Carlos Ghosn, grandeur et décadence.

Au Japon, comme en Europe, l’affaire Carlos Ghosn continue de faire couler beaucoup d’encre. Arrêté le 19 novembre 2018 pour suspicions de malversations financières, l’ancien PDG de Renault-Nissan a été détenu pendant 108 jours, dans la prison de Kosuge, au nord-est de Tokyo.

Les raisons de cette longue détention justifiées par les autorités japonaises ? Empêcher le suspect de s’enfuir durant le temps de l’investigation et prévenir la destruction potentielle des preuves.

Libéré début mars, Carlos Ghosn a été placé sous haute surveillance dans un appartement de la capitale japonaise, dans l’attente de son procès, prévu pour septembre prochain. Il encourt jusque dix ans de prison.

En Europe, le scandale a mis en lumière le fonctionnement du système judiciaire japonais, vivement critiqué à l’international, notamment sur la question du déroulement de la garde-à-vue et sur le fait qu’une période de détention soit possible, durant la période d’investigation, avant même que le suspect ne soit jugé.

Selon les données de la police nationale, la durée de ces interrogatoires peut varier de 15h15 sur une première période de 23 jours de garde-à-vue pour les cas ordinaires, jusque 65h31 lorsqu’il s’agit d’un cas grave comme par un meurtre par exemple. Selon Akiko Yamakawa, avocate chez Vanguard Tokyo, personnellement, il me semble que le débat devrait davantage tourner autour de la question suivante, qui a, à juste titre, soulevé un débat important en Europe : l’arrestation, dont l’ordre émanait directement du bureau du procureur de Tokyo, était-elle justifiée ou pas ?[…]

Carlos Ghosn a annoncé l’organisation d’une conférence de presse à la mi-avril. Il s’agira de sa toute première prise de parole publique depuis le début de l’affaire. “Il est impossible de deviner ce qu’il va bien pouvoir annoncer ce jour-là. Une chose est sure, il devra avancer prudemment et consulter étroitement son équipe de défense pour ne pas se porter préjudice à quelques mois du procès.” Le monde entier sera pendu à ses lèvres. […]


  • [Reste un fait qu’il ne peut absolument pas cacher, celui de son mariage dans les ors de Versailles, abondamment passé dans la comptabilité de Renault-Nissan. Reste que la gouvernance de Renault-Nissan a bien lâché son ex PDG … sans aucun doute, non sans raisons. MC]

Johann Fleuri, Les Inrocks. Titre original : « Ce que pensent les Japonais de l’affaire Carlos Ghosn ». Source (extrait)


4 réflexions sur “Carlos Ghosn, grandeur et décadence.

  1. bernarddominik 03/04/2019 / 8h14

    Peut être que si on était aussi sévères en France il y aurait moins de fraudeurs et d’escrocs. En France c’est très rare qu’un gros fraudeur fasse de la prison, il est beaucoup plus frequent que Bercy lui fasse une réduction d’impôt

    • Libres jugements 03/04/2019 / 11h20

      Vous avez peut-être raison Bernard si nous étions un peu plus « sévères contrôlés fraudeurs » en France … peut-être !

      Mais honnêtement croyez-vous à cette possibilité ?
      Vous êtes comme moi d’un âge où nous avons fait notre service militaire obligatoire, avec toutes les restrictions, interdictions, obligations qui y sont prodiguées, et comme des milliers d’autres, moi parmi ceux-ci, je me suis ingénié à trouver des parades, à détourner les interdictions, obligations, restrictions, tout en sachant que les punitions pouvaient tomber. Ce qui fut le cas pour moi avec jour de prison et de corvées peu agréable … ce fut 15 jours mémorables dont longtemps nous parlions avec mon ami « taulard » Pendant plus de 50 ans qu’il ne décide de nous quitter prématurément. et puis de cette armée me reste le fameux dit-on proférer par le sergent instructeur : « la loi c’est une putain, chacun la baisse sa façon ».

      hélas dans mes propos il y a rien de positif, ils ne sont pas plus négatifs pour autant, juste absolument réaliste.

      En toute amitié
      Michel

  2. bernarddominik 03/04/2019 / 12h28

    Pendant mon service militaire j’ai fait mon job d’informaticien, pour un ticket de métro par jour, et j’ai gardé un autre souvenir, le STIAT, très grosse administration avec un excellent matériel, fonctionnait plutôt bien, avec des petits défauts de sécurité surprenants pour l’armée, mais il remplissait plutôt bien sa mission. Le règlement militaire, avec ses absurdités, bien sûr nous le contournions, mais cela n’a jamais remis en cause le fonctionnement et le budget de l’armée.

  3. jjbey 03/04/2019 / 12h39

    Duralex sed lex, la loi est dure mais c’est la loi et le japonais n’ont pas de fausses pudeurs, ils appliquent. C’est un peu dur si on est innocent mais en France il y a aussi des erreurs et la plus grande d’entre elles n’est-elle pas celle de laisser les fraudeurs agir impunément ? Au mieux ces délinquants verront le parquet faire trainer l’affaire qui se terminera par un non lieu. Vous avez dit Bernard Tapie? Je ma lagarderai bien de prononcer ce nom, les salariés de Wonder, de……….., il y en a un paquet qui lui disent merci d’avoir liquidé leur boite (canard boiteux). Carlos va se consoler avec la modeste retraite qu’il va percevoir, les ingénieurs, cadres techniciens et ouvrier de Renault n’ont pas fini de payer pendant que Bernard va chercher une fois de plus à échapper à le Justice.

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