La presse locale au bord du gouffre.

Chute impressionnante des effectifs, fermetures d’agences à la pelle, accentuation des monopoles : la presse régionale s’est considérablement affaiblie depuis 2009.

Ces dernières semaines, la presse locale apparaît dans une mauvaise passe. Mais derrière ces actualités, c’est une crise profonde qui se fait jour. Un chiffre choc (et inédit) résume la situation : plus d’un poste de journaliste sur dix a été supprimé entre 2009 et aujourd’hui au sein des journaux de presse quotidienne régionale et départementale (PQR et PQD).

En dix ans, selon notre décompte, les effectifs ont chuté de 12,5 % dans les quotidiens locaux. […]

La baisse du nombre de journalistes dans les journaux locaux est d’autant plus grave qu’elle est souvent accompagnée d’importantes diminutions d’effectifs dans les autres professions qui font vivre un journal, des emplois administratifs aux métiers du livre. Les secrétaires, notamment, qui constituaient souvent le premier lien entre un journal et son lecteur, disparaissent peu à peu des rédactions locales.

La France ne souffre pas encore de l’apparition de déserts médiatiques comme c’est le cas outre-Atlantique. Chaque département de métropole demeure couvert par au moins un quotidien régional ou départemental. Mais la disparition massive de rédactions locales dans des villes moyennes [ne présage rien de bon quant à la formation presse écrite qui pérennise l’information, permet lecture et relecture, complémente les informations, apporte arguments et contre arguments par rapport à l’audition brève et partielle distillée par les médias audio et télévisuels aux diverses contraintes et obligations. C’est le pluralisme de l’information qui est en cause, ou encore une forme larvée de la censure par le biais des volontés de 4 ou 5 capitaines d’industrie, soucieux de complaire au gouvernement MC]

Entre plans de départs volontaires, PSE et clauses de cession, le nombre de journalistes a baissé de 12,7 %, selon des chiffres fournis par des représentants syndicaux de six quotidiens du groupe. Ces réductions d’effectifs se sont faites parallèlement à la mise en place de la stratégie du « digital first ». Soit la priorité donnée au numérique, que beaucoup datent de l’arrivée à la présidence d’Ebra de Philippe Carli, ex-patron de Siemens France, en septembre 2017. Le « digital first », cela signifie, outre le traditionnel article pour le journal papier, l’écriture d’un article adapté au numérique, la production de diaporamas, de vidéos et, plus rarement, de podcasts. Et parfois, tout cela à la fois. Le tout, donc, avec beaucoup moins de journalistes qu’il y a dix ans quand l’activité se concentrait autour du seul support papier.


D’après Kenan Augeard (Mediacités). Titre original de l’article : « Presse locale : la grande hémorragie ». Source (extrait très partiel)


2 réflexions sur “La presse locale au bord du gouffre.

  1. bernarddominik 07/07/2019 / 19h16

    Cette situation la met à la merci des milliardaires qui ont investi les journaux. Ainsi après le Monde Xavier Niel est en train de prendre le contrôle de Nice Matin et Var Matin. Quant à la Provence, Bernard Tapie va probablement devoir la vendre, mais à qui?

  2. jjbey 07/07/2019 / 23h55

    La presse n’est pas une marchandise mais les capitalistes l’ont bien compris qui s’en emparent pour mieux faire passer leurs salades. Les journaux libres du pouvoir de l’argent sont de moins en moins nombreux et le droit à l’information est violé par ces faiseurs d’opinion.

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