Santé : demain mieux ou plus mal ?

La ministre de la santé Agnès Buzyn dévoile plusieurs mesures phares de la grande réforme qu’elle présente ce mardi matin.

Voyons les textes et les actions qui en découleront avant de juger d’emblée, mais pour le moment constatons que nous sommes dans l’annonce et bien évidemment, si la situation est grave, c’est la faute à ses prédécesseurs depuis longtemps. Aussi en période de restriction budgétaire que va-t-elle pouvoir réellement mettre en place. MC

Hôpitaux 

Je prends l’engagement de ne fermer aucune structure. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas d’évolution dans leur mission. Aujourd’hui, on a du mal à faire rimer proximité et qualité des soins. Notamment parce que l’on peine à recruter des professionnels dans certains secteurs. L’enjeu, pour que tous les Français accèdent à la même qualité de médecine, c’est de rendre attractifs les hôpitaux de proximité, d’en faire des hôpitaux d’excellence. Cela passe notamment par plus de coordination entre l’hôpital et les médecins de ville. Nous avons un objectif de labelliser 500 à 600 structures de proximité d’ici à 2022. Une expérimentation a lieu en Mayenne où des médecins généralistes suivent certains de leurs patients à l’hôpital. Cela crée du lien.

Médicaments.

Quand j’ai été nommée ministre, la formulation du Lévothyrox avait déjà changé, à la demande des autorités sanitaires françaises qui estimaient trop instable l’ancienne. Lorsque j’ai découvert dans la presse que des patients étaient en souffrance, j’ai obtenu de Merck qu’il remette sur le marché français des stocks d’ancienne formule. Mais voilà, le laboratoire va l’arrêter complètement. Nous ne pouvons obliger un industriel privé à fabriquer un produit dont il ne veut plus.

Vaccins obligatoires.

7 enfants sur 10 étaient déjà vaccinés, il s’agissait de passer à neuf sur dix pour protéger l’ensemble de la population. Ça se passe très bien : les pédiatres disent que ça a rassuré les parents de voir les pouvoirs publics se positionner clairement. Je ferai un bilan annuel en début d’année mais j’assume parfaitement cette mesure.

Psychiatrie.

J’hérite d’une situation malheureusement très dégradée, avec dans certains territoires des pratiques d’un autre âge. L’urgence, c’est la pédopsychiatrie. On manque parfois de lits. Dans des régions entières, il n’y a plus d’enseignements. Il faut relancer la machine à former de jeunes pédopsychiatres. On doit traiter très tôt ces pathologies car les patients décompensent entre 15 et 25 ans. Je souhaite que tous les généralistes, qui sont confrontés aux pathologies mentales dans leur quotidien, fassent un stage en psychiatrie, pendant leur internat. Il faut les aider à mieux les repérer.

Dépendance.

En France on externalise les personnes âgées dans des établissements loin des villes où parfois elles ne veulent pas aller. Ça m’est insupportable et notre société ne peut s’en satisfaire. J’ouvrirai dès le mois prochain une grande concertation citoyenne de 6 à 8 mois. Chacun pourra s’exprimer sur plusieurs questions : quel modèle de société voulons-nous, quelles structures, comment répondre aux envies des personnes âgées… Quand nous aurons collectivement pensé le vieillissement, défini notre modèle, il y aura une loi fin 2019, incluant un volet sur le financement de la dépendance.

Euthanasie.

Faut-il aller plus loin que la loi actuelle ? Que n’importe quel Français bien portant puisse dire « je veux mourir » et « je demande qu’on puisse m’euthanasier » ? Ça, c’est la loi belge. Mais, on constate des dérives. On aboutit à des euthanasies pour certains malades dépressifs mal soignés par exemple, alors qu’ils pourraient bénéficier de prises en charge de qualité. Je ne clos pas le débat. Je connais des gens en situation de handicap très sévère qui ont souhaité mourir et je le respecte.

