« Si je veux, quand je veux » !

A la veille de la Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, le 2 novembre, le point sur quelques thèses.

En matière de fin de vie, il est urgent que la loi soit modifiée afin de permettre à des malades gravement atteints et en fin de vie de cesser de souffrir inutilement. Pour autant, ce droit doit rester très encadré.

 Mourir insignifiant
Au fond d'une tisane
Entre un médicament
Et un fruit qui se fane
 
Ou terminer sa course
La nuit de ses mille ans
Vieillard tonitruant
 
Mourir cela n'est rien
Mourir la belle affaire
Mais vieillir...

Paroles Jacques Brel – Vieillir


Tribune. A la lecture de la tribune rédigée par un groupe de féministes (Libération du 1er novembre), dont certaines avaient signé, en 1971, le Manifeste des 343, on éprouve un véritable malaise.

Loin de revendiquer une amélioration de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, votée en 2015, les signataires réclament l’instauration d’une loi qui stipulerait que chaque citoyen français pourrait, «quand il le veut», bénéficier d’une aide à la mort.

Si cet appel était entendu, il entérinerait l’idée que l’on peut tuer légalement les dépressifs, anxieux, suicidaires ou borderlines qui en feraient la demande. […]Soit parce qu’elle serait «fatiguée de vivre» soit parce qu’elle aurait le sentiment d’une «vie accomplie». Telle est la signification de cette proposition : «Nous exigeons aujourd’hui pour nous et pour tous qu’il soit fait droit à cette liberté fondamentale : mourir dignement, si nous le voulons quand nous le voudrons.» 

Et les signataires ajoutent que 96 % des Français sont favorables à l’euthanasie et au suicide assisté, ce qui est inexact. […]

Les signataires de la tribune indiquent que dans plusieurs pays, les lois sur la fin de vie sont plus évoluées que la loi française. En effet, le Canada, la Belgique, la Suisse, le Luxembourg et les Pays-Bas autorisent de telles pratiques mais à condition que la personne soit atteinte d’une pathologie incurable. On est très loin du «si je veux quand je veux», même si, depuis quelques années, de graves dérives sont apparues, ici et là, qui consistent à mettre à mort toute personne angoissée qui le demande. […]

En matière de fin de vie, il est urgent que la loi française soit modifiée afin de permettre à des malades gravement atteints et en fin de vie de cesser de souffrir inutilement sans avoir à attendre un stade terminal. Mais pour autant il faut exclure de la loi les «si je veux quand je veux». […]

Luttons donc pour l’avancée d’une loi visant à aider à mourir dignement toute personne qui en ferait la demande (orale ou écrite), dès lors qu’elle serait atteinte d’une maladie organique incurable et dégradante, ou que, par accident ou autre événement, elle serait réduite à un état de légume. Voilà ce que devrait être un programme humaniste digne de ce nom


Élisabeth Roudinesco. Libération. Titre original : « Mourir « si je veux quand je veux » ? ». Source (extrait)


Une réflexion sur “« Si je veux, quand je veux » !

  1. tatchou92 09/11/2019 / 17h36

    Membre de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, je demande l’amélioration de la loi CLAEYS -LEONETTI, et plus particulièrement la prise en compte des volontés écrites de la personne concernée, en fin de vie, sans espoir d’amélioration, pour l’aider, à partir sereinement, souffrances apaisées, par une sédation profonde et respectueuse. IL FAUT PARALLÈLEMENT DÉVELOPPER LES SERVICES DE SOINS PALLIATIFS ET FORMER LES PERSONNELS. Ce ne peut donc pas être un libre service avec toutes les dérives possibles. Pour ce qui me concerne, je rédige et renouvelle régulièrement mes volontés anticipées, confiées aux miens et transmises au fichier national géré par l’association.

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