Chez Biocoop, y a pas que du bio !

J’t’en foutrais moi d’la mode bio à tous les étages pour gogos argentés, z’en veulent, y z’ont, du moment qu’c’est dit sur l’z’étiquette !

À quel moment les acheteuses acheteurs de fruits et légumes bio comprendront que la seule façon d’être garanti d’une culture dans les normes et de connaître l’agriculteur et sa manière de procéder. Autrement dit d’acheter des fruits ou légumes de saison auprès de ceux (ou celles) qui pratiquent la vente directe dont on connaît la provenance. MC


« Etat dramatique de la filière Espagne sur la filière avocats. Complicité tacite des intermédiaires et des distributeurs en général ». Ce constat alarmiste est issu… d’un document confidentiel émis par la direction générale de Biocoop. Il a été détaillé devant le conseil d’administration du groupe le 28 juin 2018, au siège de la coopérative (dans le XVIe arrondissement parisien).

A sa lecture, ce jour-là, les administrateurs du premier réseau de magasins bio de France (590 boutiques, pour 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires) suent à grosses gouttes. Ils ont un méchant doute sur leurs avocats bio importés d’Espagne : une partie d’entre eux viendraient en fait d’Amérique du Sud, ce qui la fiche mal pour l’empreinte carbone. Et, surtout, leur qualité bio est fortement sujette à caution !

La peau dure

Pour sortir de cet « état dramatique » et traiter le problème, trois scénarios sont proposés aux administrateurs.

Le premier n’est pas piqué des hannetons : « On ne change rien, on considère que nos contrats sont conformes, et les tromperies à la production sont hors de notre responsabilité et de notre contrôle. » Suit en rouge la mention « risque médiatique ». […]

Deuxième suggestion : « création de notre propre station de conditionnement en partenariat avec un local ». En clair, l’idée est de monter une structure d’approvisionnement pour acheter directement les avocats aux producteurs espagnols et s’assurer, cette fois, de leur qualité bio sans passer par des grossistes.

Troisième proposition, elle, est formulée ainsi : « rapprochement de nos distributeurs pour mettre les points sur les « i », exiger une totale transparence et une traçabilité efficiente ». Bravo, mais il y a un (gros) bémol, indiqué en rouge lui aussi : « déjà demandé à maintes reprises sans retour satisfaisant ». C’est pourtant cette solution hasardeuse qui a été choisie à la place de l’ouverture, plus coûteuse, d’une station de conditionnement en Espagne visant à limiter le nombre d’intermédiaires…

Sur la devanture : spécialiste bio

Chez Biocoop, le rayon primeur représente beaucoup d’argent : 20 % du chiffre d’affaires et des bénéfices replets, notamment sur l’avocat. Comme le montrent des documents internes, Biocoop SA s’octroie jusqu’à 30 % de marge brute lors de la revente des fruits et légumes aux magasins de la chaîne. Lesquels peuvent ensuite marger 25 % quand les produits sont achetés localement et 36 % quand ils sont importés.

Les boutiques arrondissent encore leur profit quand elles ne répercutent pas les remises (jusqu’à 6,5 %) consenties par Biocoop SA aux magasins, en fonction de leur volume d’achat.

Une pratique un zeste éloignée de l’image militante véhiculée par l’entreprise […]


[…] En décembre 2017, Claude Gruffat, alors président de Biocoop SA, a exercé un amical lobbying auprès des administrateurs pour que sa rémunération passe de 95.000 à 127.000 euros brut : six fois le plus bas salaire au sein de la coopérative, là où le cahier des charges de Biocoop préconisait un écart maximal de 1 à 5.

Seize mois plus tard, Claude Gruffat, engagé auprès de Yannick Jadot dans la campagne des européennes, démissionnait de son poste avec dix-huit mois d’« indemnités de fin de mandat » votées par le conseil d’administration. Pour mieux se mettre au vert ?


Christophe Labbé. Le Canard enchaîné. Titre original de l’article : « Des avocats d’origine douteuse chez Biocoop : c’est pas bio, la cachotterie ! ». 10/07/2019


5 réflexions sur “Chez Biocoop, y a pas que du bio !

  1. fanfan la rêveuse 12/07/2019 / 7h25

    « Autrement dit d’acheter des fruits ou légumes de saison auprès de ceux (ou celles) qui pratiquent la vente directe dont on connaît la provenance. MC »

    Et vous êtes gentil Michel, car il faut bien penser que ces terres soit disant bio, ont reçu pendant des années des pesticides et d’autres produits chimiques. qu’il faut des années et pour certains beaucoup d’années pour épurée les sols.
    Qu’il faudrait pour que ces aliments soient bio que dans un très grand rayon il n’y ai aucun traitement.

    Donc rien n’est bio, mais peut-être un peu moins traité dans certain cas, extrêmement rarement sans traitement, car des traitements sont acceptés dans la du bio…

    Hélas ce marché est une énorme manne financière rare sont les gens honnêtes en la matière, certainement pas les grands groupes…

    Faites votre jardin vous même ! Bien que le lobby des semences est là tapie dans l’ombre…
    Enfin ceci n’engage que moi !

    • Libres jugements 12/07/2019 / 10h18

      Vous avez parfaitement raison Françoise de nous signaler qu’il faut plusieurs années avant que la terre, gorgée de pesticides déversés depuis de nombreuses années, soit cultivable en bio (sans aucun résidus de pesticide) pour « élever » fruits et légumes « sainement ».

      Pour avoir un membre de ma famille gérant d’une grande surface, très au courant de la manière dont sont traités les fruits et légumes pour qu’ils soient transporté à travers le monde, qu’ils conservent un aspect agréable à l’œil, permettant d’attirer le chaland, nous pouvons dire qu’il n’y a pas que les pesticides en cause, les ajouts pour conservation, la cueillette faite alors que le fruit n’est pas mature, les productions hors sol (fruits et légumes), le mûrissement accéléré dans des lieux surchauffés, l’utilisation du fret aérien, maritime, ferroviaire à longue distance, puis le camionnage; sont autant d’indices négatifs contaminant les productions intensives, celle le plus souvent vendu dans les grandes surfaces.
      C’est pour ça qu’un moindre mal – mais je vous l’accorde Françoise ce n’est pas la panacée obligatoire – nous préférons faire nos achats auprès d’agriculteurs.

      En toute amitié
      Michel

      • Libres jugements 12/07/2019 / 10h22

        Merci pour votre réponse Françoise,
        j’avoue avoir été un peu surpris par les commentaires que j’ai reçues, nous ne sommes pas dans la famille des résolument anti médecine de généraliste mais nous devons reconnaître à la médecine douce (homéopathique entre autres), qu’elle peut apporter quelques soulagements, certes aucune guérison pour les cas les plus graves ou nécessitant une intervention chirurgicale.
        Michel

      • fanfan la rêveuse 12/07/2019 / 18h32

        Merci Michel pour votre argumentation qui est complète, car effectivement il n’y a pas que des problèmes de pesticides…

  2. jjbey 13/07/2019 / 10h33

    Je viens d’acheter 6 kg d’abricots marqués par la nature invendables en magasin.
    Un régal, muris sur l’arbre mais j’ai la chance de vivre en Ardèche et j’aimerai que tous les habitants de ce pays puissent en profiter.

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