Les sous-marins de Karachi, Balladur-Léotard

Il y a vingt-cinq ans, la France vendait trois sous-marins « Agosta » au Pakistan.

Il faudra attendre quatorze ans pour que la justice ouvre une information judiciaire, soupçonnant (comme la presse l’écrit déjà depuis des années que ce contrat avait donné lieu à de juteuses rétro-commissions.)

Il faudra encore cinq ans de plus pour qu’Édouard Balladur, alors Premier ministre, 90 ans aujourd’hui, et son ministre de la Défense, François Léotard, 77 ans, soient renvoyés devant la Cour de justice de la République (CJR), soupçonnés d’abus de biens sociaux.

Et la CJR a encore mis deux ans pour que sa commission de l’instruction décide enfin de se pencher sur le dossier. Aujourd’hui, c’est le procureur général de Paris, François Molins, qui fournit un nouvel épisode à ce feuilleton qui dure depuis une génération.

Molins, comme l’a révélé « L’Express », a en effet adressé, le 12 juillet, son réquisitoire à la CJR. Lequel, s’il charge lourdement Léotard, décharge Ballamou sur un point central.

Selon l’accusation, les 10 millions de francs qui ont miraculeusement abondé son compte de campagne provenaient de rétro-commissions versées à la suite de la vente des sous-marins.

Le procureur général balaie cette accusation, qui repose « sur une construction intellectuelle et non sur des preuves matérielles ».

Mais Balla n’est pas tiré d’affaire pour autant : son explication, selon laquelle les sous « proviendraient de la vente de gadgets et de dons (lors de ses meetings) ne saurait emporter la conviction ». Et Molins de conclure : « Les remises d’espèces ont une origine frauduleuse, mais il reste à déterminer laquelle. »

Ça risque d’être difficile : aurait-il abusé de la faiblesse d’une Liliane Bettencourt ? Aurait-il eu un compte secret en Suisse et à Singapour ? Voilà qui promet à la CJR encore quelques belles décennies de travail devant elle.

L’essentiel est que les accusés aient (on le leur souhaite la longévité de Jeanne Calment. Et que ladite Cour) dont la mort est régulièrement programmée depuis 2012 — tienne jusque-là !


Article signé des initiales : H. M. Le Canard Enchainé – 25/09/2019


Aux dernières nouvelles, Mardi 1er oct 2019 – 10h30

Selon  le journal « 20 minutes » …


L’ancien Premier ministre Édouard Balladur et son ancien ministre François Léotard vont être jugés, dans le volet financier de l’affaire Karachi, par la Cour de justice de la République (CJR), a annoncé François Molins, le procureur général de la Cour de cassation, dans un communiqué publié ce mardi [1er oct 2019].

La justice cherche à déterminer leur responsabilité dans le possible financement occulte de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995, via des rétro-commissions révélées par l’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002 au Pakistan.

Les deux hommes sont renvoyés pour « complicités d’abus de biens sociaux ».

Quant à l’ancien Premier ministre, il sera également jugé pour recel de ces délits. 

La Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions, cherchera.


Service info du journal « 20 minutes ». Source


3 réflexions sur “Les sous-marins de Karachi, Balladur-Léotard

  1. jjbey 02/10/2019 / 7h45

    Les connaisseurs apprécieront la vitesse à laquelle la justice fonctionne dans certains cas. Les réquisitions du procureur laissent penser que la commission des faits reprochés ne reposant sur aucune base probante, le doute profitant à l’accusé…….

  2. fanfan la rêveuse 02/10/2019 / 8h13

    Une justice à deux vitesses, nous en avons ici la preuve… 😦

  3. bernarddominik 02/10/2019 / 8h23

    Une justice à 2 vitesses les gilets jaunes ont été jugés en 2 jours, mais pour les politiques c’est jamais moins d’un quart de siècle, ce qui leur garantit souvent la prescription. Nous sommes bel et bien dans une république bananière. La corruption y règne à tous les étages.

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