Macron réunit les Français … mais contre lui

Si le “dramatique” Brexit apparaît comme “embarrassant”, ce pourrait être pire pour la France, ironise The Spectator  !

La une du Spectator datée du 13 avril 2019.

Pour l’hebdomadaire britannique, le président français essuie les échecs depuis deux ans et cristallise les oppositions.

“Un dirigeant incompétent et en difficulté, pour qui la grande majorité des électeurs n’éprouve que méfiance et aversion. Une économie chancelante […]. Une opposition regonflée à bloc. D’énormes manifestations. Des querelles avec des partenaires européens. Le gouvernement paralysé et l’opposition ragaillardie”, décrit The Spectator, dans son dernier numéro, avant d’ironiser : “[Non], ce n’est pas Theresa May, mais Emmanuel Macron […].”

Il y a deux ans pourtant, “Macron était considéré comme le plus grand espoir centriste, non seulement de France mais d’Europe. […] Il avait promis de sortir le pays d’une sclérose politique, économique et sociale, de repousser la menace du populisme, de supprimer 500 000 postes dans la fonction publique et de redonner à la France sa grandeur. […] Il s’est rapidement aperçu que, loin d’être une tâche aisée, réformer un État gangrené par le clientélisme et le protectionnisme est une chose difficile, si ce n’est impossible, à accomplir.”

L’hebdomadaire conservateur cite plusieurs exemples de “l’échec spectaculaire” de Macron : des tentatives écologiques qui n’ont pas abouti, l’annonce de la hausse de la taxe sur le carburant à l’origine du mouvement des “gilets jaunes”, un grand débat présenté comme un “grand moment de démocratie” mais qui n’est, finalement, “qu’un monologue”… « Et à présent il y a son dernier projet, celui de relancer une ambitieuse « renaissance de l’UE », un concept extrêmement vague qui n’a trouvé aucun écho chez les Français, lesquels n’ont pas la moindre idée de ce à quoi il fait allusion et dont le propre euroscepticisme est foulé aux pieds. »

Pour les européennes, souligne The Spectator, la France va inévitablement élire un nombre important d’eurosceptiques au Parlement européen.

Face à l’extrême droite, la base de Macron paraît insuffisante, et les électeurs qui ont fait barrage à Marine Le Pen lors de la présidentielle pourraient être moins scrupuleux pour ce scrutin.

D’autant que les “gilets jaunes” peuvent être tentés de voter contre le président français.

Ainsi, comme le résume le journal britannique, si Emmanuel Macron a réussi à rassembler les Français, c’est une union “contre lui”.


Source: The Spectator – Londres www.spectator.co.uk


2 réflexions sur “Macron réunit les Français … mais contre lui

  1. bernarddominik 15/04/2019 / 11h14

    Selon Natixis, le problème du chômage viendrait du manque de formation des français, je rajouterai de l’inadéquation entre les formations reçues et les besoins des entreprises. Le problème, et je le vois pour un neveu diplômé de l’EPFL de Lausanne, une des meilleures écoles d’ingénieurs européennes, c’est qu’en France on n’a plus le tissus industriel qui permet de concevoir des produits de haute technologie et donc de faire travailler des ingénieurs hautement qualifiés. Il travaille en Belgique, et le fils d’un de mes amis, a du chercher du boulot en Allemagne car notre industrie chimique est inexistante. On voit là les limites du raisonnement de Natixis, il y a cependant une réalité: la difficulté pour certaines entreprises industrielles de recruter car nos lycées et collèges techniques ont été devalorisés, et leurs moyens n’ont pas suivi les besoins. Il est difficile de faire accepter l’idée que la formation doit dépendre des emplois.

    • Libres jugements 15/04/2019 / 21h35

      Depuis de nombreuses années Bernard , Les entreprises françaises ont délaissé la partie « recherche » qui faisait la valorisation des entreprises. Malheureusement les actionnaires et gestionnaires d’entreprise se sont tournés de plus en plus vers la thésaurisation de leurs investissements abandonnant des pans entiers de recherche lorsqu’ils ne s’ingéniaient tout simplement pas à vendre les centaines (voir milliers) de brevets déposés par des entreprises françaises. je pense en tout premier à la carte à puce, invention bien française que l’on a laissé partir et rentabiliser par les USA.
      Dans notre région ardéchoise, la réputation du tréfillage et des tissus connectés ou médicalisés, a fait l’objet de différents reportages. Pourtant ces entreprises à la pointe de la recherche peinent à trouver un équilibre financier … Et peut-être se devront ils se résoudre à vendre leurs brevets … C’est peut-être là aussi un problème d’engagement au niveau national…

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