Sur le Grand débat !

Vous trouverez ci-dessous une analyse de la situation actuelle en France ainsi que sur le grand débat qui s’annonce. Une analyse édictée par à un député  européen membre du groupe GUE. Bien évidemment chacun est libre d’y adhérer ou pas, reste que pour le moment c’est à part les propositions du rassemblement national (RN) de l’extrême droite (et bien évidemment du gouvernement et de ses affidés du LREM), je n’ai pas trouvé de déclaration aussi complète que celle de Patrick le Hyaric, sur le sujet, mais peut-être n’ai-je pas assez cherché, à vous de me le dire. MC

Les mouvements sociaux en cours et nos concitoyens ont vite compris qu’on pouvait parloter sur ce projet dit de « grand débat » (qui a déjà, beaucoup de plomb dans l’aile) mais qu’il ne serait tenu aucun compte des souhaits populaires dès lors qu’ils mettraient en cause les puissances d’argent et les choix macronistes à son service.

Raison de plus pour continuer à porter le fer sur l’augmentation des salaires au moment où les entreprises cotées en bourse annonce qu’en 2018 elles auront versé 57,4 milliards de dividendes à leurs actionnaires.

Il convient d’aider le mouvement à franchir une étape nouvelle et de faire porter le débat sur le rôle des grandes entreprises et des banques dont celui de la banque centrale européenne (BCE) qui a déversé des milliards et des milliards aux banques privées, sans bénéfices pour les travailleurs et les privés d’emploi, ni pour les petites entreprises, aux prises avec milles difficultés.

  • Les enjeux de la justice fiscale doivent être également être poussés à partir de la demande de rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes (ISF).
  • L’enjeu d’une transformation démocratique du pays et de l’Union européenne est également au cœur du mouvement

C’est le moment de faire beaucoup de politique avec les organisations structurées et celles et ceux qui agissent ou soutiennent l’action .

Il ne suffit en effet pas d’énumérer des demandes ou de constater que des revendications sont proches, encore faut-il discuter du chemin unitaire qui permettrait de les faire prévaloir. Dit autrement, il faudrait discuter du rapport des forces politiques qui permettrait de progresser vers un changement de système et d’empêcher le pire qui serait que durant des mois l’on défile dans la rue, et un dimanche de mai, l’extrême droite et Macron rafle la mise. Au point où nous en sommes, ce sujet doit être désormais débattu au grand jour. Le grand capital est uni et prêt à toutes les combinaisons politiques, y compris les pires.

Le gouvernement aura beaucoup espéré de la trêve de fin d’année pour que s’essouffle la contestation sociale. La propagande autour des mesures en trompe l’œil concédées par le Président, la lumière médiatique braquée autour des seules violences pour mieux évacuer les revendications sociales et démocratiques, l’usage disproportionné de la force publique, les arrestations préventives et condamnations abusives, les ordres donnés aux préfets pour débarrasser les ronds-points des invisibles qui y ont pris place n’ont pourtant pas suffit à étouffer la puissante colère.

Elle prend d’ores et déjà de nouveaux atours, avec ou sans ce gilet jaune. Les salariés de l’Education nationale commencent à s’organiser et à réclamer l’augmentation de salaires qui leur a été refusée après avoir été fébrilement accordée aux forces de l’ordre. D’autres catégories sociales et professionnelles discutent à bâtons rompus de leurs conditions de travail, des inégalités et injustices de l’actuel système. La digue du défaitisme a commencé à rompre.

Le Président prétend au « dialogue » tout en qualifiant les centaines milliers de citoyens en mouvement de « foules haineuses ». Il a bien fait comprendre, lors de ses vœux, que le ton compassé de son allocution contrainte à la télévision au pic de mouvement n’était que diversion. C’est bien son programme de mise en coupe réglée de la République sociale qu’il compte appliquer autoritairement, sans détour ni amendement. Le décret condamnant les chômeurs à des règles d’indemnisation et de retour à l’emploi scélérates, imposé sans débat au cœur des fêtes, est un avant goût symptomatique de cette manière de procéder.

