Une faille majeure traverse les sociétés occidentales, séparant le peuple des confiants de celui des inquiets. Les uns croient au progrès pour eux et leurs enfants, les autres n’en perçoivent que l’envers.
Il y a ceux qui vibrent encore à l’idéal libéral du XIXe siècle, le progrès apportant l’élévation morale de la société, et ceux qui le rejettent par crainte d’un monde où ils n’auraient plus leur place.
Qui a raison ?
Ce qui compte, c’est cette faille et le risque qu’elle ne s’élargisse encore en 2020.
On sait ce qu’elle génère de frustrations, ce qu’elle libère de colères, ce qu’elle fabrique d’angoisses : mes enfants, de quel côté tomberont-ils ? Seront-ils confiants ou inquiets ?
Le défi des années à venir sera de répondre à ces inquiétudes, faute de quoi nos démocraties feront face à des formes de contestation de plus en plus virulentes.
Renverser la table ? Recréer de l’unité dans des sociétés occidentales morcelées devrait être la mission des dirigeants et de ceux qui aspirent à l’être, mais tous, hélas, ne l’entendent pas ainsi et certains prospèrent sur le postulat inverse, attisent les antagonismes, provoquent. Non sans succès électoraux.
La démocratie, comme la vérité, est ennuyeuse. Il faut négocier avec patience des compromis, s’asseoir à une table, discuter, savoir écouter. C’est moins théâtral que d’exiger une tête ou de brandir un scalp. Mais c’est pourtant nécessaire si l’on veut éviter les dérives et recréer du lien.
[…] Dans ce pays […] on s’enivre de mots, de grands mots qui sonnent fort, égalité ! justice ! que l’on oublie l’instant d’après dans des combats sans gloire pour préserver tel avantage dont ne bénéficie pas le voisin. Renverser la table oui, mais pas la sienne…
La France mérite mieux. […] N’aggravons pas la grande faille qui menace nos sociétés.
Avis :
Vous venez de lire un texte. Notre propos n’est pas de dire s’il est bon ou mauvais, il est le résultat de notre analyse/synthèse d’un texte. Certaines, certains y verront un choix délibéré et sélectif de la prose de l’auteur de cet article et peut-être un détournement moral. Aussi exceptionnellement laissons nous à chacune, chacun la possibilité de se faire une idée entre notre sélection et le texte original que vous trouverez ci-dessous. Nous espérons que l’auteur de l’article Nicolas Barré, ne nous en voudra pas de diffuser l’intégralité de son texte. MC
La grande faille de 2020
Comme des continents qui s’éloignent… Une faille majeure traverse les sociétés occidentales, séparant le peuple des confiants de celui des inquiets. Les uns croient au progrès pour eux et leurs enfants, les autres n’en perçoivent que l’envers. Il y a ceux qui vibrent encore à l’idéal libéral du XIXe siècle, le progrès apportant l’élévation morale de la société, et ceux qui le rejettent par crainte d’un monde où ils n’auraient plus leur place.
Qui a raison ? Peu importe au fond. Ce qui compte, c’est cette faille et le risque qu’elle ne s’élargisse encore en 2020. On sait ce qu’elle génère de frustrations, ce qu’elle libère de colères, ce qu’elle fabrique d’angoisses : mes enfants, de quel côté tomberont-ils ? Seront-ils confiants ou inquiets ? Le défi des années à venir sera de répondre à ces inquiétudes, faute de quoi nos démocraties feront face à des formes de contestation de plus en plus virulentes.
Renverser la table ? Recréer de l’unité dans des sociétés occidentales morcelées devrait être la mission des dirigeants et de ceux qui aspirent à l’être, mais tous, hélas, ne l’entendent pas ainsi et certains prospèrent sur le postulat inverse, attisent les antagonismes, provoquent. Non sans succès électoraux. La démocratie, comme la vérité, est ennuyeuse. Il faut négocier avec patience des compromis, s’asseoir à une table, discuter, savoir écouter. C’est moins théâtral que d’exiger une tête ou de brandir un scalp. Mais c’est pourtant nécessaire si l’on veut éviter les dérives et recréer du lien.
L’année écoulée l’a tristement montré : les Français ont une capacité inégalée à s’inventer des révoltes et des têtes à couper. Dans ce pays champion du monde de la redistribution, on s’indigne d’inégalités largement fantasmées. On se fabrique de grandes causes, on se prend pour l’histoire en marche en s’imaginant que le monde nous regarde, on s’enivre de mots, de grands mots qui sonnent fort, égalité ! justice ! que l’on oublie l’instant d’après dans des combats sans gloire pour préserver tel avantage dont ne bénéficie pas le voisin. Renverser la table oui, mais pas la sienne… La France mérite mieux.
On comprend bien sûr ce que l’évolution de notre monde peut avoir de déroutant. Le numérique : irrigation féconde de nos vieilles industries ou tsunami destructeur ? L’abolition des distances, l’ouverture des frontières, la liberté des échanges : richesse ou nivellement ? Les réseaux sociaux : progrès ou surveillance permanente ? Dialogue ou haine ?
Le parti des inquiets sera toujours plus facile à rallier que celui des confiants. Eh bien ! justement, ne choisissons pas la facilité. Parions sur la confiance et le progrès, pas sur des mirages et des mensonges. N’aggravons pas la grande faille qui menace nos sociétés
Nicolas Barré. Les Echos. Titre original : « La grande faille de 2020 ». Source
En ce qui me concerne je constate que mes 3 enfants vivent mieux que moi à leur âge. Même si, grâce à l’incroyable plus value de l’immobilier entre Marseille et Aix, j’avais potentiellement acquis plus de « capital ». Je compare aussi aux autres enfants de leur âge sur ma commune, et je vois bien que les avoir sans cesse corrigé quand ils s’exprimaient mal, les avoir incessamment mis en garde contre tabac alcool drogues, leur avoir constamment expliqué que nous sommes dans un monde sans concession et sans pitié, ce qui ne veut pas dire sans morale, et qu’il faut toujours écouter d’abord, s’est avéré très payant. Il y a du travail dans ce pays, du travail correctement rémunéré à condition d’en maîtriser les codes. Je suis donc optimiste mais reste convaincu que notre démocratie a besoin d’un lessivage en profondeur. La majorité des français n’a pas compris qu’une démocratie a besoin de lois dont les exceptions soient justifiées par un caractère exceptionnel. Et que cette exception ne peut pas être liée à une position dans la société, mais à un handicap, à un travail pénible…
Philosopher sans avoir un regard sur ce qu’est cette société où deux pour cent (même pas aux dernières nouvelles) de sa population possède autant que le reste de l’humanité est une prouesse. Autant faire comme les curés qui promettaient un monde meilleurs aux ouvriers qui crevaient de faim alors qu’ils avaient table ouverte chez les bourgeois exploiteurs. Je parie sur l’homme et suis confiant quant à sa capacité à rendre un jour ce monde meilleur en mettant hors jeu les exploiteurs qui pourrissent la vie des peuples.