Réforme des retraites

À quel âge pourrai-je partir à la retraite ?  Avec quelle pension ?

Bizarrement, le Gouvernement refuse de répondre à ces deux questions que tou.te.s les salarié·e·s se posent. Pour les occulter, il dit vouloir faire une réforme « systémique » et passer d’un système par annuités à un régime de retraites à points. L’intérêt ? Cela permet de focaliser le débat sur la façon dont on organise le système de retraites plutôt que sur le contenu des droits, les « paramètres » de la réforme. Et au passage de faire diversion en fustigeant les « favorisé·e·s », les cadres, fonctionnaires, marins, cheminot·e·s ou autres régimes spéciaux.


« les mêmes droits à retraite… » Ok ! Mais lesquels ?

Emmanuel macron a annoncé qu’un euro cotisé ouvrirait à chaque salarié·e les mêmes droits. Derrière cette apparente équité se cache un problème central : le contenu de nos droits n’est absolument pas défini.

Aujourd’hui, le régime de retraite nous garantit le maintien (relatif) de notre niveau de vie, en nous assurant de toucher des pensions qui représentent en moyenne 61 % de notre salaire net moyen.

Avec sa réforme, le gouvernement propose que la valeur des points acquis (et donc le montant de la pension) soit déterminé seulement au moment du départ en retraite, en fonction de l’espérance de vie, du nombre de retraité.e.s et de la situation économique. Nous n’aurons donc plus de garantie de maintien de notre niveau de vie, et plus aucune visibilité sur nos futurs droits retraites.

Pas de nouvelles ressources ? Ta pension va baisser !

L’objectif de la réforme est de bloquer définitivement la part des richesses que nous affectons collectivement à nos retraites, au mieux à son niveau actuel, 14 % du PIB.

Sauf qu’avec le papy boom et l’allongement de la durée de vie, le nombre de retraité·e·s augmentera de 35 % d’ici 2050. Pour que les comptes soient équilibrés, le montant de nos retraites serait donc automatiquement revu à la baisse. Une fois ce système mis en place, plus besoin de réforme pour baisser les droits !

C’est ce système à « cotisations définies » et à points qui fait que les pensions des suédois ne représentent plus que 53 % de leur salaire de fin de carrière, contre 60 % en 2000.  Un fameux modèle…

– de retraite = + d’épargne ? Vive les banques !

La baisse programmée des pensions, et celles des Ingés, Cadres et Techs en particulier, vise à généraliser les retraites par capitalisation comme complément de retraites.

Cette incitation sera encore plus forte pour les cadres sup’ qui ne pourront plus cotiser dans le système commun (ni percevoir de pension) au-delà de 10.131 € brut mensuels contre 27.016 € aujourd’hui.

Pourtant, les expériences étrangères et la crise financière ont montré à quel point les retraites par capitalisation sont risquées et peuvent s’évaporer en cas d’effondrement boursier. Ajoutons qu’elles contribuent à la financiarisation de l’économie, détruisent de l’emploi et alimentent la spéculation au détriment de nos entreprises et de notre travail.

Qui seront les seuls gagnants de cette réforme ? Les banquiers et les assureurs.

Comment garantir le maintien du niveau de vie à la retraite ?

Notre système de retraite a été construit en 1945, alors que le pays était ruiné. Il s’agit d’un système universel qui maintient le niveau de vie de toutes et tous, notamment pour protéger les plus faibles. Pour assurer l’avenir de nos retraites par répartition, il faut :

  • de nouvelles ressources

Mettre en place un droit à la retraite à 60 ans avec un minimum de 75% net de son salaire net de fin de carrière est à notre portée avec de nombreuses possibilités de financement :

Un relèvement modéré des cotisations retraites et l’assujettissement à cotisations sociales de l’ensemble de la rémunération (intéressement, participation, primes…)

La suppression des aides et des exonérations de cotisations des entreprises inefficaces pour l’emploi

La mise à contribution des revenus financiers des entreprises qui, au contraire des revenus financiers des particuliers, sont totalement exonérés.

  • une maison commune des régimes de retraites

Les différents régimes de retraite (public, privé, régimes spéciaux…) ont été construits pour s’adapter aux contraintes spécifiques de secteurs professionnels et prendre notamment en compte la pénibilité.

