Voyons voir !

A qui va profiter le mouvement « blocage des routes ? »…

[À la suite de cette question, vous trouverez analyses et réflexions de Laurent Joffrin – libération, dont il a le secret. MC]

Difficile de ne pas exprimer une réticence : quand les fachos expriment les fâchés, il y a danger…

D’autant que le fond du dossier se trouve bien loin des simplifications anti-impôt qui animent les protestataires. D’abord parce que le prix à la pompe vient de diminuer nettement en raison de la baisse du prix du brut. Une mobilisation désormais sans objet ?

Ensuite parce que tous ceux qui sont attachés à la défense de la planète savent qu’il faut repenser la place de l’automobile dans le système de transports. Et que les expériences de diversification des « mobilités » sont légion «en région», contrairement à ce qu’assènent ceux qui croient détenir le monopole de la connaissance « du terrain ». Il est possible, quoi qu’on dise, de réduire le nombre des petits déplacements en voiture grâce à des solutions alternatives dont on voit l’exemple en d’innombrables lieux. À condition de prévoir une compensation pour ceux qui sont contraints à des trajets longs quotidiens.

Mais il y a autre chose derrière cette jacquerie routière : une humiliation qui nourrit toutes les colères, […].

La traditionnelle lutte des classes se double désormais d’une lutte des espaces : la banlieue contre les centres-villes, la périphérie contre les bobos, la campagne contre les agglomérations, les petites communes contre les grandes. Loin des villes, loin du cœur : les «rurbains» se sentent méprisés par les urbains et abandonnés par les pouvoirs, souvent à juste titre.

La fracture sociale est aussi une fracture spatiale. [À contre-courant le gouvernement] tient un discours rationnel loin de répondre à une plainte émotionnelle. […]


Laurent Joffrin, Édito de Libération du 13/11/2018 – Titre original : « Humiliation » – Source (Extrait)


Et selon Tristan Berteloot toujours dans « Libération du 13/11/2018 » Titre original : « Gilets jaunes : un mouvement aux coutures opaques »

Y a-t-il récupération par l’extrême droite ?

« Ce procès est grotesque ! 80 % des Français sont d’accord avec la mobilisation », s’indigne Nicolas Dupont-Aignan, l’un des premiers politiques avec Marine Le Pen à relayer les appels à manifester.

Candidat aux européennes, il sera samedi sur le terrain pour « le début de la révolution du XXIe siècle ».

Le Pen a elle aussi appelé à la mobilisation mais elle ne marchera pas aux côtés des manifestants : elle sera la veille à Sofia, en Bulgarie, où elle doit rencontrer des alliés national-populistes en vue des européennes. « Par principe, la présidente ne participe pas à des manifestations dont le RN n’est pas à l’initiative. Ce qui ne veut pas dire que les cadres n’iront pas, mais en civil et sans bannière », précise son entourage.

Le parti va quand même organiser toute la semaine des tractages, notamment dans les stations-service. L’occasion est trop belle pour la formation mariniste, qui se veut l’avocate de la « France des oubliés ». « Il s’agit d’une question de déclassement territorial, de mobilité, de liberté et de pouvoir d’achat : tout ce qu’on défend », résume un proche de Le Pen.

Comment s’en sortent les autres partis ?

Mal. Pour ne pas avoir l’air d’emboîter le pas à l’extrême droite, les partis d’opposition ont commencé par… ne pas parler du 17 novembre. La mobilisation s’amplifiant et changeant de nature (les appels s’élargissent à la défense du pouvoir d’achat en général) ils ont révisé leur position dans l’espoir de ne pas passer à côté d’un grand mouvement social.

Au départ, à La France insoumise, on « ne se voyait pas défiler avec Marine Le Pen ». Depuis, Jean-Luc Mélenchon a souhaité « le succès de la mobilisation » de samedi, sans toutefois lancer d’appel au nom de son parti.

Tout en approuvant le principe de la fiscalité écologique, le PS dénonce les choix du gouvernement et a annulé son conseil national ainsi que l’inauguration de ses nouveaux locaux à Ivry (Val-de-Marne) prévus samedi pour permettre à ses dirigeants « d’être aux côtés des Français qui se mobilisent pour leur pouvoir d’achat ».

Chez LR, Laurent Wauquiez a prévu de marcher dans son département de Haute-Loire, comme un paquet de dirigeants et élus de droite. « C’est leur droit, ils sont libres, nous soutenons ces mouvements spontanés », dit le porte-parolat de LR. Le parti a édité un tract intitulé « Stop au racket des automobilistes » à 1,4 million d’exemplaires. Mais il s’abstiendra de le distribuer le 17 pour ne pas donner l’impression d’une « récupération politique ».


Source (Extrait)


 

3 réflexions sur “Voyons voir !

  1. fanfan la rêveuse 15/11/2018 / 7h00

    Bonjour Michel,
    Que viennent faire les partis politiques dans ce rassemblement ? ! Au tout départ ceci est un mouvement de ras-le-bol de la population, sans aucune étiquette.
    Heu, soyons réaliste, depuis le temps que ces messieurs dames sont en politique ce sujet n’a jamais été leur préoccupation, y aurait il manipulation ? A chacun d’en juger…
    Bonne journée Michel !
    🙂

    • Libres jugements 15/11/2018 / 12h30

      Bonjour Françoise,

      Comme vous avez pu certainement le noter, je me suis bien gardé de me positionner sur les articles portant jugement sur le mouvement des gilets jaunes.
      Non pas que je méprise ce mouvement pas plus que ne l’encens, juste que le fait de revendiquer pour revendiquer, sans assumer un certain nombre de paramètres, sans pour autant proposer des solutions, sans entrevoir d’autres modes de gestion de l’énergie, en un mot se comporter comme assez récemment les bonnets rouges en Bretagne (le gouvernement de Hollande ayant cédé sur les fameux portiques taxant les transporteurs et la pollution qu’ils engendrent) n’est peut-être pas la solution car à la fin, la pollution reste, tout comme les taxes.
      Pour autant je n’ai aucune solution personnelle à proposer … d’autant que quoi qu’il soit dit, les industries pétrolifères continueront d’exister malgré la volonté d’interdire, de changer les modes de circulation, les mentalités … et aujourd’hui je ne vois pas de solutions pérennes.

      • fanfan la rêveuse 15/11/2018 / 14h21

        Je vous comprends, je suis d’accord avec vous Michel, il n’y a pas de solution miracle, mais les actions de chacun, au quotidien, afin de soulager notre planète. Lorsque je vous dis que je me sens impuissante, hélas dans bien des domaines.

        Encore d’accord, la pollution reste et les taxes aussi, c’est bien là le problème !
        Plus le temps passe, plus je pense qu’il n’y a pas de réelle volonté de modifier les choses. l’argent menant le monde.
        Depuis le temps, pourquoi ne pas s’être pencher sur l’immense pollution des cargos, des avions, des industries, les taxes carbones ne servant pas à creuser le problème afin de trouver des solutions. Arrêtons de produire des bouteilles en plastique, revenons au verre, chassons les emballages plastiques et que dire de la surproduction, lorsqu’on sait, par exemple, que des immenses entrepôts sont plein à craquer de viande, stop aux pesticides, appliquons le covoiturage etc…
        Qui osera imposer cela ?

        Qu’est-ce-que l’écologie face au pouvoir et l’argent ? ! Bien peu de chose…
        Pourtant, nous serons tous impacter, tôt ou tard par l’asphyxie de notre planète, foyer modeste comme dirigeants et quelque soit le pays…
        Comme l’Homme est bête !!

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