Situation catastrophique dans les associations

Le tissu associatif tient malgré les coups de canif de l’État

Toujours dynamique, le monde associatif voit cependant fléchir ses effectifs salariés. La faute aux politiques publiques menées depuis deux ans, ainsi qu’à la raréfaction des subventions.

À première vue, tout va très bien : la France peut toujours s’enorgueillir du dynamisme de ses associations. Selon la 17e édition de la France associative en mouvement, publiée par Recherches et solidarités, entre 1,35 million et 1,45 million de ces organisations citoyennes étaient en activité entre septembre 2018 et août 2019.

L’engouement pour la chose associative ne se dément pas, puisque 72.000 créations ont été enregistrées cette dernière année. « Cette dynamique de création des dernières années peut être le signe d’un élan solidaire, un mode d’expression de la société civile en quête d’action. Elle peut aussi s’expliquer par le besoin d’activité et le fait que des porteurs de projets s’appuient sur le statut associatif pour créer leur emploi, fût-il précaire dans un premier temps, comme en témoignent souvent les maisons des associations  », note l’étude. Le bénévolat étaye cette analyse : quelque 30 millions de nos concitoyens se sont engagés cette année dans une ou plusieurs associations.

Les secteurs de la culture et de l’aide à domicile sont particulièrement touchés par la baisse des salariés

Si la France s’affirme comme le pays de l’engagement citoyen, elle ne le doit pas au soutien des politiques publiques. Bien au contraire.

Le nombre d’associations disparues est en augmentation par rapport aux années précédentes. Singulièrement le nombre de structures employeuses (- 2,6 %, soit 4.300 employeurs en moins). Les effectifs salariés ont eux aussi diminué de 1 %, ce pour la première fois depuis 2011.

Les secteurs de la culture et de l’aide à domicile sont particulièrement touchés, ainsi que celui du sport. La faute à l’attrition des emplois aidés décidée brutalement par le gouvernement à l’été 2017, qui s’est traduite par la perte de 359.000 contrats en deux ans. La faute aussi à la constante baisse des financements publics.

En 2005, ceux-ci représentaient en moyenne 51 % des ressources des associations, contre 49 % de ressources privées (participations des usagers, cotisations et dons). Douze ans plus tard, ils ne comptent que pour 44 %.

Double peine : les subventions, censées assurer un financement sur le long terme des structures, sont en voie de rabougrissement (- 14 % en douze ans). À l’inverse, les commandes publiques (appels d’offres, marchés publics) prennent de plus en plus d’importance (+ 7 %), mais ne compensent pas le désengagement de la sphère publique.

Face au désintérêt de l’État, le monde associatif n’a jusqu’à présent pu que s’en remettre à une proposition de loi pour obtenir quelques avancées. Porté par la députée Modem Sarah El Haïry, le texte vient d’achever son parcours sinueux. Les associations pourront donc conserver leurs excédents de gestion et contracter des prêts entre entités d’un même groupe.

Quant [à l’argent] végétant depuis dix ans sur des comptes d’associations dormantes, ils devraient venir abonder le Fonds de développement de la vie associative (FDVA). Soit un peu de beurre dans les épinards. Mais pas de quoi changer la donne.

Danièle Obono propose d’aller bien plus loin avec sa proposition de loi relative « à la stabilisation et la pérennisation des financements et des emplois au sein des associations », déposée ces jours-ci. La députée insoumise entend graver dans le marbre législatif la subvention comme étant « la norme du contrat de financement des associations ». Ces subventions seraient attribuées par un Haut Conseil à la vie associative aux responsabilités élargies, à même d’éviter toute pression des pouvoirs publics sur les structures et d’assurer une autorégulation du secteur. 


Stéphane Guérard – Source


5 réflexions sur “Situation catastrophique dans les associations

  1. tatchou92 03/12/2019 / 22h06

    Les retraités ont massivement investi le monde associatif, comme membres et dirigeants, cumulant parfois des responsabilités dans plusieurs associations. Il est logique et compréhensible de vouloir souffler et de trouver la relève, qui malheureusement ne se précipite pas, compte tenu des responsabilités et des difficultés financières. Je pense en particulier aux associations caritatives telles les Restos, le Secours Populaire, le Secours Catholique qui n’ont pas pu marquer la trêve estivale, tant la demande des jeunes, des familles et des retraités est grande, les besoins de plus en plus variés, sans que les subventions suivent la même courbe ascendante. Par ailleurs les appels aux dons se multiplient, nos boites en sont pleines, un crève cœur de ne pouvoir répondre. soyons lucides : apporter une aide ponctuelle pour manger, se vêtir, se chausser, passer une ou 2 nuits à l’hôtel, c’est bien…mais la bonne réponse serait d’éradiquer le chômage, d’augmenter les salaires et les retraites, d’avoir davantage de logements sociaux, de résidences universitaires à prix abordable.. Ce n’est pas un rêve mais un besoin urgent, sachons y répondre…

    • fanfan la rêveuse 04/12/2019 / 8h23

      Vous avez raison tatchou92, je suis d’accord avec vous.

      Par contre si vous êtes un personnage connu et que vous avez un bon carnet d’adresses, je peux vous affirmer que l’association que vous portez ne souffre pas…
      C’est aussi cela la réalité dans le milieu de l’association…
      C’est écœurant ! 😦

    • Libres jugements 04/12/2019 / 11h32

      bonjour Danielle,

      Ce que tu dis est parfaitement vrai sauf que l’analyse qui est faite de l’investissement humain dans un récent article de ce blog, me laisse à penser qu’hélas le bénévolat est en passe de disparaître au profit – comme le veut (le souhaite) le libéralisme – du consommateur en activité ou retraité, que ce soit en matière de marchandises ou cultuelles, sportifs, associatifs, le résultat est le même; plus personne ne veut assurer un encadrement bénévole.
      Ce n’est pas ici que nous débattrons des multiples raisons de ce désintéressement, mais il est patent et il faut en tenir compte, une nouvelle fois hélas, dans la gestion des associations notamment caritatives (absolument nécessaire face au désengagement de l’État en matière de pouvoir d’achat, structures, fonctionnements, et autres)

      Te souhaitant une bonne journée
      Très amicalement
      Michel

  2. tatchou92 04/12/2019 / 15h48

    Merci à vous deux,

    Nous faisons le même constat et sommes bien placés, depuis plus de 15 ans, pour avoir vu la situation se dégrader sérieusement, les demandes d’aide exploser, les renforts se raréfier.. c’est effectivement une autre bataille d’envergure qu’il nous faudrait mener..

    Bonne fin de semaine, très chaleureusement.

  3. clodoweg 11/12/2019 / 19h25

    Les décisions de l’Etat ne visant pas spécialement les associations, ont parfois des effets pervers.
    Ainsi les Restaus du Cœur estiment que la suppression de l’ISF (moins d’argent à défiscaliser) et celle de la réserve parlementaire (moralisation du clientélisme) leur ont fait perdre environs deux millions d’€.

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