« La lettre » lu par Paul Quinio

Pour une fois je vais diffuser l’intégralité d’un texte éditorial paru dans libération sous la signature de Paul Quinio, qui me semble être au plus près du ressentiment général face à la lettre d’un président (Ce dernier aux abois, ne sachant plus de quel côté regardez, ni décidé). MC

L’ex président Sarkozy, en 2012, avaient écrit aux Français pour annoncer sa candidature à un second mandat [Cela ne l’a pas empêché d’être évincé par François Hollande].

Dix-huit mois après son installation à l’Élysée, Emmanuel Macron se livre au même exercice épistolaire pour lancer son grand débat censé répondre à la crise sociale et politique ouverte par le mouvement des gilets jaunes.

Cette consultation, prend soin de préciser le chef de l’État à la fin de sa lettre, « n’est ni une élection, ni un référendum ». Ni un référendum anti-Macron, faut-il évidemment comprendre…

Avec cette adresse aux Français, le chef de l’État est en fait candidat… à sauver les trois ans qu’il lui reste à passer à l’Élysée. L’humilité du style, la simplicité du vocabulaire, le ton direct et concret des questions qu’il suggère d’aborder d’ici la mi-mars en disent long sur l’urgence pour Emmanuel Macron à renouer avec les Français. L’arrogant Jupiter tente avec ce texte de se mettre à hauteur de rond-point.

Moins vertical, plus horizontal. Les déplacements que le chef de l’État va effectuer dans les jours qui viennent pour lancer son grand débat diront si les Français y sont prêts. A priori, ce n’est pas gagné, si l’on en croit le regain de mobilisation des gilets jaunes, samedi. Reprendre le dialogue ne sera pas aisé. Et, si l’on ose dire, va demander au chef de l’État un certain « goût de l’effort ».

D’autant que son courrier ne lève pas l’ambiguïté majeure qui entoure ce grand débat. « N’importe quel sujet » pourra être abordé, « il n’y a pas de questions interdites », écrit Emmanuel Macron, qui promet « un nouveau contrat pour la Nation ». Mais il précise aussi avoir été élu sur un projet auquel il entend rester « fidèle ».

La parole est donc libre, mais « en même temps » pas trop. L’exercice est d’autant plus périlleux que l’humeur du pays reste plus que grincheuse.


Paul Quinio, Libération – Titre original : « Périlleux » – Source


 

D’ores et déjà le doute quant à l’impartialité des analyses qui sortiront des débats avec l’annonce faite par l’exécutif désignant le ministre chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, ainsi que le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique, Emmanuelle Wargon, pour chapeauter cet exercice inédit sous la Ve République. 

D’après ces sources, le premier s’occupera du dialogue avec les élus dans cette grande consultation voulue par Emmanuel Macron afin de sortir de la crise des Gilets jaunes. La seconde devrait être chargée du volet lié à la société civile. 

Pour garantir l’indépendance du débat, l’exécutif semblait pourtant se diriger vers un petit groupe de personnalités, le Premier ministre ayant déjà évoqué un «comité des garants».

La journaliste de RTL Pauline de Saint-Rémy avait également rapporté qu’un autre duo de personnalités issues de la société civile jouerait le rôle de «garants du bon déroulé» du débat : Nicole Notat, ancienne patronne du syndicat CFDT ainsi que Jean-Paul Bailly, ancien patron de la RATP puis de La Poste – tous deux jugés «experts du dialogue social».  François de Rugy a confirmé, ce 14 janvier à midi, que ces deux «personnalités indépendantes», avaient été choisies pour animer le grand débat national.


Voilà la messe est dite – MC


 

2 réflexions sur “« La lettre » lu par Paul Quinio

  1. Libres jugements 14/01/2019 / 12h40

    Pas sûr que cette lettre donne envie, comme il l’espère, au grand nombre de Français  participent à ce grand débat.
    Car s’il pense que ce débat peut apporter « une clarification de notre projet national et européen », c’est après avoir rappelé qu’il a été élu sur un projet, et qu’il n’a pas l’intention d’en changer.

    Les thèmes retenus, d’apparence larges, ont été remaniés. Outre la fiscalité, l’environnement et l’enjeu démocratique, déjà annoncés, le thème du pouvoir d’achat n’apparaît plus comme un sujet. Il a tout simplement disparu de cette longue missive. Et quand cette question est abordée, ce n’est qu’au travers des baisses d’impôts. « Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en réalité ? » demande Emmanuel Macron.

    Pour ceux qui n’avaient pas compris le message, il précise : « Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôts sans baisser le niveau global de notre dépense publique. » Il poursuit : Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? »

    Le retour de l’ISF, revendication qui revient perpétuellement autour des ronds-points, dans les manifs des gilets jaunes et sur les cahiers de doléances ouverts dans les mairies, est aussi fermement rejeté. Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. »

    Les ardents défenseurs du RIC, et tous ceux qui plaident pour de nouvelles formes d’intervention populaire, pourront investir les débats visant à donner plus de force à la démocratie et la citoyenneté. Mais Emmanuel Macron refuse de donner l’exemple, le chef de l’État n’ayant manifestement pas l’intention de faire déboucher ce grand débat sur une grande consultation populaire. « Ce n’est ni une élection, ni un référendum », précise-t-il, avant d’expliquer que ces propositions visent « à bâtir un nouveau contrat pour la Nation, à structurer l’action du gouvernement et du Parlement ».

    Plus inquiétant encore, il ne limite pas ce débat au fonctionnement démocratique mais souhaite qu’il serve à interroger la citoyenneté. Réfléchir à « l’intégration », à « nos obligations en matière d’asile », au « défi » de l’immigration.
    Il remet dans le débat public la question de la « laïcité », alors que ces sujets clivants avaient été justement occultés par deux mois de mobilisations sociales.
    Autre sujet dont il fait ardemment la promotion, la réforme de l’État et des administrations.

    « Un grand débat où c’est eux qui choisissent les thèmes ? Ils se foutent de nous ! Avec des gens comme ça on débat pas, il faut leur imposer nos idées, qu’ils n’aient plus le choix », expliquait Adrien, un gilet jaune de 38 ans.

  2. jjbey 14/01/2019 / 23h05

    La démocratie à « la MACRON » c’est « cause toujours ».

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