Le grand débat national n’apparaît dès lors que comme une nouvelle séquence du mauvais film « cause toujours… » s’apparentant à une tentative de reprise en main politique. Le Président a lui-même décidé d’en fixer l’ordre du jour. De la même manière que M. Juncker affirmait qu’il n’y a pas démocratie en dehors des traités européens, M. Macron prévient qu’il n’y aura pas de débats en dehors de son programme ultralibéral. Cette mise en parenthèse de la souveraineté populaire, entre deux scrutins présidentiels qui ne rendent qu’imparfaitement compte des rapports de force politiques, abîme le contrat social et démocratique. En refusant la profonde respiration démocratique dont le pays a besoin, le Président, son gouvernement et sa majorité, décrédibilisent dangereusement nos institutions, au grand bonheur des factieux et autres anti-parlementaristes qui grenouillent à l’extrême droite tout en préservant le monde des affaires.

Le macronisme espère profiter de la crise pour souffler sur les braises de l’antiparlementarisme et conforter une pratique du pouvoir autoritaire et centralisée, feignant de ne pas voir que c’est le présidentialisme qui est en crise avec son mépris des corps intermédiaires, des élus locaux et des parlementaires, des associations, des syndicats ou des partis politiques ; feignant de ne pas voir que c’est la figure du Président qui est fortement contestée sur tous les ronds-points. Ainsi à contrario de ce qu’exprime le mouvement, le gouvernement espère profiter de certaines ambiguïtés pour avancer son projet crucial de réforme des institutions et de suppression du tiers de parlementaires, visant à affaiblir plus encore les représentants du peuple et à laisser la place aux conseillers et technocrates qui « traversent la rue » régulièrement dans les deux sens : des cabinets ministériels, à la technostructure et au monde des affaires.

Ici se dessine le pas de deux du pouvoir avec l’extrême droite, agitée comme épouvantail mais utilisée pour saborder le débat sur les institutions. L’actuel mouvement n’a rien à espérer de ces manœuvres mais doit continuer à porter des exigences sociales et démocratiques, avec les organisations qui les font vivre, pour un nouvel âge de notre démocratie. Nous nous mettons à la disposition de ce mouvement populaire avec « les cahiers de la colère et de l’espoir » que chacun et chacun peut remplir pour se faire entendre


Patrick Le Hyaric – député Européen GUE


 

6 réflexions sur “Sur le Grand débat !

  1. jjbey 13/01/2019 / 18h23

    Le chemin des ronds points doit permettre le retour aux urnes et les gilets jaune de tout faire pour unir une force capable de renverser l’ordre actuel.
    Que l’on donne plus aux salariés et retraités et moins aux actionnaires……

  2. tatchou92 13/01/2019 / 18h51

    Il n’y a pas plus sourd ou aveugle que celui qui ne veut ni entendre ni voir, ni écouter, et qui croit détenir seul la solution… contre le peuple exaspéré, des lycéens aux étudiants, en passant par les chômeurs, les salariés, les mères de famille, les retraités, les enseignants, le personnel hospitalier, ceux qui sont sur le pont, dans les ronds points, dans les luttes et qui n’en peuvent plus…

  3. sissistronnelle 13/01/2019 / 22h58

    Il est admirable, sur les rond-points ou dans les Assemblées Générales, de constater combien le mouvement de révolte « primaire » s’est au fil du temps et des échanges transformées en une réflexion sur la place du citoyen dans la société, dans la démocratie etc.
    On y voit désormais des projets élaborés par des gens qui jusqu’alors n’avaient jamais exprimé leurs opinions ailleurs que dans un isoloir ou au cours du repas d’anniversaire de la grand-mère quand les langues se délient grâce au rouge servi copieusement après le petit jaune…
    Concernant ce GDN (Grand Débat National) cependant, il n’est pas gagné que les gens se déplacent en masse pour inscrire leurs doléances et revendications alors même qu’ils n’ont jamais reçu d’éducation à la parole et que…ils ont toutes les raisons de penser que leurs voix ne portera pas bien fort !
    En tant que citoyenne, j’appelle cependant à ce que chacune, chacun, allions inscrire nos projets tant sur les cahiers de l’État que ceux mis en place par les gilets jaunes. D’une part, nous apprendrons ainsi à nous positionner et nous exprimer sur des sujets qui nous échappaient, d’autre part nous montrerons que nous voulons prendre part et de façon active à la vie politique.
    (désolée de n’être pas parvenue à faire plus court, merci pour votre attention)

