Alstom-Siemens, ou Siemens-Alstom ?

J’avoue bien humblement être après un peu de recherche, bien incapable de décider qui a tort qui a raison dans l’interdiction prononcée par UE de cette fusion. MC

Selon Bruno Le Maire ministre de l’économie, très en colère « Au lieu de défendre l’intérêt de l’Europe, la Commission sert celui de la Chine » interrogé par « Le Figaro du 07 février 2019 », qui poursuit son analyse après la question du Figaro : « Comment l’expliquez-vous ? »

 Bruno LE MAIRE. – C’est à la Commission d’apporter des explications. Je le maintiens : sa décision est une erreur et une faute qui coûtera cher au secteur ferroviaire européen. Elle repose sur des arguments techniques qui sont extrêmement contestables et sur une vision complètement décalée de ce qu’est le marché mondial. La Commission a limité son analyse au seul marché européen, partant du principe que les marchés chinois, japonais et sud-coréens n’étaient pas pertinents car ils sont fermés aux acteurs européens. Elle a estimé que les Chinois n’avaient pas accès au marché européen alors qu’ils sont déjà là ! La menace sera très concrète, dans un avenir très proche. La Chine a fusionné ses opérateurs, qui remportent des marchés internationaux. Il existe un champion mondial chinois du rail, il n’y aura pas de champion européen. La Commission en porte la responsabilité : au lieu de défendre l’intérêt de l’Europe, elle sert celui de la Chine.

Et vu et expliquer de cette façon, il serait normal de valider le courroux de Bruno Le Maire d’autant que nous avons les exemples des trains d’Alstom (TGV France) et de Siemens (LGV Allemand), tous deux exportés dans plusieurs pays du monde.

La veille, d’une Niet de la CE, le patronat français, jusqu’ici peu bavard sur cette fusion, était sorti du silence. « La constitution de champions européens est absolument indispensable » face à la concurrence chinoise et américaine, avait ainsi affirmé Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef.

Il faut dire qu’avec cette décision c’est toute la vision d’Emmanuel Macron, définie dès 2015 alors qu’il était encore en poste à Bercy, qui boit la tasse. Celle-ci consistant à promouvoir la création de grands champions européens dans les secteurs stratégiques, comme l’énergie, la navale ou encore le ferroviaire.

Oui mais, qu’amènera la fusion au niveau des salariés ?

Selon Clotilde Mathieu dans le journal l’humanité :

Malgré les pressions de Paris et Berlin, les concessions de dernière minute, la Commission européenne, après avoir planché sur « plus de 800.000 documents » depuis juillet 2018, « a interdit la concentration parce que les parties n’étaient pas disposées à remédier aux importants problèmes de concurrence que nous avons relevés », a déclaré la commissaire Margrethe Vestager, lors d’un point presse.

« L’opération financière » dénoncée par l’ensemble des syndicats n’aura pas lieu, évitant au passage les 4.000 à 7.000 suppressions de postes redoutées en Europe par les organisations syndicales.

D’autant que la menace de la concurrence chinoise agitée par l’exécutif et les dirigeants des deux groupes reste pour le moment « très virtuelle », explique l’économiste Marc Ivaldi, interrogé par France Info. « CRRC (constructeur de matériel ferroviaire chinois – NDLR) réalise 90 % de son chiffre d’affaires en Chine. Mais il n’y a aucune perspective d’entrée des Chinois sur le marché européen de la grande vitesse en Europe dans un avenir prévisible », estime aussi Margrethe Vestager.

Quant à leur situation sur le marché de la signalisation ferroviaire, la commissaire juge qu’« ils ne sont nulle part en Europe ». « Pour pouvoir rentrer sur ces marchés européens qui sont extrêmement désagrégés, il faudra que les Chinois investissent beaucoup », analyse pour sa part Marc Ivaldi.

Une conviction partagée par les syndicats. « La Commission (européenne) a toujours dit, que le péril chinois n’est qu’une contrevérité », estime l’organisation. D’autant que si tel avait été le cas, pourquoi CRRC « est-il l’un des partenaires les plus importants d’Alstom ? Pourquoi le gouvernement français ne se bat-il pas plutôt pour l’ouverture réelle du marché chinois et la fermeture du marché européen tant qu’il n’y aura pas réciprocité ? » poursuit un syndicat. Plutôt que de fabriquer des géants, le gouvernement serait plus efficace en se battant pour « la mise en place d’un European Buy Act, pour protéger notre marché et assurer la localisation des productions », préconise de son côté Fabien Roussel.


[Voilà quelques éléments glanés, maintenant il faudrait étudier la comptabilité de chacun des groupes, ses commandes et engagements futurs, le tout porté au niveau de la planète et de la pérennité et l’expansion possible des transports ferroviaires, pour répondre avec plus d’assurance sur le bien ou le mal fait de cette « non » fusion. MC]