Un Général, maitre d’œuvre pour N.D. de Paris !

Le projet de loi pour la restauration de Notre-Dame, voulu par le président Macron, est sorti un peu carbonisé de son examen, le 2 mai, en commission des Affaires culturelles, à l’Assemblée nationale. En attendant son arrivée en séance, le 10 mai… Tous les députés de l’opposition (et même quelques macronistes) l’ont passé au lance-flammes.

Dans leur collimateur ? La création d’un nouvel établissement public chargé des travaux de restauration.

Le Conseil d’État n’avait pas attendu pour exprimer ses réserves : « Il existe déjà, avec le Centre des monuments nationaux et l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture, deux établissements publics. »

L’argument a été repris par les députés, inquiets de la justification fournie par l’Élysée : la nécessité de créer un troisième établissement afin d’« associer, dans son conseil d’administration, les collectivités locales .notamment la Ville de Paris, ainsi que le diocèse de Paris, en tant que principal utilisateur de la cathédrale ». « Il faut s’assurer que le rôle du diocèse sera compatible avec la loi de 1905 », a prévenu le très macroniste Raphaël Gérard.

Autre sujet de réprobation parlementaire : la batterie de dérogations aux Codes de l’urbanisme, de la voirie ou de l’environnement destinées à accélérer les travaux. Déjà dans « Le Figaro » (2814), 1.170 architectes, experts et universitaires avaient crié leur indignation. « C’est pour nous la porte ouverte à tous les dangers !» a tonné la députée LR Brigitte Kuster, résumant l’avis général.

Enfin, le fait d’ignorer les limites d’âge de la fonction publique pour permettre au général Georgelin de devenir le patron du futur établissement public a été critiqué. « Quand il n’y a plus de règle, il n’y a plus de limites », a fulminé le député Alexis Corbière. Et, quand il n’y a plus de cathédrale, tout est permis ?

Le général et les crétins

Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il chargé le général Georgelin de superviser la reconstruction de Notre-Dame ? Simple, expliquent les conseillers du Président, qui rappellent un fait d’armes éminent de l’ancien chef d’état-major des armées. Entre 2011 et 2016, ce dernier a présidé à la rénovation de l’hôtel de Salm, le siège parisien de la Légion d’honneur, dont il avait, en 2010, été nommé grand chancelier.

Mais c’est en chapeautant la restauration des bâtiments de l’abbaye royale de Saint-Denis (qui abrite depuis 1805 la maison d’éducation de la Légion d’hon­neur, où 500 jeunes filles suivent des cours de lycée et de prépa) que le général a vraiment illustré l’alliance du sabre et du goupillon. Autant de hauts faits qui prouvent, insiste l’Élysée, que le général dispose des compétences nécessaires pour devenir le « représentant spécial » du chef de l’État pour la reconstruction de Notre-Dame.

En 2016, d’ailleurs, la lucidité du haut gradé faisait merveille. Paradant sur le chantier de Saint-Denis, « le militaire, raconte « Le Parisien » (22/4/16), peste contre les normes de sécurité. « Vous ne pouvez pas avoir idée du nombre de crétins qui officient en matière de normes de sécurité incendie », s’emporte-t-il ».

Tous les « crétins » qui voudraient l’empêcher de faire renaître fissa Notre-Dame de ses cendres sont donc prévenus : Georgelin les allumera tout pareil, et ils feront long feu.


Articles signés des initiales J.-M. Th. Le Canard enchaîné. 08/05/2019. Titre original : « L’avenir de Notre-Dame embrase les esprits »


3 réflexions sur “Un Général, maitre d’œuvre pour N.D. de Paris !

  1. jjbey 11/05/2019 / 12h36

    Pour prendre des décisions énergiques rien ne vaut un militaire. L’état d’urgence est son mode de fonctionnement. Cela signifie que les règles de droit sont mises entre parenthèses et qu’on peut les piétiner à gogo. La République? On fait dessus………..

  2. bernarddominik 11/05/2019 / 13h00

    La loi a été votée malgré l’opposition de 95% des français (sondage donné par France info). La manière dont Macron s’est saisi de ce drame laisse penser qu’il n’y est pas étranger. Espérons que la pression de l’opinion publique nous évitera la réédition des colonnes de Buren au Palais Royal, objet de moquerie des touristes. Étrange pays où le président de la république intervient dans tout y compris le plus ridicule, ou pour combattre les niches fiscales il en créé de nouvelles, créé des impôts pour en remplacer d’autres au prétexte de baisser la pression fiscale. C’est triste à dire mais j’en suis à souhaiter un Lee Harvey Oswald.

    • Libres jugements 11/05/2019 / 14h45

      Bonjour Bernard, permettez-nous de vous demander de la modération dans certains de vos propos.
      Vous comprendrez aisément que l’administrateur, n’est en aucun cas solidaire de votre dernière phrase.
      Phrase que d’ailleurs j’ai rayée volontairement, genre de phrase qui si elle revenait une prochaine fois serait censurée.
      Fraternellement
      Michel

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