IVG

Questionnée sur les entraves à l’IVG, elle riposte aussitôt en annonçant un état des lieux des pratiques.


Entretien coordonné par Laurence Le Fur, Elsa Mari, Florence Méréo et Daniel Rosenweg – Le Parisien- Titre original : « Agnès Buzyn dévoile ses projets de réforme de la santé » – Source (extrait)


 

6 réflexions sur “Santé : demain mieux ou plus mal ?

  1. jjbey 19/09/2018 / 7h03

    Toujours les mêmes refrains et pour le Levothyrox la même rengaine. Alors pourquoi ne pas interdire la nouvelle formule puisse qu’on ne peut obliger un « industriel privé à fabriquer un produit dont il ne veut plus ».
    Que deviennent les patients qui n’acceptent pas cette nouvelle formule? On s’en fout ! Il ne reste plus qu’à nationaliser Merck et à le transformer en établissement public ce qui ne lui permettra pas de ne prendre en considération, que ses intérêts financiers.

    • tatchou92 26/09/2018 / 18h02

      il y a de nouvelles présentations importées d’Allemagne, fabriquées par SANOFI et HENNINGS, et aucun souci avec.
      J’en prends depuis près d’un an, mais il a fallu se battre. Aujourd’hui il n’y a plus de problèmes d’approvisionnement, c’est stabilisé, heureusement !

    • Libres jugements 20/09/2018 / 10h52

      Françoise bonjour,
      Dans tous les autres états du monde lorsque le service public a été remplacé par des établissements commerciaux de soins de santé, les services soient se sont dégradés pour ceux qui ne pouvaient payer soient se sont améliorés considérablement pour ceux qui avaient les moyens de satisfaire aux demandes des grands spécialistes.
      C’est bien cela le traitement égalitaire de l’offre de soins que nous allons perdre au travers du libéralisme forcené.
      Les différentes séries télévisuelles ne manquent pas de signaler le fait de demander si l’usager sollicitant un soin aura les moyens de payer avant de commencer tout examen.
      Personnellement je n’ai aucune confiance en cet avenir des services de soins à la personne et ne souhaite qu’une chose c’est qu’au minimum il reste en l’état actuel même si il y a bien des choses à dire c’est encore mieux que rien… ou tout confié à des entreprises libérales.
      Bonne journée à vous et aux vôtres
      Michel

      • fanfan la rêveuse 20/09/2018 / 19h19

        La santé au titre égalitaire, il y a déjà bien des années que cela n’est plus Michel… 1999, nous avons du mettre la main à la poche pour que notre fille soit prise en charge par le meilleur chirurgien à Paris…2018, rien n’a changé, je suis heurtée par des dépassements d’honoraires de centaines d’euro… certe, dans ce cas la mutuelle aide, mais qui finance la mutuelle ? ! Nous ! Alors forcément cela ne va pas aller en diminuant.
        Depuis la fin des années 90 il faut être riche pour être très bien soigné…
        Bonne soirée Michel 🙂

  2. tatchou92 26/09/2018 / 17h57

    Revenons aux principes fondateurs de la Sécu, et notamment à sa gestion par les assurés sociaux ! Dernières élections en 1982 !
    Maintenant lois de finances, qui vident les caisses, et prévoient des exonérations de cotisations patronales, et malheureusement aussi salariales sur les heures supplémentaires (ne vaudrait-il pas mieux recruter et augmenter les salaires ?).
    Nous n’aurons bientôt plus qu’une coquille vide, avec tous les déremboursements, si on laisse faire.
    Depuis la sortie du code de la Mutualité de 2005, les mutuelles font de l’assurance, et remboursent en fonction du panier de soins choisi.. alors les personnes âgées, les chômeurs, les smicards se passent de lunettes, de dents, de sonotones, de cures, différent les interventions.. et ils se font virer, s’ils coûtent plus qu’ils ne cotisent..

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