Iran-Irak : Que cherchent les Etats-Unis?

La Maison-Blanche et le Pentagone pouvaient-ils ignorer les conséquences dramatiques qui vont immanquablement découler de cette attaque?

Analyse.

C’est peu dire que l’assassinat par les États-Unis du général iranien Qassem Soleimani ouvre une période particulièrement explosive dans une région qui avait besoin de tout sauf d’un tel acte de piraterie.

Une fois la nouvelle annoncée dans la nuit de jeudi à vendredi [2-3 Janv 2019], les réseaux sociaux ont résonné (plus que raisonné) de commentaires plein de passions terribles, d’appel à la vengeance ou de joie non réprimée. « Le général Qassem Soleimani a tué ou grièvement blessé des milliers d’Américains sur une longue période et prévoyait d’en tuer beaucoup d’autres (…) Il était directement ou indirectement responsable de la mort de millions de personnes », a ainsi tweeté Donald Trump qui ne craint jamais l’outrance et qui a donné l’ordre de la mise à mort sans même demander son avis au Congrès américain comme il aurait dû le faire.

[N’oublions pas que le peuple américain s’apprête à voter le mi mandat … et que Donald Trump n’est pas sûr de conserver son poste.

Il est évident que ce personnage fantasque a diligenté cette alarmante exécution dans le noir dessein de récupérer des votes en sa faveur. MC]

« Le président Trump amène notre nation au bord d’une guerre illégale avec l’Iran, sans l’approbation du Congrès », a ainsi fustigé le sénateur démocrate Tom Udall. Le chef démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Eliot Engel, estime que « mener une action de cette gravité sans impliquer le Congrès soulève de graves problèmes légaux et constitue un affront aux pouvoirs du Congrès », ajoutant que « l’action de ce soir (dans la nuit de jeudi à vendredi, ndlr) représente une grave escalade dans notre conflit avec l’Iran avec des conséquences imprévisibles ».

La question qui se pose désormais est: que cherchent les Etats-Unis?

La Maison-Blanche et le Pentagone pouvaient-ils ignorer les conséquences dramatiques qui vont immanquablement découler de dette attaque?

L’Irak dit redouter « une guerre dévastatrice » sur son sol après le raid inédit qui a tué l’homme-clé de l’influence iranienne au Moyen-Orient et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, ces paramilitaires irakiens majoritairement pro-iraniens. Peu après Moktada Sadr, qui a réactivé l’Armée du Mahdi, appelait ses combattants à se « tenir prêts ».

L’Iran – qui a déjà désigné Esmaïl Qaani comme nouveau chef de la force al-Qods – promet de venger la mort du général Soleimani « au bon moment et au bon endroit ». […] Voici la boite de Pandore ouverte. Les conséquences sont imprévisibles pour l’Irak d’abord, le Moyen-Orient ensuite et finalement pour l’ensemble de la planète. Les prix du pétrole ont déjà bondi de plus de 4%.

[…]


Pierre Barbancey. Titre original : «Irak. Washington pose les bases d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient ». Source (extrait)


Ce que la mort de Soleimani signifie pour Israël

Dans la presse israélienne, les commentateurs divergent sur les conséquences que pourrait avoir pour Israël l’assassinat par les États-Unis du chef de la puissante brigade Al-Qods des Gardiens de la révolution, et du chef irakien de la milice pro-iranienne la plus puissante d’Irak.“Le général Qassem Soleimani [assassiné à Bagdad le 2 janvier dans une attaque revendiquée par les États-Unis] était l’une des figures militaires les plus influentes en Iran. Impliqué dans des activités militaires iraniennes dans de nombreux pays tels que l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie et le Caucase, il a joué un rôle essentiel dans la montée en puissance du Hezbollah libanais et la constitution de milices chiites pro-iraniennes dans la guerre civile syrienne”, rappelle Yasser Oqbi dans Maariv.

Pragmatique, il fut l’un de ceux qui, au sein du régime iranien, encouragèrent une coopération tacite avec l’Occident après les attentats du 11 Septembre et contre l’État islamique. Il fut l’un des personnages politiques les plus importants de la République islamique et il ne rendait de comptes qu’au Guide suprême de la Révolution, Ali Khamenei. Sa disparition est une lourde perte pour l’Iran et nul ne sait quelle sera la réaction de Téhéran.”

