USA. Cet été, en colo, j’apprends à être un bon capitaliste

Oubliez les feux de camp, les amourettes de vacances et les lits superposés, c’en est fini des colonies de vacances classiques. Place à l’apprentissage du capitalisme.

C’est du moins le cas pour un nombre de plus en plus grand d’enfants, inscrits par leurs parents à des ateliers ou à des mini-séjours destinés à stimuler leur sens des affaires, […]

Biznovator, une société basée dans le sud de la Floride, propose toute une flopée de séjours éducatifs, de séminaires et d’universités d’été, destinés à révéler l’homme ou la femme d’affaires qui sommeille en chaque enfant.

Dès 8 ans, les plus petits apprennent à monétiser leurs loisirs, à interviewer des patrons locaux et à tourner des publicités YouTube pour leur future entreprise.

Les plus grands, préados et lycéens, peuvent s’inscrire à un séminaire à l’université internationale de Floride. Au programme : visite des bureaux de Starbucks ou de la Réserve fédérale et analyse des problèmes rencontrés par les entreprises dans différents secteurs. On y apprend à surmonter les échecs et à se montrer assertif. […]

Un organisme new-yorkais à but non lucratif, le Réseau d’enseignement de l’entreprenariat (NFTE), gère également des programmes d’été pour les élèves de la sixième à la terminale.

Un de leurs séjours, intitulé “Trouver des idées d’entreprise et savoir les vendre”, propose par exemple des cours afin de reconnaître les meilleures opportunités commerciales et d’offrir le meilleur rendement à ses clients. Le but de cet organisme (fondé il y a près de trente ans avec le soutien de mécènes milliardaires, de banques multinationales et de consultants) consiste à “activer la mentalité d’entrepreneur chez les jeunes et à leur donner les compétences nécessaires pour créer leur start-up”, explique Sophia Rodriguez, directrice recherche et développement à la NFTE.

Vivier de jeunes talents

Et parce qu’il ne suffit pas de leur inoculer une mentalité de chef d’entreprise, mais qu’il faut aussi pouvoir la mesurer, les élèves de cet organisme sont évalués, à la fin de leur programme, sur leurs “compétences non cognitives” selon un indice destiné à mesurer leurs dispositions à entreprendre […]

Juan Casimiro, fondateur et président de la société Biznovator et ancien professeur dans le quartier [défavorisé] du Bronx à New York, est convaincu que les enfants ne sont jamais trop jeunes pour développer le sens des affaires. […]

Pas de gagnants ni de perdants

Biznovator gère des programmes conçus pour les enfants dès l’âge de 4 ans. “Nous apprenons bien aux élèves à disséquer une grenouille en classe, alors pourquoi pas ne leur apprendre à déchiffrer un business plan ?” relève Casimiro. Il considère aussi ce genre de formation comme une voie vers l’autonomie financière et la liberté, en particulier pour les élèves issus de familles modestes. “Ils ont appris depuis des générations à tout attendre du gouvernement. Nous voulons changer cet état d’esprit”, précise-t-il. […]

Tout ceci intervient dans un contexte où, année après année, les sondages montrent que les jeunes Américains ont une vision de plus en plus négative du capitalisme. […]

Tâcherons de bureau

Il y a tout de même une contradiction inhérente à ces programmes : ils inculquent aux enfants le sens de l’initiative et du management, mais ils les forment également à être de bons employés. Ces futurs champions de l’innovation poussés à penser en dehors des cases doivent cependant également rester de bons petits tâcherons de bureau. […]


Brendan O’Connor . The New York Times. Lire l’article original anglais. Lu en français dans « Courrier International ». Titre original : « USA. Cet été, en colo, j’apprends à être un bon capitaliste ». Source (extraits)


4 réflexions sur “USA. Cet été, en colo, j’apprends à être un bon capitaliste

  1. jjbey 08/07/2019 / 21h01

    Quelles merveilles, je regrette d’être trop âgé pour participer à ce genre de formation.
    Peut-être qu’au lieu de voir mon épargne fondre au rythme de l’inflation je serais millionnaire.

    Quel bonheur de créer des unités de production dans lesquelles j’exploiterai ceux qui n’ont pas eu le loisir de suivre ces cours, de les faire suer sang et eau, de leur soustraire les richesse qu’ils produisent …

  2. fanfan la rêveuse 09/07/2019 / 7h02

    Quel nouveau triste constat, pauvres enfants… Laissons les enfants être et vivre leurs vies d’enfants !!! 😦

    • Libres jugements 09/07/2019 / 9h52

      Bonjour Françoise,
      Faut-il s’étonner de cet article ?
      Faut-il s’étonner que plein de gens souhaitent l’arrivée d’une dictature en France, entre autres ?
      faut-il s’étonner que des gens soient anti noir, anti arabe, anti sémite, anti islam, anti conneries, anti protestant, anti catholique, anti communiste, anti truc anti machin en un mot comme en cent, anti tout, par plaisir, par bêtise, par méconnaissance,par illettrisme, par immoralité, etc.

      Tout le monde voit l’imbécillité régner sur terre, mais comment changer l’état d’esprit de tout à chacun ?

      Vous souhaitant une bonne journée
      Michel

      • fanfan la rêveuse 11/07/2019 / 7h19

        Bonjour Michel,
        Depuis maintenant de trop nombreuses années le mécontentement est là, depuis 2 ans il est plus encore prononcé. Je vous rejoins, plus rien ne satisfait le français, mais qui en détient la faute ?
        Nous le savons bien, depuis que nos politiques sont dans le « faite ce que je dis et pas ce que je fais » , qu’il a été mis en place différents statuts, statuts qui divisent les français et qu’il n’y a plus d’attitude droite, irréprochable (de nos dirigeants), depuis que l’argent est le nerf du fonctionnement de notre société.
        Hélas je n’ai pas non plus de réponse à votre questionnement Michel, comment changer cet état d’esprit….
        Douce journée Michel ! 🙂

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