La « guerre des âges »

La réforme de la retraite voulue par le gouvernement, déclenchera–t-elle la guerre des âges entre les générations ? Ci-dessous, un point de vue… une libre expression !

Il y a quinze-vingt ans, des responsables politiques présentaient le vieillissement de la population comme « un fléau qui va arriver », comme la ministre Valérie Pécresse dans un entretien télévisé le 24 avril 2008, et, face à « des coûts médicaux vertigineux », Jean-Marie Le Pen, dans un entretien avec le magazine «  Famille chrétienne » le 22 mars 2007, se « pos(ait) la question de l’euthanasie » des vieillards.

Ce genre de discours, considérant comme une catastrophe le fait que les gens ne meurent plus jeunes, était assez courant à l’époque. Fort heureusement, la raison l’a emporté, et aujourd’hui les responsables politiques qui affirment que payer les retraites est un problème ne manquent pas de préciser qu’il faut se réjouir que nos concitoyens vivent vieux.

En somme, il semble que beaucoup de responsables considèrent aujourd’hui que promouvoir ce qu’on appelait à l’époque « la guerre des âges » n’est finalement pas la meilleure des choses à faire dans une société déjà bien fracturée par les questions sociales.

Toutefois, dans le débat sur la réforme des retraites, les propositions de certains risquent de rallumer cette « guerre des âges ». On a ainsi vu un syndicat, la CFDT, proposer d’appliquer une « clause du grand-père » à la SNCF, c’est-à-dire de n’appliquer qu’aux nouveaux entrants la future réforme des retraites dont le Monde dit qu’elle « harmoniserait, mais vers le bas ».

D’autres responsables s’interrogent sur la généralisation à l’ensemble des travailleurs de cette clause. En somme, les salariés actuels sauveraient leur retraite en sacrifiant celle de leurs propres enfants.

Ce n’est plus la « guerre des âges » contre les seules personnes âgées, c’est opposer la jeunesse et les enfants d’aujourd’hui à tous leurs aînés pendant des décennies !

C’est de plus insulter les pères et mères de famille de penser qu’ils vont allègrement sacrifier leurs enfants pour sauver leur propre retraite, et c’est ignorer que pères et mères tremblent déjà pour l’avenir de leurs enfants dans un monde d’emploi précaire : peut-on croire un instant qu’ils veulent en rajouter ?

À la veille de mouvements sociaux dont personne ne sait comment ils se termineront, il est utile de dire qu’il serait irresponsable, pour faire passer cette réforme, de miner encore un peu plus la cohésion sociale, mais aussi familiale, même si le président de la République déclare vouloir « aller au bout de cette réforme » et qu’il n’aura « aucune forme de faiblesse ou de complaisance ».


Éric Le Bourg Chercheur au CNRS, université de Toulouse. Titre original : «Réforme des retraites. Clause du grand-père, la « guerre des âges » est de retour ! ». Source (extrait)


2 réflexions sur “La « guerre des âges »

  1. clodoweg 15/11/2019 / 1h50

    Tiens, JM Le Pen se posait la question de l’euthanasie des vieillards en 2007 ?
    Je me demande ce qu’il en pense aujourd’hui.

  2. jjbey 15/11/2019 / 23h44

    pipeau, vantardises, claironnages, …….. tout y passe mais le but, lui, reste le même: faire 19 milliards d’économies sur le dos des retraités. Ce sera toujours ça de plus dans la poche des actionnaires…………….

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