    • Libres jugements 14/01/2019 / 11h39

      Bonjour un grand merci pour ce commentaire

      En ce qui concerne les gilets jaunes et leurs actions sur le terrain détruisant certains péages, radars ou mobilier urbain je ne puis être en accord avec eux – et je ne parle pas des casseurs est un autre cas. Sur les revendications des gilets jaunes je partage bon nombre de leurs revendications encore faudrait-il qu’ils puissent – non qu’ils veuillent, s’organiser au niveau non pas local mais national et trouver en leur sein une organisation et un ou des représentants parlant d’une même voix et sur les mêmes revendications.
      Il ne s’agit pas de se tromper la base de cette grogne générale est bien plus lointaine que l’arrivée de Jupiter à l’Élysée, elle est peut-être issue de l’après mai 68 (lequel espérait d’une démocratie beaucoup plus libre et proche des concitoyens) alors que le piège s’est refermé rapidement autour de cette forme libertaire de société, l’aristocratie financière internationale reprenant peu à peu les pouvoirs sur le peuple. En disant cela j’ai conscience que mes propos peuvent être ceux d’un vieil idéaliste, quelque peu utopiste, croyant que la société peut s’améliorer par et avec la volonté des peuples. Reste encore une fois qu’il faudrait savoir ce que veut la population française plus apte à râler dans sa cuisine que se rendre aux isoloirs.

      Fraternellement, et n’hésitez pas à apporter vos commentaires.
      Michel

      • sissistronnelle 16/01/2019 / 23h10

        En réponse, voici le second « appel de Commercy », pour ceux-celles qui seraient passés à coté.
        A ce jour, et 2 semaines encore avant la date de l’assemblée des assemblées, 31 groupes ont déjà répondu à l’appel et s’y préparent.

        (merci Michel pour cet espace d’expression)

        https://manif-est.info/Second-Appel-des-Gilets-Jaunes-de-Commercy-L-assemblee-des-assemblees-895.html

        Notre deuxième appel s’adresse :
        A tous les Gilets Jaunes. A toutes celles et ceux qui ne portent pas encore le gilet mais qui ont quand même la rage au ventre.

        Cela fait désormais plus de six semaines que nous occupons les ronds-points, les cabanes, les places publiques, les routes et que nous sommes présents dans tous les esprits et toutes les conversations.

        Nous tenons bon !

        Cela faisait bien longtemps qu’une lutte n’avait pas été aussi suivie, aussi soutenue, ni aussi encourageante !

        Encourageante car nos gouvernants ont tremblé et tremblent encore sur leur piédestal
        Encourageante car ils commencent à concéder quelques miettes.
        Encourageante car nous ne nous laissons désormais plus avoir par quelques os à ronger.
        Encourageante car nous apprenons toutes et tous ensemble à nous respecter, à nous comprendre, à nous apprécier, dans notre diversité. Des liens sont tissés. Des modes de fonctionnement sont essayés. Et ça, ils ne peuvent plus nous l’enlever.
        Encourageante aussi, car nous avons compris qu’il ne faut plus nous diviser face à l’adversité. Nous avons compris que nos véritables ennemis, ce sont les quelques détenteurs d’une richesse immense qu’ils ne partagent pas : les 500 personnes les plus riches de France ont multiplié par 3 leur fortune depuis la crise financière de 2008, pour atteindre 650 milliards d’€ !!! Les cadeaux fiscaux et sociaux faits aux plus grandes sociétés s’élèvent également à plusieurs centaines de milliards par an. C’est intolérable !
        Encourageante enfin, car nous avons compris que nous étions capables de nous représenter nous mêmes, sans tampon entre les puissants et le peuple, sans partis qui canalisent les idées à leur seul profit, sans corps intermédiaires davantage destinés à amortir les chocs, à huiler le système, plutôt qu’à nous défendre.

        Nous pleurons aujourd’hui les victimes de la répression, plusieurs morts et des dizaines de blessés graves. Maudits soient ceux qui ont permis cela, mais qu’ils sachent que notre détermination est intacte, bien au contraire !

