeler une dernière chose, pour des raisons personnelles, j’utilise un logiciel de dictée qui quelquefois traduit de façon phonétique certains mots importants changeant hélas, la tournure des textes que j’introduis dans ou autour des articles . Articles « piqués » dans les différents médias existants, sans un choix arbitraire et défini au préalable vis-à-vis des événements. Trop souvent je néglige une relecture avant « poste » et laisse « passer » trop de fautes de langage, comme orthographiques. D’avances veuillez m’en excuser.
Très cordialement
Michel
Je vous remercie de vos efforts. Et je m´excuse à nouveau, c´est moi qui devrait utilisé plus de mot pour m´exprimer. J´ai la fâcheuse habitude de croire que les autres peuvent lire dans mes pensées.
Ceci dit, je déclare formellement que j´avais compris dès le début le but de votre premier post. C´est a dire relayer un article de Charlie Hebdo oú Mr. Fischetti faisait part de son opinion « Urbi et Orbe ». Et bien moi je dit que c´est vrai, aujourd’hui ce serait très difficile de faire passer a la TV, un film comme Lolita; et je trouve que c´est bien comme ça.
Malheureusement le monde n´est pas parfait, et en attendant que l´éducation est eu le temps de construire un monde avec des individus du plus haut niveau spirituelle, il faut prendre des mesures pour éviter, si possible, toutes dérives dangereuses de certains individus (très peu certainement) pour préserver la vie des enfants.
Je suis conscient des possibles conséquences totalitaristes (très en vogue aujourd’hui aussi, et qui sont toujours une tentation humaine) mais je préfère ce risque a celui d´une vie d´une personne détruite par un monstre.
Toutes les opinions sont intéressantes, mêmes celles des personnes de 79 ans 🙂 (je penses jamais au vieux croûton 🙂 )
PS: je suis espagnol et mon français, surtout écrit, est très rouillé, je m´excuse pour les fautes d´orthographes 🙂
RE-re-bonjour ami espagnol,
C’est avec un très grand plaisir que j’ai pris connaissance de ce dernier commentaire qui conforte ma première appréciation.
Nous avons bien la même lecture, la même position en ce qui concerne les dérives actuelles des mœurs.
Un grand merci pour ce texte.
Très amicalement
Michel