Un référendum pour sortir de la défiance généralisée

Depuis bientôt trois mois que s’exprime une défiance qui ébranle le pouvoir. – MC.

Au-delà des manifestations désormais rituelles du samedi, au-delà de ces quelques dizaines de milliers de  » gilets jaunes  » qui entendent ne rien  » lâcher « , au-delà des violences et des turbulences qui l’accompagnent, ce mouvement a déclenché une controverse nationale sans précédent.

Comment restaurer l’égalité et la fraternité dans un pays dont les fractures – sociales, fiscales, territoriales, culturelles – n’ont cessé de se creuser depuis deux ou trois décennies, attisant frustrations, désarrois et colères ? Et comment y parvenir quand les gouvernants sont l’objet d’une défiance abyssale ? Quelle qu’ait été sa responsabilité dans l’affaire, et elle n’est pas mince, […]

A crise inédite, réponse inédite : tel est le sens du grand débat national engagé depuis une semaine par Emmanuel Macron. Certes, les voix ne manquent pas, chez les « gilets jaunes » ou parmi les opposants acharnés, pour récuser la démarche, dénoncer par avance une « mascarade », chipoter sur les questions mises sur la table ou au contraire écartées par le chef de l’Etat dans sa lettre aux Français du 13 janvier.

[…] Il n’empêche que cette grande consultation semble bien répondre à une forte attente. Dans les formats les plus divers, des centaines de réunions sont, dès à présent, organisées dans tout le pays par des maires, des associations ou des particuliers. Des cahiers de doléances sont remplis dans les mairies. Et l’on verra rapidement si les Français s’emparent en nombre de la plate-forme ouverte sur Internet depuis le 21 janvier pour faire connaître leurs attentes et leurs revendications.

S’il est encore loin d’être gagné, le pari de ce grand déballage national prévu pour durer deux mois n’est donc pas perdu. A une condition essentielle : qu’il ne se termine pas en queue de poisson et que le chef de l’Etat en tire, comme il s’y est engagé, « toutes les conclusions » afin de « transformer les colères en solutions ».

C’est évidemment affaire de sincérité et de transparence dans le compte rendu synthétique final de tous ces débats. Mais au-delà de cette étape complexe, et sauf à creuser un peu plus une défiance déjà abyssale, il faudra démontrer aux Français qu’ils n’ont pas été seulement écoutés, mais entendus.

On voit mal comment cela serait possible sans consulter le pays sur les solutions après l’avoir fait sur les propositions. En clair, sans organiser un référendum sur quelques réformes émergeant fortement du débat national sur chacun des quatre grands thèmes retenus : fiscalité, organisation de l’Etat, transition écologique, démocratie et citoyenneté. […]


Gérard Courtois, Le Monde – « Une seule solution, le référendum » – Source (Extrait)


 

3 réflexions sur “Un référendum pour sortir de la défiance généralisée

  1. fanfan la rêveuse 23/01/2019 / 17h45

    Il faut espérer, effectivement Michel, qu’après ce grand débat, le travail final soit soumis à la validation des français. Il serait complètement stupide pour nos élus de faire leur mixture égoïstement, j’espère qu’ils ont compris que les français ne se laisseront pas faire.
    Je suis complètement d’accord avec un référendum. Pour autant, il faut jouer le jeu et y répondre en son âme et conscience pour le bon fonctionnement de la France et non pour « faire barrage ou se débarrassé » d’un politique.

    • Libres jugements 24/01/2019 / 14h05

      vous le précisez bien Françoise, pour autant je vous cite, « il faut jouer le jeu et y répondre en son âme et conscience pour le bon fonctionnement de la France et non pour faire barrage ou se débarrasser d’un politique ».
      En partie d’accord si il y a réponse négative argumentée ou constructive pour l’avenir. Mais quid si tout est refusé en bloc : une superbe fin de non recevoir. N’est-ce pas alors le rôle de barrage ou de rejet d’une politique qu’il s’agira d’exercer en temps qu’électeurs … et puis de toute façon reste à savoir s’il y aura réellement un référendum à l’issue de ce grand débat… car sinon c’est bien se foutre (pardonnez l’expression) dans les grandes largeurs de tous les mouvements de cette grogne latente depuis plusieurs décennies. Si cela était, comment se comporteront les « grognons » sur la place publique ?

      • fanfan la rêveuse 24/01/2019 / 14h27

        Michel, un référendum n’est pas fait pour déstabiliser un gouvernement. Le gouvernement demande un avis à la population. Il est notre seule possibilité de donner notre avis sur un sujet bien précis, il ne faut pas mélanger tout. La possibilité de faire barrage ou de se débarrasser d’un politique est les élections.
        Voila pourquoi nos politiques ne s’en servent pas ! Ils l’ont clairement signifié dans le documentaire « La V e république au coeur du pouvoir ». En agissant ainsi nous mettons en place notre propre punition…
        Il fonctionne très bien en Suisse, l’erreur chez eux est le trop de consultation. Comme je le dis souvent, le trop tue ! 😉
        Je pense que l’issue de ce grand débat est un référendum, effectivement, nous verrons bien.

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