Les syndicats proposent, tout en maintenant le niveau des droits de chacune et chacun, de les intégrer dans une maison commune des régimes de retraites, assurant la transférabilité des droits pour les salarié.e.s passant d’un régime à l’autre.

  • la prise en compte des années d’études

Alors que l’accès au premier emploi stable a lieu à 27 ans en moyenne, il est indispensable de prendre en compte les années d’études et d’insertion dans le calcul de la retraite, pour garantir le droit à retraite des nouvelles générations.


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10 réflexions sur “Réforme des retraites

  1. bernarddominik 10/07/2019 / 19h35

    Notre système de retraite ne protège pas les plus faibles, mais ceux qui sont dans des secteurs protégés. Le problème des plus faibles c’est le sous emploi, si vous cotisez peu vous recevrez peu de retraite. Le système par point répond à la question de justice, pas de montant. Mais le système des 25 meilleures années plafonné à la moitié du plafond ne corrige pas la sous cotisation

  2. Le blog de Jean Trito 10/07/2019 / 20h58

    Les salariés se sont fait une raison, et se préparent à partir plus tard, mais les employeurs s’en désolent.
    Je suis aussi résigné, je mourrai au travail, car après tout, autant j’aurais pu gérer un départ à 60 ans bien préparé, autant je ne le peux pas de ce bazar, et suis résigné à continuer tard, car je n’ai pas de projet.
    Les hasards professionnels m’ont envoyé dans une ville où je n’ai pas de relations, peu de choses à faire, et où je me sens complètement déraciné, alors autant m’occuper avec le travail quitte à perdre en efficience d’une année sur l’autre.

    • Libres jugements 11/07/2019 / 11h31

      Bonjour Jean,

      Il y a quelques années maintenant, suite à un licenciement alors que j’avais 57 ans et 3 mois, les instances m’ont mis en préretraite d’abord jusqu’à 60 ans puis en retraite par la suite. Je dois dire que ce licenciement m’a été pénible moralement et intellectuellement, passant d’une pleine activité débordante (rarement 8 heures mais plutôt 10 par journée) à …rien, rien, rien … se retrouver ainsi, du jour au lendemain, sans avoir préparé moralement une reconversion nécessaire pour réaliser une retraite paisible, le coup fut très rude.
      je peux comprendre votre ressentiment.
      Cela fait maintenant 27 ans que je suis en retraite, j’ai pu gérer moralement et intellectuellement cette retraite afin qu’elle devienne une vie destinée à attendre l’échéance finale.
      Des occupations telles que la gestion de ce blog, des travaux d’amélioration dans l’habitat, des sorties photographiques de musées, aident grandement à placer les heures en ayant le sentiment d’en avoir vécu chacune d’elles.
      Avec toute ma sympathie
      Michel

      • Le blog de Jean Trito 14/07/2019 / 21h58

        Merci, la transition n’est pas si facile, surtout avec encore des obligations familiales, et un flou sur la date de sortie du système

  3. jjbey 10/07/2019 / 22h47

    La modification du système de retraite ne vise qu’une chose: faire 19milliards d’euros d’économies sur le os des retraités. Faut bien trouver de l’argent pour les malheureux du CAC 40 qui n’ont eu que 57 milliards d’euros à se partager. Tout le reste Blabla dégueulasse qui vise à diviser les salariés en présentant certains d’entre eux comme des privilégiés. Les privilégiés ce sont ceux qui les montraient du doigt ces travailleurs tout en disant ne pas y arriver avec 20 000€ par mois (Fillon).

  4. fanfan la rêveuse 11/07/2019 / 7h28

    Je peux me tromper, mais le noeud du problème pour la retraite comme pour la sécurité sociale est tout simplement un trop peu d’actif.
    Ce sont bien nos cotisations qui maintiennent notre fonctionnement, il faut donc impérativement relancer l’emploi afin de pouvoir assumer nos droits sociaux. Mais aussi n’avoir qu’un système de retraite pour tous, pas de régimes spéciaux.
    Depuis des années, j’ai le sentiment qu’on détourne le problème, pourquoi ? !

    • Libres jugements 11/07/2019 / 11h11

      Bonjour Françoise,
      Nous revenons toujours au même problème, celui d’un choix de société.
      Depuis plusieurs décennies les fermetures d’entreprises, ont contribué à faire baisser les salaires d’une part, mis bon nombre de salariés au minimum en préretraite ou retraite, lorsque ce n’est pas le chômage voire quelques emploi précaire de temps à autre.
      Dans ces conditions la partie retraite du salaire du salarié diminue, mais proportionnellement aussi celle reversée par le patronat.

