Les « municipales » et La France Insoumise.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon aborde ses premières municipales sans tambour ni trompette.

Oubliée l’ambition d’emporter Marseille, Toulouse ou la « banlieue rouge » en région parisienne. Après leur échec aux européennes, les Insoumis ont rangé leurs ambitions hégémoniques au vestiaire et se coulent dans une stratégie d’union.

Les élections européennes ont mis un terme aux rêves de conquête : La France insoumise, qui s’imaginait première opposition à Macron, est arrivée en 5e position, au coude à coude avec le PS et loin derrière Europe Écologie-Les Verts (EELV). Une claque.

 […] Oubliées les grandes ambitions : emporter Marseille, Toulouse, Lille ou la « banlieue rouge » en région parisienne… Il s’agit dorénavant de « gagner le plus de conseillers municipaux possibles ». […]

Pragmatisme : tel est le maître mot de LFI pour le scrutin de mars prochain.

  • Fini le temps où le mouvement, qui refusait de se positionner sur l’axe droite-gauche, s’entêtait, envers et contre tous, à faire cavalier seul pour imprimer sa « marque ».
  • Finie l’époque où Jean-Luc Mélenchon, élu député sur la circonscription du socialiste marseillais Patrick Mennucci, voulait « remplacer » le PS.
  • Fini, enfin, l’affrontement fratricide avec le PCF, dont les élections territoriales en Corse, en décembre 2017, furent le point culminant : le pourtant très jacobin Mélenchon avait alors préféré le soutien au nationaliste Gilles Simeoni à l’accord noué entre Insoumis et communistes locaux. L’affaire avait fait grand bruit en interne.

Deux ans plus tard, changement de cap. La stratégie autonomiste a laissé la place au rassemblement. Ou plutôt à la « fédération populaire » appelée de ses vœux par l’Insoumis en chef, au printemps dernier.

Décliné au niveau local, cela donne, sur le papier, des listes panachant des citoyens non encartés, engagés dans des collectifs associatifs ou syndicaux, et des militants de gauche d’où qu’ils viennent, du moment « qu’ils rangent leur drapeau dans la poche », précise Paul Vannier. Certes, les communistes et les Insoumis s’affronteront, sans doute durement, à Saint-Denis ou à Aubervilliers (93). Mais pour le reste, l’heure est au mélange. Au grand « mix » entre les gauches et le « peuple ».

Derrière les belles intentions, notamment celle de « radicaliser la démocratie », l’entreprise comporte aussi trois avantages tactiques. Il s’agit d’abord de pallier le manque d’implantation du mouvement : la jeune formation, qui ne compte pas de maire sortant (hormis René Revol, maire de Grabels, 8 000 habitants, dans l’Hérault), a par ailleurs dû faire face à une importante hémorragie militante depuis 2017 et manque de candidats, comme l’a reconnu lui-même Jean-Luc Mélenchon, dans une interview à France Inter.

Se fondre dans des listes hétérogènes a un autre atout : invisibiliser le probable échec qui s’annonce. Cela permet enfin d’envisager le processus de « rassemblement », passage obligé d’une élection municipale, sans s’adonner, du moins en apparence, aux traditionnels accords d’appareils, à tous ces mots en « -ouilles » (« tambouilles », « magouilles » et autres « carabistouilles ») qui donnent des sueurs froides à la base insoumise. Une union de la gauche qui ne dit pas son nom, en somme.

Reste que la stratégie de rassemblement n’exonère pas de tensions en tout genre, voire génère des déchirements au sein même du mouvement. C’est que LFI oscille entre deux feux : d’un côté, le rassemblement des étiquettes rouge et verte, comme à Grenoble, où le maire EELV, Éric Piolle, brigue un second mandant main dans la main avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon ; de l’autre, le rassemblement de type barcelonais, davantage tourné vers la « société civile ».[…]


Lu sur le blog Médiapart. Pauline Graulle et Mediacités. Le D’Oc, Le Poulpe, Marsactu. Titre original : « Municipales: La France insoumise, au défi du rassemblement ». Source (extrait)


4 réflexions sur “Les « municipales » et La France Insoumise.

  1. Jean Claude Divet 18/11/2019 / 16h38

    J’espère qu’il n’y aura pas de marchandage. Autrement on avancera pas d’un pouce.

    • Libres jugements 18/11/2019 / 17h42

      Bonjour Jean-Claude et merci pour ce commentaire.

      Faut-il traduire ton commentaire par un « il faut qu’une gauche puisse exister sans faire de marchandages », autrement dit « faire une union sur des problématiques généraux sans chercher à approfondir dans les détails » … pour le moment. Si c’est le cas, si c’est ta façon de voir l’avenir d’une gauche qui se relèverait de ses cendres, je ne pense pas qu’elle soit audible auprès des électeurs saufs ceux qui voudront porter un vote contestataires, une sorte de ni Macron ni Marine, ce que je peux comprendre.

      Pour ma part dans ce vote aux élections municipales faire je ferais mon devoir de citoyen et me rendrais aux urnes mais j’étudierais avec attention les programmes proposés pour l’avenir à la fois de l’orientation des municipales (l’échiquier futur politique qui s’en dessinera), l’avenir des municipalités au sein des intercommunalités … eux-mêmes comprises dans un melting-pot comprenant, les zones de développement économique, les zones à urbaniser en priorité, les zones de protection de la nature, les zones réservées en cas d’inondation, mais aussi comprenant la volonté départementale, le tout enveloppé dans le paquet cadeau des décisions régionales et son corolaire, les décisions-volontés gouvernementales et le financement de chacune de ces strates.
      Une fois dit tout cela, il faut être bien curieux et averti de la politique et des décisions pour savoir ce que seront à l’avenir les municipalités, existeront-elles toujours dans ces amalgames décisionnelles; nous voyons bien qu’un tel pataquès enlève tout espoir de croire aux dire et programme d’élus quels qu’ils soient, y compris les maires… qui de toute façon n’auront plus aucune possibilité de décider ou d’influer sur la vie de la commune et des administrés.

      Un peu désolé d’assombrir le tableau des communes d’antan mais il faut se rendre à l’évidence, surtout en ruralité.
      En souhaitant une bonne journée
      Très cordialement
      Michel
      .

      • Jean Claude Divet 18/11/2019 / 19h33

        Salut Michel !!
        Ce que je voulais dire dans le marchandage c’est un peu ce qu’a proposé Hamon et d’autres à la FI. « Je voudrais telle ou telle circonscription » par exemple. Ce que moi j’appelle des tambouilles. « Je viens à condition que.. » Le programme devra prendre en considération toutes les attentes urgentes du peuple (Pouvoir d’achat, Revenu maximum pour les PDG, justices sociales, services publics.. Etc.. ) C’est vrai ce que tu dis sur les prérogatives des maires qui diminuent d’année en année) C’est un peu comme les autres élections (Législatives en particulier). Je me demande si ces élections sont vraiment utiles puisque c’est l’Europe qui décide de quasiment tout. J’espère que mon explication sur le marchandage est plus claire. Bonne soirée !!

  2. jjbey 18/11/2019 / 23h24

    Ne pas oublier que ceux que nous allons élire vont à leur tour élire des sénateurs et le comble sera de mettre à la mairie un homme, une femme, qui vilipende le pouvoir et qui fera élire un sénateur à la botte de celui-ci.

Les commentaires sont fermés.