  • Une guerre d’usure aux conséquences imprévisibles

L’attaque américaine a également causé la mort de Jamal Jaafar Ibrahimi, chef des Kataëb Hezbollah (brigades du Parti de Dieu), l’une des milices pro-iraniennes les plus puissantes (25.000 hommes) d’Irak, laquelle opérait également sur le front syrien et sous le commandement de Qassem Soleimani.

Dans Ha’Aretz, Yossi Melman souligne que, « surnommé Abou Mahdi Al-Mouhandis (l’ « Ingénieur »), Ibrahimi a joué un rôle de premier plan dans la guerre civile syrienne et dans l’implantation de milices chiites inféodées à Téhéran de plus en plus près du territoire israélien ». Sa disparition est donc a priori un soulagement pour Israël. Mais Yossi Melman se veut prudent : « Trump a renversé la table contre l’Iran, l’Irak et la Syrie, mais il n’y a aucune raison de croire que l’Iran abandonnera ses tentatives de renforcer son influence et son hégémonie dans la région. La guerre d’usure à laquelle Israël et l’Iran se livrent, directement ou par procuration, va se poursuivre. »

  • Quelles seront alors les conséquences du double assassinat de l’Iranien Soleimani et de l’Irakien Ibrahimi pour Israël ?

Pour Ron Ben Yishaï, chroniqueur militaire de Yediot Aharonot, « du point de vue d’Israël, Washington vient de porter un coup dur à l’un de nos ennemis les plus implacables. Et il va falloir du temps aux Iraniens pour réorganiser la Force Al-Qods et restaurer les relations de confiance qu’il avait créées au Liban et en Syrie. L’Iran ne va évidemment pas rester sans réagir. Sans entrer en guerre contre les États-Unis et Israël, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour restaurer le prestige et surtout le statut moral du Guide suprême mais il lui faudra du temps pour préparer une telle vengeance, et les Iraniens ne sont pas pressés. »

[…]


Pascal Fenaux. Courrier international. Source (Extrait)


4 réflexions sur “Iran-Irak : Que cherchent les Etats-Unis?

  1. bernarddominik 04/01/2020 / 21h21

    Trump utilise des procédés de voyou, mais l’Iran fait de même. Qu’un religieux appelle à la vengeance montre qu’en Iran on met Allah à toutes les sauces, ce qui montre bien que la religion y est plus une affaire de pouvoir que de croyance. Et si on s’en tient à la lettre ce sont des blasphémateurs. Trump provoqué les iraniens pour les pousser à l’irréparable.

  2. jjbey 04/01/2020 / 22h40

    La guerre a toujours été historiquement un moyen pour le capitalisme de sortir de ses crises. Trump aux manettes, aucune raison de croire autre chose et tant pis pour les peuples………….

  3. Toutarmonie 06/01/2020 / 5h24

    Vu d’ici Trump fait peur.

    C’est comme de laisser un enfant de 2 ans conduire un autobus!
    Orgueilleux comme il l’est, faisant face à une possible destitution, c’est le genre à vouloir démontrer qui est au commande.
    Très dangereux!
    Zéro diplomatie.

    Quand Twitter devient la voix officielle d’un président c’est qu’on est dans la merde! 😔

    • Libres jugements 07/01/2020 / 14h36

      Bonjour à vous et merci pour votre commentaire,
      Il est tout à fait vrai que le maintien à ce poste Présidentielle de Donald Trump appartient au peuple étasunien.
      Avant lui la famille Bush n’avait pas fait mieux avec l’Irak même si les mensonges étaient gros il a servi de couverture pour provoquer une guerre.
      Avant lui un certain Nicolas Sarkozy, aidé d’un BHL, à bien détruit la Libye… ce qui nous à valu une émigration sans précédent en Europe. Mais qu’importe il a pu « venger son honneur ».

      Si il y a une moralité à tirer de cette affaire, ou plutôt de ses affaires au niveau mondial, serait que lors des élections dans chaque pays, l’information complète et réelle ne soit pas donnée selon des axes voulus par une société qui derrière gouverne tout, je veux parler des hauts financiers qui tirent les ficelles et tirerons toujours des profits de toutes les façons quel que soit le « pantin » mis en place.

      Fraternellement
      Michel

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