Désertion dans l’entourage de Macron ?

Peut-on se poser la question après le démantèlement de l’équipe de « conseilleur » du président, que ce dernier écarte des décisions celles et ceux qui l’ont emmené depuis presque deux ans à un rejet caractérisé d’une politique et d’un système de société à bout de souffle. Et si est cité dans tout ce contexte de renouvellement au sein de l’Élysée, comme cause l’affaire Benalla, elle n’est en réalité qu’un leurre par rapport à la grogne populaire s’étant instauré dès le lendemain de l’élection d’Emmanuel, et les votations d’un certain nombre d’édits ou de lois impopulaires. MC

Après la démission du directeur de la com, Sylvain Fort, le transfert du conseiller politique Stéphane Séjourné pour la campagne des européennes, c’est un nouveau membre de moins dans le club des « Mormons », alors que le cabinet du chef de l’Etat connaît une profonde réorganisation.

Officiellement, c’est pour défendre un livre sur le progressisme, (coécrit avec le conseiller économique David Amiel (également partant de l’Elysée), qu’« Isma » [Ismaël Emelien], 31 ans, a choisi de quitter le navire.

Au palais on minimise !

« Ce n’est pas une démission, car cela voudrait dire que c’est une décision unilatérale. Non, c’est quelqu’un qui remonte sur le ring pour défendre un livre qu’il ne peut pas défendre comme conseiller », explique un stratège du président, qui respecte mais regrette ce choix … qui ne sera effectif qu’en mars, avec la sortie de l’ouvrage chez Fayard.

Son nom apparaît dans l’enquête sur Benalla

Reste que cette rupture a des allures de déchirure pour le président, tant Emelien est perçu comme son ombre. Avec Alexis Kohler, ces trois hommes sont réputés diriger la France. Proche parmi les proches, Isma avait failli monter une start-up avec Macron (et Julien Denormandie, aujourd’hui ministre) à l’été 2014. Il l’avait finalement rejoint à Bercy, avant de partir fonder En Marche !

A l’Elysée, il occupe le bureau du quatrième étage, très prisé avec sa vue sur le jardin, comme Macron sous François Hollande. Doté du titre convoité de conseiller spécial, sera-t-il remplacé ? « Il est unique, ce garçon », souffle un macroniste, visiblement triste.

« Génial » et « disruptif », selon ses amis, ombrageux, taiseux et « autiste » selon ses ennemis qui voient en lui un « mauvais génie », ce geek assumé, le nez toujours rivé sur ses portables, formé à l’école Strauss-Kahn et Havas (ex-Euro RSCG), avait par exemple incité Macron à débattre en direct avec Jean- Jacques Bourdin et Edwy Plenel.

Son leitmotiv ? Casser les codes.

Grand adepte des applications WhatsApp ou Telegram, il y distillait ses conseils en stratégie et éléments de langage. Pour ses détracteurs, nombreux, son départ était inéluctable. Son nom apparaît dans l’enquête sur Alexandre Benalla comme ayant potentiellement été en possession de vidéos des violences du 1er Mai, remises illégalement à l’ancien chargé de mission. Les tensions récurrentes avec l’aile Madame, nom donné aux bureaux de Brigitte Macron à l’Elysée, auront sans doute aussi pesé.


Nathalie Schuck, Le Parisien – titre original : « Ismaël Emelien sur le départ, ou la fin des « Mormons » ». Source (extraits)


2 réflexions sur “Désertion dans l’entourage de Macron ?

    • Libres jugements 12/02/2019 / 17h58

      Bonjour,
      je ne sais pas si ça devient « chaud bouillant » pour Macron, comme dit dans le commentaire.
      Nous pouvons supposer qu’il est certainement assis sur un strapontin pour le moment, reste à savoir si ce siège se révélera éjectable ou non.
      Nous pouvons penser que nous aurons bientôt la réponse avec la fin de l’organisation chaotique de ce piège pour tout le monde, qu’est « ce grand débat ».
      Ce qui est certain c’est que si le jupitérien de service ne prend pas en compte les revendications, et exprimer dans les débats, et les revendications populaires exprimées par les gilets jaunes (en généralité), et par l’ensemble de la population attendant de retrouver une équité de traitement à tous les niveaux (sociale, santé, fiscalité, éducation, justice, services publics, etc.), peut-être serons-nous dans les conditions d’un deuxième mai 68 en 2019.
      Ce d’autant que de vouloir mêler une consultation (référendum ? RIC ?) avec l’élection des députés européens, ne nous semble pas une bonne solution, d’autant que cette élection européenne favorisera l’animosité ambiante entre les Français partisans d’un gouvernement aux contours rigides à la mode extrême droite européenne, à ceux d’une réglementation et démocratie sociale égalitaire dans tous les pays de l’union. A moins que ça soit une manière sciemment voulue, de noyer les « attentes populaires » résultant du grand débat

      Bien évidemment c’est un avis qui mérite d’être étudié à la vue de l’évolution de la situation.

      Cordialement
      Michel

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