Après l’annonce en fanfare, le concret !

Les milliards du plan Hôpital… les vérités…

L’effort triomphalement annoncé par le gouvernement se limitera à 292 millions en 2020.

Des milliards plein la vue ! En présentant son plan d’urgence pour les hostos, le 20 novembre, Edouard Philippe a fait valser les chiffres spectaculaires. Mais le Collectif inter-hôpitaux (CIH) a qualifié de « miettes » les cadeaux du gouvernement. Ingrats !

Le budget de l’hôpital augmentera de « 1,5 milliard sur trois ans », a annoncé le Premier ministre. Sauf que l’essentiel de la rallonge sera versé en 2022… Vous avez dit « urgence » ?

 Pour 2020, l’effort atteint royalement 300 millions d’euros. « Une goutte d’eau ! Le budget des hôpitaux, c’est 84 milliards, vous voyez le ratio ! » dénonce Anne Gervais, porte-parole du CIH.

Premier chiffre et surprise du chef : au lendemain de ses annonces, le gouvernement a fait voter à l’Assemblée un amendement au budget de la Sécu ne prévoyant finalement que… 200 millions de rab pour les hostos !

Les 100 millions restants iront, en réalité, aux Ehpad. Ils en ont certes besoin, mais c’est une première entourloupe.

Deuxième chiffre époustouflant : l’Etat reprendra 10 milliards de dettes des hôpitaux en trois ans (soit 3,3 milliards l’an prochain). « Comme si l’hôpital était un pays sous-développé qu’il fallait aider, commente l’économiste Brigitte Dormont, titulaire de la chaire santé à l’université Paris-Dauphine.

En réalité, cette dette [de 30 milliards au total] a été créée par l’insuffisance des moyens attribués aux hôpitaux ces dernières années. »

Chaque année, les hôpitaux dépensent 840 millions pour rembourser les intérêts de cette gigantesque ardoise.

Combien économiseront-ils, en 2020, en refilant une partie du fardeau à l’Etat ?

« A peu près 92 millions », estime la Fédération hospitalière de France, qui a « salué » ironiquement ce bol d’air.

Coup de pouce total pour l’an prochain : 292 millions. Moins chic et choc que des milliards…

Les infirmières et autres aides-soignants auront ainsi droit, eux, à des primes mirifiques : de 25 à 66 euros par mois [de 1€ 25 à 2€ jour « pour couvrir les frais de transport éloigné » entre autres, de plus la prime ne sera pas pour tout le monde ! MC]  

« C’est insultant et ça ne retiendra pas le personnel, avertit la porte-parole du CIH. Il aurait fallu 1,6 milliard en, 2020 pour commencer à revaloriser le salaire des infirmières, des aides-soignants, des manipulateurs radio, etc., et arrêter leur fuite [vers le secteur libéral]. » En raison de cette fuite, des blocs opératoires ne peuvent déjà plus tourner, des scanners restent à l’arrêt, des opérations et des soins sont (trop) retardés…

Le plus farce, si l’on peut dire, c’est que les hôpitaux seront toujours tenus de réaliser 800 millions d’économies en 2020… comme avant le plan d’urgence ! « Certes, il y a des recettes nouvelles, mais c’est pour financer des mesures nouvelles », explique la Fédération hospitalière au « Canard ».

Moralité : comme les années précédentes, des suppressions de lits et de postes sont à prévoir.

C’est ce qui s’appelle « entendre la colère des soignants », comme dirait Edouard Philippe… sans rire bien entendu !


Isabelle Barré. Le Canard enchaîné. 27/11/2019


2 réflexions sur “Après l’annonce en fanfare, le concret !

  1. jjbey 29/11/2019 / 23h07

    Comme pour tout ce qui est social, des effets d’annonce autour d’un corps creux. Les dividendes sont sauvegardés, on ne fera pas payer aux rentiers les mêmes cotisations que celles réglées par les salariés ce qui pourtant apporterait une véritable bouffée d’oxygène. On préfère pointer du doigt ceux qui vont défendre leurs retraites le 5 décembre c’est à dire tous les salariés.

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