Boris Johnson tombe le masque

En présentant son programme de gouvernement, le premier ministre troque son déguisement populaire contre l’habit libéral.

Après sa victoire sans bavure aux législatives du 12 décembre, sur un seul slogan ( « Réalisons enfin le Brexit ! ») qui, cachant les effets de dix ans de politiques d’austérité imposées par les tories, lui a permis de capter une partie de l’électorat travailliste en Angleterre, Boris Johnson s’est engagé à transformer en profondeur le vieux parti conservateur pour mieux tenir compte des aspirations populaires. Hier, selon un protocole bien établi, la reine Elizabeth II a donné lecture devant le Parlement de son programme de gouvernement. Et la comédie est finie… Avec sa majorité confortable, le premier ministre britannique est assuré de réussir la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) au 31 janvier prochain. Sur cet élan, il compte graver dans la loi l’interdiction d’un report de la date butoir, fin 2020, pour la conclusion d’un accord de libre-échange avec l’UE, avertissant que, dans le même temps, il va chercher à conclure des traités commerciaux avec d’autres « puissances économiques sur la planète », au premier rang desquelles figurent les États-Unis de Donald Trump…

La barre est mise très à droite

Soucieux de « rendre la confiance qui lui a été accordée », Johnson met au cœur de ses priorités le système de santé public, le fameux National Health Service (NHS) et ses hôpitaux délabrés par les coupes budgétaires de David Cameron et Theresa May. Comme il l’avait fait tout au long de sa campagne, le dirigeant des conservateurs ne rompt pas avec ses prédécesseurs et la perspective d’une vente à la découpe du NHS à des multinationales américaines, mise en avant par son adversaire Jeremy Corbyn, est loin d’être écartée. Johnson revient déjà sur sa promesse électorale d’une augmentation sur cinq ans du salaire minimum « en cas de fléchissement de l’économie » et retire toutes les références au maintien des droits sociaux, pourtant déjà très bas dans la législation européenne, au sein du texte sur le retrait de l’UE. Globalement, il met la barre très à droite : il lie allègrement sécurité et immigration, comptant adopter le système australien avec des points en fonction des « compétences » ; il entend protéger les propriétaires contre leurs locataires ; il promet un « service minimum » en cas de grève dans le secteur des transports publics ou dans les chemins de fer – pourtant bien plus dégradés en termes de service par les privatisations elles-mêmes. Business as usual, en somme…


Thomas Lemahieu – Source


Une réflexion sur “Boris Johnson tombe le masque

  1. jjbey 23/12/2019 / 21h17

    Rien de surprenant de la part de cet homme qui est aussi ordonné que sa coiffure. Une émule de Trump à la sauce british

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