        Nous sommes fiers de ce chemin accompli si vite et de toutes ces prises de conscience qui sont autant de victoires sur leur système écrasant.

        Et nous sentons très bien que cette fierté est partagée par énormément de gens.

        Comment pourrait-il en être autrement, alors que ce système et ce gouvernement qui le représente n’ont de cesse de détruire les acquis sociaux, les liens entre les gens, et notre chère planète ?

        Il nous faut donc continuer, c’est vital. Il nous faut amplifier ces premiers résultats, sans hâte, sans nous épuiser, mais sans nous décourager non plus. Prenons le temps, réfléchissons autant que nous agissons.

        Nous appelons donc toutes celles et ceux qui partagent cette rage et ce besoin de changement, soit à continuer à porter fièrement leur gilet jaune, soit à l’enfiler sans crainte.

        Il faut désormais nous rassembler partout, former des assemblées citoyennes, populaires, à taille humaine, où la parole et l’écoute sont reines.

        Des assemblées dans lesquelles, comme à Commercy, chaque décision est prise collectivement, où des délégués sont désignés pour appliquer et mettre en musique les décisions. Pas l’inverse ! Pas comme dans le système actuel. Ces assemblées porteront nos revendications populaires égalitaires, sociales et écologiques.

        Certains s’autoproclament représentants nationaux ou préparent des listes pour les futures élections. Nous pensons que ce n’est pas le bon procédé, tout le monde le sent bien, la parole, notre parole va se perdre dans ce dédale ou être détournée, comme dans le système actuel.

        Nous réaffirmons ici une fois de plus l’absolue nécessité de ne nous laisser confisquer notre parole par personne.

        Une fois ces assemblées démocratiques créées, dans un maximum d’endroits, elles ouvriront des cahiers de revendications.

        Le gouvernement a demandé aux maires de mettre en place des cahiers de doléances dans les mairies. Nous craignons qu’en faisant ainsi nos revendications soient récupérées et arrangées à leur sauce et qu’à la fin, elles ne reflètent plus notre diversité. Nous devons impérativement garder la main sur ces moyens d’expression du peuple ! Pour cela, nous appelons donc à ce qu’ils soient ouvert et tenus par les assemblées populaires !

        Qu’ils soient établis par le peuple et pour le peuple !

        Depuis Commercy, nous appelons maintenant à une grande réunion nationale des comités populaires locaux.

        Fort du succès de notre 1er appel, nous vous proposons de l’organiser démocratiquement, en janvier, ici à Commercy, avec des délégués de toute la France, pour rassembler les cahiers de revendications et les mettre en commun.

        Nous vous proposons également, d’y débattre tous ensemble des suites de notre mouvement.

        Nous vous proposons enfin de décider d’un mode d’organisation collectif des gilets jaunes, authentiquement démocratique, issu du peuple et respectant les étapes de la délégation.

        Ensemble, créons l’assemblée des assemblées, la Commune des communes.

        C’est le sens de l’Histoire, c’est notre proposition.

        VIVE LE POUVOIR AU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, ET POUR LE PEUPLE !

        Si vous êtes intéressés par notre démarche, nous proposons que l’assemblée des assemblées se tienne le samedi 26 janvier à 14h à Commercy (ou endroit proche, selon la disponibilité des lieux).

        L’ordre du jour, le lieu, et les modalités pratiques seront bientôt annoncés sur sur la page Facebook « Les Gilets Jaunes de Commercy » : https://www.facebook.com/Les-Gilets-Jaunes-de-Commercy-440617629803047/

        • Libres jugements 17/01/2019 / 12h11

          Bonjour à toutes les lectrices et tous les lecteurs de ce blog.
          Nous pensons que vous connaissez notre philosophie à savoir que nous ne censurons aucun des commentaires qui nous sont adressés à partir du moment où ces textes ne font pas l’apologie de violences réprouvées par les lois en vigueur.
          De même vous le savez nous ne cautionnons absolument pas les positions extrêmes.

          Le simple fait de valider un commentaire venant de « l’extérieur », n’entend pas pour autant que les gestionnaires de ce blog, approuvent l’intégralité des propos tenus.

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