Grande victoire pour la ministre des Transports : sa loi d’orientation des mobilités arrive, ce 6 mars, au. Sénat pour une première lecture, après avoir été vouée, un moment, à un classement vertical. Mais, entre les ciseaux d’ Édouard Philippe et les coups de gomme de Bercy, le texte qui sera présenté aux sénateurs a été victime d’un effeuillage calamiteux.
Tour à tour, la vignette « écologique » sur les poids lourds, l’agence des routes, destinée à retaper les nationales, la taxe sur les entreprises, pour financer les transports dans les zones rurales, et les deux TGV Sud-Ouest promis à Carole Delga, présidente de la région Occitanie, sont passés aux oubliettes. « Encore un effort et elle serait devenue la ministre des trottinettes », ricane un député LRM (une fine allusion à la volonté de la ministre de réglementer l’usage de ces engins urbains.)
Chacun y est allé de son coup de sabre : le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a eu la peau de la taxe pour les zones rurales, qui aurait pourtant calmé les gilets jaunes. La fédération des transporteurs routiers a obtenu le retrait d’une vignette qui aurait rapporté 500 millions par an. Bercy a fait le reste : l’Agence de financement des infrastructures de transport de France a perdu 200 millions dans les arbitrages.
Borne to kill
« On en a marre d’être sans cesse humiliés par Darmanin », s’insurge l’un des patrons du ministère. Pour un autre fonctionnaire, les ordres ne viennent même pas d’aussi haut : « Le vrai ministre, c’est le directeur du bureau des transports, à Bercy. » Bref, comme aurait pu le dire Tapie au temps de sa gloire, l’infortunée Elisabeth est sévèrement bornée.
Tout le problème est que l’ancienne patronne de la RATP est aussi cassante avec ses collaborateurs que souple avec les ministres. Et les portes claquent. Son directeur de cabinet, Marc Papinutti, a été le premier à tirer sa révérence, en décembre, suivi par le directeur général des transports, François Poupard, et son adjoint, Cédric Grail.
L’un des principaux spécialistes des transports à l’Assemblée a recueilli d’autres griefs : « Elle est autoritaire au point de traiter ses principaux collaborateurs comme des chiens. » Avant la dernière vague de départs au ministère, elle avait déjà usé quelques conseillers. Lesquels croyaient sans doute être entrés au ministère des transports de joie…
Jérôme Canard – Le Canard Enchaîné 06/03/2019 – Titre original : « Elisabeth Borne ne transporte pas tous ses conseillers »
Il ne reste plus à ces collaborateurs vertueux que de passer leur temps en jouant au « MILLE BORNES » mais en attendant on sait qui est le vrai patron, n’est-ce pas Monsieur de Bézieux ?