Grand débat la suite…

… de rouge ou noir mouvements à venir ou d’annihilant enfumage ?

[Il y a matière à se poser plein de questions sur la façon dont est restituée-analysée, le paquet de compte rendus divers issus des rencontres débat, doléances diverses et observations sur le terrain. D’ores et déjà nous sommes sûrs que bien peu de participants au mouvement des gilets jaunes sont parvenus à se faire entendre, soient dans les doléances, soient dans les débats. La plus grande partie des personnes s’étant rendue dans les mairies ou dans les débats, sont en général issu de classes dites intermédiaires, (voir classer dans les intellectuels), ayant un pouvoir d’achat tout au moins supérieur, à ceux qui revendiquaient dans les rues. MC]


Grand débat et grande « restitution », ont démarré en grande pompe au Grand Palais, puis poursuivie à grand train à l’Assemblée et au Sénat…

Petits bras s’abstenir ! On est prié de croire à l’ampleur spectaculaire de ce numéro de transition entre le compte rendu des contributions citoyennes et les réponses que Macron y apportera la semaine prochaine. Le gouvernement, et particulièrement le Premier ministre, voit les choses en très « grand ».

« Toute frilosité serait à mes yeux impardonnable », a même surenchéri l’homme de Matignon pour bien marteler qu’il ne saurait être question de faire dans la demi-mesure pour la suite des opérations.

« Plus rien ne sera comme avant », avait déjà appuyé Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, pour préparer le terrain.Mais, si tout est grand, c’est que les problèmes soulevés le sont également.

A commencer par l’« exaspération fiscale », qui, répète Philippe, est «immense », même si elle est toujours moins forte quand elle porte sur les impôts des autres.

Certes, ce n’est pas une découverte, le «ras-le-bol fiscal» dont parlait en 2013 Moscovici à Bercy n’avait pas attendu le grand débat pour être déjà une évidence. Mais, cette fois, promis-juré, le message est passé en haut lieu : «Il faut vite baisser les impôts », et ça ne va pas tarder.

Et Philippe d’ajouter : «Hésiter serait pire qu’une erreur, ce serait une faute. » Tout comme serait une faute le fait pour lui d’empiéter sur les « grandes » décisions présidentielles de la semaine prochaine, en les détaillant par avance. Il s’est donc contenté, dans ses effets d’annonce, de rester dans les généralités. Et de compenser par une dramaturgie très travaillée, en soignant le choix et, surtout, le poids des mots.

Du « grand », de l’« immense », mais aussi de la bonne consonance. De la « restitution » de débat qui peut rimer avec « redistribution » ou sonner et trébucher comme « restitution du pouvoir d’achat »… Et ce sont bien évidemment ces mots sur les baisses d’impôts qui l’ont emporté.

Le chômage, la défense, la sécurité, le RIC cher au cœur des gilets jaunes, qui ont suscité le grand débat sans y participer, et même l’« immense besoin de justice et d’équité », n’ont que très peu ou pas été évoqués. Et, s’il a été question d’écologie, sujet de préoccupation du moment, c’est surtout à propos du rejet, lui aussi « très grand », de la fiscalité de l’environnement. La « tolérance fiscale zéro » a relégué tout le reste au second plan.

Du même coup, les difficultés … dont la première consiste bien sûr à dire quelles baisses d’impôt, quand, comment et combien. Mais aussi, « sans creuser la dette », à trouver comment financer ces baisses annoncées.

Philippe a eu beau évoquer la « grande maturité » des Français, qui ont compris qu’« on ne peut pas baisser les impôts si on ne baisse pas la dépense publique », l’équation n’est pas gagnée d’avance. Surtout au moment où la détérioration des services publics est aussi déplorée que redoutée.

De grand débat en restitution et au fur et à mesure que tardent les réponses présidentielles, les attentes deviennent de plus en plus « grandes » et le « risque déceptif », de plus en plus « important ».

Après la restitution, il va falloir passer aux solutions. Et nous allons savoir rapido si Macron a réussi ou non à trouver les grands remèdes à la mesure de tous ces grands mots.


Erik Emptaz – éditorial du « Canard enchaîné ». 10/04/2019


Une réflexion sur “Grand débat la suite…

  1. jjbey 15/04/2019 / 0h10

    Macron dictateur? Non car il nous aurait dit « ferme ta gueule ». C’est un démocrate il nous dit « cause toujours ». La référence à Coluche n’est pas innocente car en créant les restos du cœur il voulait dépanner le gens, mais depuis que ça dure il y en a de plus en plus à aider, c’est vrai aussi qu’il y a plus de milliardaires………….

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