Pour quel avenir ?

Un hôpital public en passe d’être repris par le privé … alors qu’il n’y a pas de précédent connu dans ce domaine …

… aussi dans la population et les instances dirigeantes syndicales de Santé, on juge cette situation catastrophique, « Une fois qu’on en a cédé un hôpital, il n’y a pas de raison de ne pas en céder d’autres ».

A Longué-Jumelles (Maine-et-Loire), entre Angers et Saumur, le centre hospitalier pourrait être repris par un groupe privé à l’issue d’un « appel à repreneur » lancé en mars par le conseil départemental de Maine-et-Loire et l’Agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire. […]

[…]

« Une expertise juridique est en cours » et « c’est l’ARS qui statuera » assure-t-on au cabinet d’Agnès Buzyn.

Avec 85 lits d’Ehpad, 30 lits de soins de suite et réadaptation (SSR) et 35 lits en unité de soins longue durée (USLD), l’hôpital de Longué-Jumelles est un petit établissement – sans chirurgie ni obstétrique – essentiellement tourné vers la prise en charge des personnes âgées.

Il est très lourdement endetté depuis la décision prise en 2011 de reconstruire des locaux trop grands et trop coûteux.

En février 2018, dans un rapport au vitriol, la Cour des comptes avait estimé que les ratios d’endettement avaient atteint « un niveau insoutenable avec une durée de désendettement de 117 ans en 2016 ».

Jugeant l’établissement « en grande difficulté depuis une décennie » et même « sous survie artificielle » après de « lourdes carences de gestion », la Cour avait appelé à un « repositionnement » de l’hôpital et à une « fusion » avec l’hôpital de Saumur pour éviter la « fermeture pure et simple du site qu’impliquerait de fait une diminution significative des aides de l’ARS ».

L’ARS et le département […] ont choisi de lancer un appel à repreneur.

Deux dossiers de candidature ont été déposés.

  • L’un est public : emmené par le CHU d’Angers, en partenariat avec la Mutualité française et les médecins libéraux du pôle santé, il propose de créer cinq lits de médecine pour faire du site un hôpital de proximité pilote. Il projette aussi la fusion des hôpitaux de Saumur et de Longué-Jumelles au 1er janvier 2021, sous réserve du versement d’une subvention annuelle dégressive de 600 000 euros par l’ARS. Un passage au privé de l’hôpital de Longué « aurait inévitablement des conséquences négatives pour la population du bassin de vie et pour les autres établissements » publics voisins, avertit le groupement public dans son dossier de candidature.
  • L’autre dossier a été déposé par le groupe privé Le Noble Age (LNA), qui gère déjà 57 établissements d’Ehpad et de soins de suite. Il propose de mettre 18,5 millions d’euros sur la table pour reprendre les locaux et l’activité, et s’engage à maintenir l’offre sanitaire et médico-sociale actuelle, à réaliser des travaux, à proposer des prix de journées « revus mais accessibles » et à reprendre « l’ensemble des équipes quel que soit le statut ». « Ce serait une très bonne chose pour l’hôpital de devenir privé, estime Frédéric Mortier, le maire (sans étiquette) de Longué-Jumelles, par ailleurs ancien secrétaire général de Debout la France, le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan.

« L’hôpital public a montré toute son incompétence à gérer notre hôpital local. Faisons confiance au privé qui saura faire ! », exprime-t-il, estimant que « Mme Buzyn a très peur de faire jurisprudence » avec une telle décision, car « c’est une socialiste ». […]


François Béguin. « Le Monde ». Titre original : « Un hôpital public pourrait être repris par le privé, une première ». Source (extrait)


4 réflexions sur “Pour quel avenir ?

  1. jjbey 09/10/2019 / 19h05

    Et les profits? Qui va payer? Les patients et personne d’autre…………….Au passage si ça ne marche pas ils auront bien quelques subventions de la part de….l’Etat.

  2. fanfan la rêveuse 10/10/2019 / 7h30

    Bonjour Michel,
    C’est terrible de lire cela…le bateau prend l’eau de toute part…

    Je suis très inquiète qu’en à la prise en main du privée de cet hôpital car banquiers et investisseurs vont vouloir leur part du gâteau et qui va payer ? les patients ! Car il faut être réaliste, il va falloir du bénéfice, est-ce vraiment possible en la matière ? J’en doute !

    Bonne journée Michel 🙂

  3. tatchou92 11/10/2019 / 7h50

    la plupart des établissements hospitaliers et des collectivités sont endettés par des emprunts toxiques depuis plusieurs années. Les autorités le savent..il faut renégocier, à quel prix ? Ils sont donc étranglés et on en rajoute une couche en leur demandant des efforts.. qui se traduisent notamment par la pression sur la masse salariale, des fermetures de services, des regroupements inter-hospitaliers… et la population trinque.. les bébés naissent dans les ambulances ou la voiture de papa..

  4. alstamatiouphotographies 12/10/2019 / 10h33

    C’est un sujet complexe. C’est dommage pour le risque qu’ils ont prit de s’agrandir et que ça n’a pas marché. Ils auraient réussi leur pari on aurait dit bravo ou même on ne l’aurait jamais su…..Le privé fait peur peut être mais si cet hôpital ferme ou seront soignés les gens? C’est vraiment complexe. D’un autre coté en lisant le commentaire de tatchou92 est ce que ces emprunts, n’étaient pas maléfiques et stratégiques enfin qu’on voit dans le privé la seule solution?…au bout d’un certain temps? Bon week end

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