[Le mouvement « macroniste » qui ne voulait surtout pas que la population constituée d’électeurs le compare à un parti, devient en se structurant ce qu’il devait être : un parti.]
[Un parti constitué pour voyager dans le temps hors de la stature jupitérienne, sachant réagir ou subir sur les décisions et contrecoups, rester malgré tout dans une logique de parti et avoir une vision égalitaire. Devant les velléités de certains élus de LR-EM, ce parti est maintenant dans l’obligation de se structurer d’autant qu’à la base, il fut composée d’élus de plusieurs tendances et beaucoup d’opportunistes absolument pas rompus aux arcanes subtiles et tendancieuses de la politique.
Après avoir fait éclater pratiquement tous les partis dans un premier temps, il est risible de constater que LR–EM s’organise de la même manière que ceux que Macron traitait de parti d’un autre temps. MC]
Sa parole est rare.
Si Claude Posternak, communicant et dirigeant de La République en marche (LREM), a décidé de s’exprimer, c’est parce que le moment est suffisamment grave au sein du parti présidentiel. Car en plus de la sortie du grand débat et de l’entrée en campagne des élections européennes, un autre sujet, plus feutré, tourmente les esprits des marcheurs : la gouvernance et le fonctionnement du mouvement.
Depuis le 1er décembre, le député et cofondateur de LR-EM, Stanislas Guerini, a pris les rênes d’un parti atone, où tout est à construire. […]
Nominations de référents locaux, création de nouvelles responsabilités fonctionnelles… Guerini dépoussière l’appareil et s’entoure de personnalités identifiées, désireuses de faire de la politique : le ministre Sébastien Lecornu, la secrétaire d’État Marlène Schiappa, des députés comme Aurore Bergé, Sacha Houlié, Guillaume Chiche, Olivia Grégoire, Aurélien Taché, ou encore Laurent Saint-Martin…
Tous ont des délégations bien délimitées. « Maintenant, ça ressemble enfin à un parti », félicite un député. […]
Sur le moment, ce nouvel organigramme, (« l’armée mexicaine », ironisent certains), ne fait l’objet d’aucune contestation. Mais depuis quelques semaines, certains membres du bureau exécutif, l’organe de décision du parti, voient d’un mauvais œil cet élargissement. […]
Des fuites dans la presse, cette semaine, sur la dernière réunion du bureau exécutif, ont fini d’alimenter les suspicions sur les nouveaux venus. […]
Le récent dérapage d’Aurélien Taché, qui a comparé le port du voile pour les petites filles au port du serre-tête, en donnant l’impression de parler au nom du mouvement, a aussi nourri les irritations. Claude Posternak, chargé de la médiation (et donc de déminer les tensions en interne) a saisi Stanislas Guerini et Pierre Person la semaine dernière, et obtenu qu’un bureau exécutif « restreint » se tienne lundi soir sur la gouvernance. « C’est simple, on ne veut pas qu’En marche devienne le Mouvement des jeunes socialistes. Ni sur le fond, ni sur la forme », proteste un cadre du parti, en référence au « trio Guillaume Chiche, Sacha Houlié, et Aurélien Taché », qui ont milité dans cette organisation, puis au PS. […]
De la difficulté de faire vivre la diversité au sein d’un mouvement aussi hétéroclite … [oui mais avec sa puissance de vote dans l’hémicycle ces hétéroclites nous embarquent dans une société très décriée ne serait-ce que par les mouvements divers dont ceux des gilets jaunes. MC]
Mathilde Siraud, Le Figaro. Titre original : « Du rififi chez les Marcheurs ». Source (extrait)