      Dans le même temps les actionnaires d’entreprises, tout comme les experts-comptables, les banques exigent une rentabilité au minimum à 2 chiffres alors que jusque dans les années 70-75, lorsqu’une entreprise tirait un bénéfice total de l’ordre de 3 à 8 % de son activité, elle était considérée comme très active par ces mêmes services.

      Je pense que cela répondra à votre réponse, Françoise.

      En vous souhaitant une bonne journée
      Michel

      • fanfan la rêveuse 11/07/2019 / 11h29

        Oui, Michel, c’est ma réponse en moins approfondi 😉
        Merci ! 🙂

  5. bernarddominik 11/07/2019 / 13h38

    Le système de retraite actuel comporte 2 volets, le régime général et les complémentaires Arco Agirc.
    Lorsque vous êtes chômeur ou malade vos droits du régime général continuent à courir alors que vous ne cotisez plus pour les complémentaires.
    Si le système général est remplacé par la complémentaire (Arco et Agirc ont fusionné), la question se posera de la cotisation en cas de maladie ou de chômage.
    Si la cotisation est assurée, les salariés seront gagnants.
    Si elle n’est pas assurée ça risque de poser un gros problème.
    A cela se rajoute la question de la valeur du point, à l’achat, et à la rente.
    Dans le cas des complémentaires les 2 sont connus, simplement comme ils sont réévalués chaque année en fonction de l’inflation et de la politique de retraite de l’état, il est impossible de savoir le montant réel des rentes.
    Se rajoute la problématique de l’espérance de vie,et le montant réel des cotisations.

  6. godefroy armelle (@armelle_god) 19/07/2019 / 15h19

    Le rapport Delevoye a été dévoilé hier le 18/07/2019. Il reste pour ma part beaucoup de choses à éclaircir.
    Par exemple, la transition entre l’ancien régime de retraite et le nouveau régime à points. On parle de maintien des droits au 31/12/2024. Comment ? En calculant à cette date le droit à retraite (une sorte de photographie à cet instant) et transformé en points (sachant que le point serait de 0.55 Euros). Sauf qu’à cette date on se sait pas si la carrière sera entière (à taux plein) ou pas. On ne connait uniquement que le nombre de trimestres acquis à cette date. Actuellement, pour calculer sa pension, il y a des pénalités pour trimestres manquants (grosso modo 50% – n0.625% pour n trimestres manquants), et en plus prise en compte du prorata des trimestres validés par rapport aux trimestres à réaliser. Par exemple, une personne née en 01/01/1963 (168 trimestres pour un taux plein), avec 151 trimestres à fin 2024, il lui manquerait 17 trimestres. Elle décide de prendre sa retraite le 01/01/2025. Sa retraite avec l’ancien système serait de 39.375%SAM151/168 (SAM=Salaire annuel moyen).
    Avec le nouveau système de retraite, elle aurait 50%
    SAM151/168 (on effectue le prorata à cette date en supposant un taux plein, car comment faire autrement ?). Ceci est converti en points, mais immédiatement liquidés (le lendemain). Un gain de près de 27 % (50/39.375) ?
    il est vrai qu’il est prévu une pénalité de 5% par année avant 64 ans que je n’ai pas prise en compte précédemment, soit 10% pour un départ à 62 ans. On aurait alors 45%
    SAM*151/168, soit tout de même un gain de 14.2%. Où est l’erreur ? Je ne crois pas aux cadeaux.
    D’autre part, il est question, pour les personnes ayant eu des enfants, de majorer la pension de 5 % par enfant dès le premier enfant, et non plus de 10% qu’à partir du troisième. Oh ? Mais seraient-ils devenus fous ? Et pour bien faire, on laisse le choix, soit 10% à Monsieur qui a une plus grosse retraite (et on aurait bien tort de ne pas en profiter), ou à Madame, ou un mixte.
    Pour la pension de réversion, pas de problème, on nous dit (promesse ?) 70% de ce que le couple avait comme pension totale. Là, j’en suis convaincu, je ne crois plus un mot à tout ce qui est dit dans ce rapport.
    Je ne crois absolument pas que ces hypothèses de calcul soient retenues.

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